ENTREPRENDRE TRANSITION Parois végétalisées : ballons d’oxygène pour Bruxelles Le végétal prend de plus en plus ses marques dans des endroits comme des gratteciel, des ponts ou des centres commerciaux... Il y a là une belle piste d’envol pour des PME bruxelloises comme Plant Design. Johan Debière P our lutter contre la pollution atmosphérique, les autorités bruxelloises mettent en œuvre un faisceau de solutions : instauration d’une zone basses émissions dès 2018, abonnements gratuits aux transports en commun à la remise d’une plaque d’immatriculation (prime Bruxell’air), développement des axes de circulation dédiés au vélo, mais aussi maintien des espaces verts. À cette carte des parcs, il est possible d’ajouter celle des murs végétaux que l’on voit de plus en plus apparaître sur des façades, des parois ou même sur du mobilier urbain. Cet été, l’une de ces installations a été placée au Mont des Arts par la start-up berlinoise Green City Solutions, à la demande du cabinet de l’échevin de l’Environnement et des Espaces verts de Bruxelles-Ville. Le City Tree – c’est le nom du module – consistait en un banc adossé à une grande structure métallique où des plants de sedums étaient disposés. Au sommet du dispositif, une petite toiture afin de récupérer la pluie, et au pied de l’installation, nichée dans le banc, un réservoir d’eau pour alimenter automatiquement les plants de sedum. L’expérience, qui devait durer trois mois, a tourné court. Faute de précipitations, les plants ont séché. Et l’arrosage manuel est arrivé trop tard pour permettre aux végétaux de repartir. « En réalité, le sedum ne présente qu’une faible capacité à capter le CO2 . Sur ce plan, ce sont plutôt les montages avec une couverture feuillue plus importante qu’il faut privilégier », explique Aurélie Mertens chez Plant Design. La directrice de cette PME bruxelloise sait de quoi elle parle. Depuis plus de sept ans, Plant Design place des murs végétalisés durables qui nécessitent très peu d’entretien. « Les entreprises témoignent d’un intérêt tout particulier pour ces installations (…). Dockx nous a commandé près de 700 m² de surfaces végétales. Et au siège de Sibelga, c’est à-peuprès la même surface que nous avons déployée, dont 100 m² à l’intérieur du bâtiment et 600 m² exposés à la rue. » Les installations de Plant Design changent-elles le quotidien des personnes qui y sont exposées ? « Il est difficile de chiffrer précisément le potentiel de dépollution d’un tel dispositif, mais l’effet est réel. Sans compter la régulation de la température et de l’humidité, qui jouent un rôle essentiel dans le bien-être des occupants d’un espace, qu’il soit ou non public », explique Aurélie Mertens. Et la directrice de Plant Design d’évoquer les investigations d’une chercheuse française, qui a pu 48 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2017 Dockx a installé 700 m² de murs végétaux. établir que ces installations livrent leur plein potentiel lorsque l’air vicié est pulsé à travers un mur végétalisé1 . Les abribus verdurisés ? Dans un registre plus prospectif, Plant Design entend exploiter un projet d’habillage d’abribus initialement prévu pour le tram de la ville de Luxembourg. « Les designers du commanditaire ont décidé de ne pas retenir le projet, mais nous pouvons le transposer facilement au territoire bruxellois. De façon théorique, chaque abribus peut être équipé d’un système de collecte des eaux de pluie en toiture, avec un une pompe et un réservoir intégrés à la base de l’abribus. La surface disponible recouverte de plantes nous donnerait un potentiel bien plus important que celui du sedum utilisé par Green City Solutions », explique encore Aurélie Mertens. Un potentiel que la directrice de Plant Design estime à l’équivalent de 550 arbres. Mieux : en fonction des cartes de polluants qui sont désormais entre les mains des autorités, il serait pensable de recouvrir les abribus avec des plantes spécialement adaptées aux types de polluants habituellement retrouvés dans chaque zone. En gros, une telle installation coûterait 600 euros le m², soit entre 3 et 4.000 euros par abri avec un entretien annuel limité à 250 euros par abribus et par an. Suffisamment attractif pour attiser la curiosité des communes, mais aussi celle d’acteurs comme JC Decaux que l’on sait très attentif aux innovations durables. ● 1. www.theses.fr/18841035X © De Boer
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