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INTERNATIONAL BREXIT « Bruxelles et Londres restent complémentaires » Sur le terrain, le retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne sert aussi à conscientiser les partenaires économiques et, indirectement, à créer de nouvelles opportunités. Mounif Kilani, attaché économique et commercial de Bruxelles Invest & Export, basé à Londres, témoigne d’une situation paradoxale. Et pas forcément négative David Hainaut Bruxelles Métropole : Vous êtes en poste à Londres depuis l’automne dernier. Comment, depuis la capitale anglaise, perçoit-on ce fameux Brexit ? Mounif Kilani : S’il s’agit là d’un sujet récurrent, le paradoxe, c’est que je ne rencontre jamais personne qui soit... contre ! Cela suscite d’ailleurs chez moi un questionnement, même si, bien sûr, on sait que les facteurs du rejet varient selon les secteurs, les professions, la situation géographique et les tranches d’âge. Mais là où règne l’activité économique, le mot d’ordre général reste l’incertitude. En fait, les Anglais ont pensé au début qu’il s’agissait d’un petit moment difficile à passer, mais ils sont en train de se rendre compte qu’ils se sont imposé une situation de malaise, qui perdure. Très peu d’acteurs pensent d’ailleurs que les négociations aboutiront en mars 2019, comme prévu. C’est donc un sentiment étrange, mais chacun s’adapte au marché et, au final... les affaires continuent ! La complémentarité entre Bruxelles et Londres reste donc bien d’actualité ? À partir du moment où on considère que les gens subissent une situation qu’ils n’ont pas spécialement voulue, oui. Puisque nous restons des partenaires proches et que nous sommes loin de devenir des ennemis, voyons donc ce que nous pouvons faire ensemble. Sincèrement, à mes yeux, la complémentarité entre nos deux capitales subsiste plus que jamais ! On peut même estimer que cette situation, conflictuelle en apparence, survienne à point nommé pour éveiller la conscience de chacun. Mieux même, pour créer des opportunités. C’est d’ailleurs là que nous essayons d’agir. De quelle manière? D’abord, en rassurant chaque partenaire, tout en restant fiables et plausibles, et sans jamais promettre des choses qui n’existent pas. Puis, en continuant à miser sur nos forces. Outre la proximité géographique, nos deux villes restent appréciables pour leur multiculturalité et leur multilinguisme. Bruxelles reste forte dans de nombreux domaines : des services à la recherche et au développement, 12 BECI - Bruxelles métropole - juin 2017 en passant par le secteur médical ou dans le domaine des start-ups. Eh bien, sachons mettre cela en avant, en voyant ce qu’il y a lieu de faire. Quid, tout de même, des impacts négatifs pour les exportateurs bruxellois ? Mounif Kilani Quelle que soit la relation commerciale entre deux pays dans le monde, il y a toujours des difficultés qui résultent d’un changement de situation. Donc oui, à terme, il peut y avoir une baisse de la livre sterling, de nouvelles taxes imposées et le risque d’exporter moins, c’est un fait. Mais honnêtement, à moyen terme au moins, je ne vois pas la Grande-Bretagne perçue autrement qu’un partenaire comme la Suisse, qui n’est pas membre de l’UE et qui est à distance égale. N’oublions pas non plus qu’avant le Brexit, la Grande-Bretagne n’était déjà pas membre à 100 % de l’UE, si l’on considère des aspects tels que la zone Euro ou l’Espace Schengen. Actuellement, comment Bruxelles est-elle perçue depuis Londres? Ne soyons pas dupes, Bruxelles reste, dans les médias surtout, étroitement associée à l’Union Européenne et aux décisions de la Commission. Elle n’est donc pas toujours vue positivement. Mais comme vous l’aurez compris, sur le terrain, la réalité est assez différente. Je pense que nous avons un travail à faire autour de l’image de Bruxelles, comme ville, région et capitale de la Belgique. Ces dernières années, il me semble que certains efforts ont été consentis par les acteurs bruxellois, de BECI à Visit.Brussels, en passant par Bruxelles Invest & Export ou d’autres. Si Bruxelles, plutôt que d’éparpiller ses forces, continue à bien se coordonner, avec l’ensemble de ses interlocuteurs, cela la rendra toujours plus crédible, plus forte et plus sérieuse. En filigrane, cela aura des conséquences favorables sur la rentabilité et les coûts. Et là encore, ce sera porteur pour tout le monde. Je le répète, nous avons largement assez d’atouts pour envisager un avenir positif ! ● D.R.

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