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ENTREPRENDRE SELF-EMPLOYED CORNER Faillites en hausse : imprévisibles, vraiment ? Avis de tempête sur le front des faillites. IZEO livre en primeur les prévisions de novembre. Elles renforcent les craintes nées depuis la rentrée : chaque mois, les fermetures d’entreprises sont supérieures de 15 % à celles constatées en 2015. Bruxelles souffre le plus. Surtout dans l’horeca. C e n’est pas vraiment une surprise. Mais la rechute est brutale : on recense plus de 3.000 faillites en Belgique au cours des trois derniers mois. Depuis la rentrée, la croissance est à deux chiffres : +15,7 % en septembre, +18,8 % en octobre. Et selon des informations recueillies par IZEO1 , les chiffres de novembre devraient confirmer cette tendance inquiétante (même s’ils n’étaient pas encore définitifs au moment de clôturer cette édition). Les trois régions sont touchées. Mais c’est Bruxelles qui prend de plein fouet l’effet-retard d’un hiver troublé : attentats, niveau d’alerte, trafic paralysé. Sur le seul mois d’octobre, la hausse des faillites y a été de 66 %. Ceci s’explique surtout par les fermetures observées dans le secteur horeca où, c’est sûr, le décompte annuel sera supérieur au chiffre de 2015. Comment expliquer ce renversement de tendance ? Pouvait-il être évité ? Peut-on envisager un meilleur dépistage? Nous avons pris les devants en confrontant les avis de deux spécialistes : Eric Van den Broele, responsable du département recherche et développement chez Graydon, et Olivier Kahn, le coordinateur du Centre pour entreprises en difficulté. Voici leurs pistes de solutions… Le constat : cruel 4e trimestre Comment analyser la montée brutale des faillites ? Eric Van den Broele (Graydon) : L’année 2016 a semblé « normale » jusqu’à la mi-août. On s’orientait vers un maintien de la baisse structurelle observée depuis la crise des années 2011 à 2014. Mais le basculement s’est opéré en septembre. Désormais, la hausse des faillites est substantielle dans les trois régions. Même si, sur l’ensemble de l’année, on pourrait se situer malgré tout sous le niveau de 2015, les résultats du quatrième trimestre sont préoccupants. À Bruxelles, on peut parler d’un effet-retard ? Olivier Kahn (Centre bruxellois pour entreprises en difficulté) : Oui. Nous l’avions anticipé pour la rentrée, plutôt qu’en mai-juin. 1 Enquête Graydon 36 BECI - Bruxelles métropole - décembre 2016 Les entrepreneurs étaient à la corde au premier semestre, déjà. L’effet des attentats dramatiques du 22 mars s’est ajouté à des difficultés bien connues : le lockdown de novembre, suite aux attentats de Paris, et ces empoisonnants problèmes en plein cœur de Bruxelles. On connaît la musique : « J’ai un peu de trésorerie. Je tire dessus en gagnant du temps du côté de la TVA et, si nécessaire, auprès de mes fournisseurs. Puis, je relâche la tension durant les vacances… » Jusqu’au douloureux réveil de ce quatrième trimestre tant redouté. Le chiffre : 15% C’est l’augmentation du nombre de faillites en Belgique au cours des trois derniers mois. Les trois régions sont touchées, mais Bruxelles souffre davantage : +66 % de faillites sur le mois d’octobre – un chiffre « tiré » par l’horeca. Miguel Van Keirsbilck (IZEO) : Un drame suivi d’un autre… En Région bruxelloise, les circonstances exceptionnelles que nous avons vécues doivent appeler des mesures extraordinaires de soutien aux PME, et cela reste vrai aujourd’hui. Responsabilité partagée Les faillites augmentent donc. À qui la faute ? Olivier Kahn : Elle est partagée. D’un côté, le Fédéral dont la po© Reporters

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