TOP DES ENTREPRISES Écosystème business : sans réseau, vous n’êtes rien L’avènement des écosystèmes multiplie les fertilisations croisées entre petites et grandes sociétés. Les contacts intensifs ont pour corollaire d’induire une métamorphose de ces deux types d’entreprises. « L’ avenir est à l’écosystème business », déclarait Marc Decorte dans sa première interview en tant que président de Beci, voici deux mois dans nos colonnes. « Je suis persuadé que nous évoluerons de plus en plus dans un tel écosystème, où les entreprises de toutes tailles ont un rôle à jouer. On le voit très bien dans le domaine de l’innovation, où elles ont de plus en plus besoin de collaborer. » Il y a 15 ans, Édouard Cambier, pionnier de l’écosystème belge, assistait à la mutation profonde du monde de l’entreprise à Bruxelles. De grandes organisations abandonnaient le centre-ville. À cette époque déjà, l’économie partagée avait bouleversé le monde musical. Il restait à savoir si les autres secteurs allaient suivre. Édouard Cambier y perçut un signal et acheta le business center Seed Factory à Bruxelles, pour le transformer en écosystème. « Ce bâtiment était occupé par quatre entreprises du secteur de la communication, je l’ai reconverti en un groupe média d’une trentaine de firmes. Je n’ai veillé qu’à une chose, dans cette initiative : la complémentarité. » Seed Factory organisait mensuellement des meet-ups – des mini-conférences auxquelles étaient aussi conviées de grandes entreprises telles qu’Accor Group et Sodexo. « C’est au terme d’une de ces réunions que Sodexo manifesta son intérêt pour un concept », se rappelle M. Cambier. « C’est devenu Bien-Être à la Carte. Nous avons créé, pour ce projet, un site web où les entreprises accédaient à une série de services axés sur le bien-être sur le lieu de travail. Il était difficile, dans les années 2000, de trouver des cadres féminins dynamiques âgés de 25 à 35 ans et pouvant faire état d’une formation approfondie. La société Unilever, par exemple, cherchait très activement de tels ‘young potentials’. Or, les candidats jetaient plutôt leur Peter Van Dyck dévolu sur des employeurs tels que Microsoft, IBM ou Yahoo. Les services proposés sur le site web devaient donc contribuer au confort de vie des collaborateurs d’Unilever. Caddy Home assurait notamment le service ‘emplettes’. » Bureau gratuit Il y a quatre ans, M. Cambier fit la connaissance, chez Seed Factory, de quatre gaillards de 22 ans. Ils avaient une bonne idée, mais rien dans le porte-monnaie. « Je leur ai proposé d’être leur corporate partner pendant un an, avec Seed Factory. J’ai mis gratuitement à leur disposition un bureau, une secrétaire, le wifi et des espaces de parking. » Le quatuor a développé Sortlist, très utile pour les entreprises qui n’ont guère de notions de marketing. Sortlist s’appuie sur un algorithme et met ces entreprises en relation avec un bureau de marketing qui leur propose du temps, des compétences et un tarif justifié. De quoi développer une solution sur mesure à leur problème. La formule a fait mouche. « Dans l’intervalle, ces garçons ont généré quelques millions d’euros et ils disposent à présent de bureaux à New York, Paris et Madrid », annonce Edouard Cambier, non sans fierté. Notre pionnier de l’écosystème planta en 2013 la semence de ce qui deviendrait Co.Station. La numérisation s’apprêtait alors à bouleverser le monde financier. Des banques telles que BNP Paribas Fortis et ING craignaient de se voir confrontées à de nouveaux concurrents : des entreprises fintech capables de combiner de manière novatrice technologie et services financiers, mais aussi des géants de l’internet tels que Facebook et Google. BNP Paribas Fortis considère aujourd’hui Co.Station comme une plate-forme qui prépare la banque à l’avenir. « Dans le temps, la banque développait tout par elle-même, alors qu’aujourd’hui, il existe davantage de volonté d’engager des partenariats avec des acteurs externes plus petits », BECI - Bruxelles métropole - janvier 2018 35 © Thinsktock
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