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TOPIC L’épargne qui dort devient tout à coup plus simple d’obtenir des fonds complémentaires auprès de la banque. On remarquera au passage que des institutions bancaires telles que la KBC, BNP Paribas et ING ont pris le train du crowdfunding en marche. Depuis le 1er février dernier, une toute nouvelle loi impose à toute personne qui souhaite élaborer une plateforme de financement participatif, d’obtenir préalablement une licence auprès de l’Autorité des Services et Marchés Financiers (FSMA). « Mais quand une banque prend l’initiative d’organiser du crowdfunding, cette licence distincte est superflue », constate Wien De Geyter, secrétaire générale de Febelfin, la fédération du secteur financier belge. « Les entreprises saines doivent disposer de suffisamment de capital à risque. Si les opérations de financement participatif peuvent y contribuer, c’est tout bénéfice pour l’économie. » L’investisseur qui s’engage dans l’equity-based crowdfunding bénéficie d’un avantage fiscal. Le prêt participatif est exonéré de précompte mobilier sur les intérêts des prêts ; des incitants qui ne manqueront pas d’accroître la popularité de ces formules. « Ce marché poursuivra sa croissance », prédit M. Verdbois. « Nous avons encore un peu de retard par rapport à des pays limitrophes tels que la France et les Pays-Bas. C’est imputable à la réglementation stricte en Belgique. » Le CEO de Look&Fin, M. Lévy Morelle, y voit aussi une dimension culturelle. « Nous sommes un peu plus conservateurs. Malgré cela, le crowdlending ouvrira de belles perspectives lorsque les PME comprendront qu’elles ne dépendent plus intégralement des banques pour leur croissance. » Croissance Febelfin relativise toutefois, en citant quelques chiffres. Wien De Geyter : « Les divers types de crowdfunding ont collecté ensemble 29,9 millions d’euros en 2016 – trois fois plus que l’année précédente. Cela peut sembler beaucoup, mais le baromètre du crédit de Febelfin évalue le financement bancaire à 136,7 milliards. Le factoring représente 62,8 milliards. L’émission de créances sur les marchés financiers atteint 58 milliards. On est là face à des montants d’un tout autre ordre. » Elle conclut avec prudence : « Celui qui investit dans le crowdfunding doit être conscient des risques. Dans le cas spécifique de start-ups, il faut se rendre compte que les banques refusent le financement en raison d’un Les investissements de particuliers n’ont aucune raison de se limiter au crowdfunding. Diverses initiatives ont tenté de mobiliser l’épargne des Belges au cours des années écoulées, en soutien à l’économie. Belfius Insurance a créé un think tank pour approfondir ce concept, mais l’initiative s’est éteinte à petit feu. Marc Weissberg, serial entrepreneur de son état, a évoqué la formule de bourses locales qui inciteraient les épargnants à investir. Même son de cloche au gouvernement fédéral, avec d’éventuels avantages fiscaux pour les épargnants. Jan Smets, le gouverneur de la Banque Nationale, suggère de mobiliser les 260 milliards d’euros qui dorment sur les livrets d’épargne des Belges au profit des investissements dans des travaux d’infrastructure, bien nécessaires. Il ne plaide pas forcément pour la suppression de l’avantage fiscal sur les livrets, mais envisage un système comparable pour ces investissements. Commentaire de Wien De Geyter, de Febelfin : « Je tiens à préciser que l’argent de l’épargne ne dort pas. Les banques l’utilisent pour stimuler l’économie en accordant des crédits aux ménages, aux entreprises et aux pouvoirs publics. Je ne vois pas d’inconvénient à réfléchir à une modification d’un régime fiscal avantageux, pour inciter le Belge à investir son épargne d’une autre manière. Mais nous soulignons l’importance de cette épargne, qui constitue une base solide pour nos banques. Une intervention trop brutale pourrait mettre en danger la stabilité de ces fondations. » risque estimé excessif. La loi instaure donc des balises pour ce genre de placements : il est possible d’investir maximum 5000 euros dans un projet. Il est en revanche judicieux d’investir de l’argent dans plusieurs projets, ce qui répartit le risque. » ● Les entreprises saines doivent disposer de suffisamment de capital à risque. Si les opérations de financement participatif peuvent y contribuer, c’est tout bénéfice pour l’économie. Wien De Geyter, secrétaire générale de Febelfin. 20 © R.A.

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