TOPIC Pascal Smet : vers un « shift de mobilité » MOBILITÉ & LOGISTIQUE Seul un armement diversifié vaincra l’hydre de la mobilité bruxelloise. Le ministre bruxellois Pascal Smet déploie de multiples plans en la matière. Où en est leur concrétisation ? Interview par Peter Van Dyck Votre gouvernement a approuvé l’an passé le plan de rénovation des tunnels bruxellois. Par ailleurs, une étude déterminera après 2025 quels tunnels pourraient être fermés. Pourquoi investir aujourd’hui dans des tunnels qui disparaîtront peut-être d’ici dix ans ? De nombreux tunnels ont besoin d’une rénovation, quel que soit leur avenir à moyen ou long terme. Ceux qui veulent la fermeture des tunnels maintenant auraient dû investir dans des alternatives. C’est d’ailleurs ce que fait ce gouvernement : dans les dix ans à venir, nous allons investir 5,2 milliards dans une nouvelle ligne de métro, la prolongation des lignes de trams, de nouveaux bus... Nous sommes la seule région qui ne rogne pas sur ses transports en commun. Cette législature verra en outre la construction de 8000 places sur des parkings de dissuasion et de 80 km de pistes cyclables sécurisées. Nous stimulons aussi les autos partagées et le carpooling. Une fois le processus engagé, une étude définira quels tunnels sont encore réellement nécessaires. À propos de carpooling : vous avez proposé de réserver une bande des autoroutes vers Bruxelles aux véhicules qui transportent plusieurs personnes. Qu’allez-vous faire dans ce domaine ? Je proposerai une collaboration concrète lors de la prochaine concertation avec les ministres de la mobilité. La Febiac estime que les encombrements diminuent de 40 % lorsque 10 % des personnes partagent un véhicule pour se rendre à Bruxelles. Les carpool lanes constituent une bonne solution. Comment se passe la concertation au sein du Comité Exécutif des Ministres de la Mobilité ? Le CEMM crée une nouvelle dynamique, avec les quatre ministres de la mobilité qui se réunissent régulièrement. Nous nous accordons essentiellement sur les grandes options de gouvernance. Où en est la ligne de métro 3, la nouvelle jonction Nord-Sud ? La ligne 3 entre la Gare du Nord et Bordet prévoit sept nouvelles stations. La demande de permis du projet, introduite par Beliris, doit démontrer la faisabilité de l’intégration des stations de métro dans le tissu urbain. L’automne verra l’enquête publique pour la modification du Plan Régional d’Affectation du Sol sur le trajet Bordet-Albert. La construction souterraine prendra beaucoup de temps en raison de la technicité du projet. Les travaux en surface ne pourront débuter qu’en 2022 au plus tôt. Cela nous donne le temps de tenir compte des remarques. 30 BECI - Bruxelles métropole - septembre 2017 Peu de gens semblent au courant du réseau S, la partie ferroviaire du RER, qui dessert 30 stations. Comment améliorer la communication ? La communication, la visibilité et la lisibilité dans et autour des stations restent problématiques, mais concernent surtout mon collègue le ministre Bellot. Nous voulons collaborer étroitement, car le réseau S est crucial pour la mobilité bruxelloise. Nous allons organiser une campagne spécifique, avec M. Bellot. Vous parliez des parkings de dissuasion. Le plan de développement durable prévoit 25.000 places sur ces parkings en RBC et 25.000 autres en périphérie. Parviendrez-vous à convaincre les autres régions ? Mon gouvernement s’est engagé à réaliser 8.000 places Park+Ride à l’intérieur de la RBC. En ce qui concerne les parkings P+R aux abords de gares, hors de Bruxelles, la concertation est en cours avec le ministre Bellot. La région flamande mène actuellement une étude P+R pour la périphérie bruxelloise, en tenant compte de nos plans. Enfin, vous avez proposé de réduire la largeur de la E40 à hauteur de Reyers. Votre idée d’un boulevard urbain a suscité de vives réactions. Que répondez-vous ? Certains ont agité le spectre d’un ralentissement du trafic entrant. Or, aucun spécialiste indépendant du trafic ne prévoit une perte de capacité. Ben Weyts confirme qu’il n’y a pas d’impact négatif sur la E40 du côté flamand, étant donné que le trafic vers Bruxelles emprunte d’office un nombre réduit de bandes de circulation. Celles que nous prévoyons de supprimer ne sont donc pas indispensables. En revanche, la suppression du viaduc et la transformation en boulevard urbain permettront de faire revivre le quartier et de donner à chaque usager la place qui lui revient. Avant cela, terminons la rénovation des tunnels Reyers. ● © Reporters
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