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THINK TANK POUR OU CONTRE L’interdiction des sacs en plastique ? La directive européenne relative aux emballages impose de réduire la consommation des sacs légers. Le projet d’arrêté du Gouvernement bruxellois va plus loin et veut interdire la quasi-totalité des sacs en plastique. Une véritable avancée écologique, ou une mesure aux effets pervers ? Gaëlle Hoogsteyn Mohammed Ibrir, Responsable de l’environnement du marché aux Abattoirs Géraldine Verwilghen, Sustainability Advisor chez Comeos En 2008, suite au constat que le marché des Abattoirs produisait énormément de déchets (2.000 tonnes par an), nous avons lancé un grand programme de réduction de ceux-ci. L’interdiction des sacs en plastique est donc une suite logique à notre programme. Elle s’inscrit aussi dans notre politique de respect du quartier. Après chaque marché, le jardin de certains riverains ou les cours de récréation d’écoles étaient jonchés de sacs qui s’étaient envolés. Nous avons commencé par réduire la quantité de sacs distribués (notamment en supprimant le libre-service de ceux-ci). Grâce à une étude menée avec la commune de Saint-Gilles, nous savons que les clients continueraient à venir au marché même en cas d’interdiction totale des sacs en plastique. Depuis 2016, l’interdiction des sacs de caisses en plastique a donc été progressive, par catégories. Nous avons dû énormément communiquer avec certains marchands qui n’étaient pas d’accord avec ces nouvelles mesures. Nous avons rectifié le tir, écouté leurs besoins et mis en place des mesures pour les aider. Nous travaillons notamment sur les déchets d’emballage (par ex. les protections de chemises), que les marchands peuvent venir déposer gratuitement à un point de tri, ce qui les soulage en termes de déplacement des marchandises. Les marchands et les clients doivent changer leurs comportements. Le fait que nous nous soyons lancés dans cette aventure de notre propre chef leur permet de bénéficier d’une phase de transition avant l’interdiction totale en 2018. Heureusement, nous constatons que de plus en plus de personnes sont conscientes qu’une solution doit être trouvée pour réduire l’utilisation des sacs plastiques au maximum. Cela facilite la mise en œuvre des nouvelles mesures. Actuellement, nous sommes très satisfaits des résultats obtenus. J’espère que notre initiative poussera d’autres marchés à suivre notre élan et à implanter notre programme au sein de leurs propres marchés. Chez Comeos, nous poursuivons un objectif clair : créer un environnement dans lequel le commerce et les services belges peuvent conserver leur dynamique et continuer à se développer. Réduire le nombre de sacs plastiques, nous y sommes bien sûr favorables. Mais pour que cela se concrétise sans nuire aux commerçants ni aux clients, des exceptions sont nécessaires pour les produits pour lesquels il n’existe pas (encore) d’alternative valable d’un point de vue environnemental, logistique et économique. Je pense en particulier à la viande, au poisson et aux fruits et légumes. Ces catégories d’aliments sont humides ou susceptibles de couler ; il nous semble indispensable de les emballer dans un sac étanche pour des raisons d’hygiène afin d’éviter de souiller les sacs réutilisables. L’alternative en papier pose des problèmes d’étanchéité et de résistance à la déchirure, à moins d’y intégrer une couche de plastique, ce qui complique le recyclage. Une exemption permanente pour les sacs ultra fins visant à emballer ces aliments est donc nécessaire. Cette interdiction de tout sac plastique (quel qu’il soit) à usage unique implique l’utilisation de sacs réutilisables ou de sacs non étanches, ce qui augmente fortement le risque de formation de bactéries dans les sacs réutilisables que les consommateurs utilisent pour faire leurs courses. Nous nous voyons donc confrontés à un problème de sécurité alimentaire et de santé publique non négligeable. En outre, l’interdiction de ces sacs ultra légers contribuera certainement à une augmentation du pré-emballé et donc de la quantité totale d’emballages mise sur le marché (barquettes, films plastiques…). Une diminution des sacs plastiques oui, mais une interdiction totale n’est pas plus environnementale et ne sera possible que si de nouvelles alternatives voient le jour. BECI - Bruxelles métropole - juin 2017 7 © Thinkstock

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