FINANCER L’ENTREPRISE Monter un financement : une aventure humaine En 2014, près de 9 PME belges sur 10 ayant introduit une demande de crédit bancaire l’ont obtenu, en totalité ou en majeure partie. Ceci nous place nettement au-dessus des 73 % de la moyenne européenne. La qualité du plan financier, la bonne santé de l’entreprise et le secteur d’activités sont évidemment des critères déterminants. Mais il semble également que les qualités humaines et la transparence jouent un rôle non négligeable dans le financement des entreprises. D’ après une étude de la Banque Centrale Européenne (BCE), 88 % des PME belges ont obtenu en 2014 la totalité ou une grande partie de leur demande de crédit, contre 73 % pour les entreprises européennes. Si l’accès au financement est relativement aisé pour les entreprises belges, toutes ne sont évidemment pas égales face à l’octroi d’un crédit. Les inégalités Le secteur semble être un facteur déterminant pour l’octroi des crédits. Géraldine Lantin est Senior Business Banking Expert chez Belfius. Chiffres à l’appui, elle dresse ce constat : « Il y a bien plus de faillites dans l’horeca, la construction et le commerce de détail que dans les autres secteurs. Selon une enquête menée par le spécialiste financier Graydon, le taux de survie à cinq ans des entreprises dans l’horeca est de 56 %. Au niveau des professions libérales, il est de 86 %. Dans l’industrie, on est à 75 %, et la moyenne nationale est de 66 %. Le métier principal du banquier est de gérer l’épargne de ses clients et de la transformer en crédit en bon père de famille. Il sera donc plus circonspect dans les projets concernant les secteurs à risques. Les entrepreneurs devront dès lors être d’autant plus convaincants dans ce type d’activités pour nous démontrer la qualité de leur projet et leur singularité. » L’âge de l’entreprise a également une influence certaine sur le taux de refus des crédits. Selon la BCE, celui-ci est deux fois plus élevé pour les entreprises ayant moins de cinq ans d’existence. Rien d’étonnant quand on sait que 30 % des entreprises belges ne vivent pas plus de cinq ans… 14 BECI - Bruxelles métropole - avril 2017 Julien Ide La taille de l’entreprise marque également la différence. Selon l’étude précitée de la BCE, les entreprises de 50 à 249 travailleurs ont essuyé en 2014 un taux de refus de 6 %, contre 3 % pour les entreprises dont l’effectif dépasse les 250 collaborateurs. Des résultats qui n’étonnent pas Géraldine Lantin : « Lorsqu’une entreprise est plus grande, elle bénéficie de plus d’expertise. Elle a déjà souvent passé le stade fatidique des cinq premières années et peut se prévaloir d’un historique de chiffres et diversifier ses sources de financement. Cela rassure en général les banques. » « Concepteurs de solutions » Diversifier les sources : telle est sans doute la clé pour réussir le montage d’un projet. De plus en plus, le banquier intervient à ce niveau comme un expert qui accompagne son client entrepreneur. Comme nous l’expliquait Damien Van Renterghem, CEO de KBC Brussels, il y a quelques mois, le banquier devient un « concepteur de solutions » : « Vis-à-vis des PME par exemple, si ne pouvons pas financer nous-mêmes la totalité de leurs projets, nous pouvons les conseiller et leur trouver le meilleur montage, qui pourra impliquer du cofinancement, du crowdfunding, des subsides régionaux, etc., loin d’une approche de crédit classique. » C’est ainsi que KBC Brussels a mis en place un tout nouveau département pour informer ses clients sur toutes les possibilités de subsides. « Par exemple, les investissements généraux peuvent être accompagnés de subsides allant de 5 à 30 % de l’investissement de départ. Pour les investissements spécifiques, cela peut monter jusqu’à © Thinkstock
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