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TOPIC COMMERCE INTERNATIONAL Échanges bruxello-néerlandais sur le textile circulaire Par l’entremise du réseau Enterprise Europe Network, une vingtaine de professionnels du textile à Bruxelles ont pu visiter, à Amsterdam et Enschede, des entreprises pionnières de l’économie circulaire appliquée aux vêtements. La révolution est en marche. U ne majorité des déchets de vêtements partent toujours à l’incinération, en dépit de taux de collecte et de tri qui s’améliorent chaque année. Quand seconde vie il y a, le scénario le plus probable, pour les vêtements encore en bon état, est une revente en seconde main ou, dans le cas contraire, un recyclage des fibres dans des applications non textiles, typiquement dans l’automobile (capitonnages) ou la construction (panneaux isolants). La troisième voie, celle d’un textile « circulaire », consiste à développer de nouveaux vêtements à partir de fils de coton, viscose ou polyester issus de fibres recyclées. Cette approche « textile2textile » reste pour l’heure embryonnaire, en dépit de progrès technologiques. Tant que le prix du coton reste bas, l’industrie de la mode, si ce n’est pour cultiver son image verte, n’a pas intérêt à trop bousculer ses habitudes. Il n’empêche que la mode « durable » intéresse un nombre croissant de créateurs, soucieux de se différencier en combinant esthétique, innovation sociale et environnementale. C’est le cas de la vingtaine de professionnels du textile bruxellois qui ont participé à une mission de deux jours sur ce thème aux Pays-Bas, sous la houlette d’Enterprise Europe Network, d’impulse.brussels et du Rijskdienst voor Ondernemend Nederland. Le pays veut se positionner à la pointe du textile circulaire en Europe. À cet égard, nos voisins du nord sont sur la même longueur d’ondes que la Région bruxelloise qui, en mars dernier, lançait son Programme Régional d’Economie Circulaire (PREC) en identifiant le textile parmi les principaux gisements exploitables. Outre les opportunités de « matchmaking » entre professionnels, le point culminant de la mission a été la visite de Frankenhuis, dans la région d’Enschede. Cette entreprise de plus d’un siècle est désormais spécialisée dans la transformation de ballots de vêtements usagés (principalement des jeans) en fibres de qualité pour une large palette d’applications. Même si ce n’est encore qu’une part minime de ses débouchés, la PME, co-dirigée par une Belge, commence à produire des fibres de denim recyclées qui sont filées pour recréer des vêtements (notamment via la marque Blue Loop). Des retours très concrets «Nous avons eu la démonstration qu’une alternative existe pour des créateurs de vêtements à la fois durables et abordables », expliquent Juliette Berguet et Liliane Malemo, les cofondatrices d’Oribany, une boutique de mode installée aux BECI - Bruxelles métropole - novembre 2016 27 La délégation bruxelloise en visite chez des pionniers néerlandais de l’économie circulaire dans le textile. Tanneurs, qui mise à 100 % sur l’upcycling. Elles ont carrément ramené une grosse bobine de fils de coton recyclé pour de nouvelles créations. « Et puis, c’est une belle opportunité de sortir de chez nous, de faire partie d’un réseau. » « Je retiens surtout l’importance de travailler en amont pour faire évoluer les mentalités, pour lutter contre les préjugés comme quoi le tissu recyclé serait de moindre qualité. Une entreprise comme Frankenhuis n’est pas attentiste, elle anticipe les besoins des designers », retient Benjamin d’Ieteren, conseiller en éco-conception au MAD Brussels (Mode and Design Center). « Cette mission me sert surtout à rassembler des éléments objectifs et scientifiques dans un secteur qui nécessite beaucoup de pédagogie. Cela me permet de semer des graines pour mon marketing », résume Marc Vanhoomissen, de la PME bruxelloise Veramtex, spécialisée dans le traitement de finition de vêtements (surtout professionnels). « Jusqu’à présent, les clients se souciaient peu que leurs vêtements soient durables, mais cela commence à changer. » « Après ces deux jours, je suis confortée dans l’idée qu’on peut boucler la boucle d’un textile circulaire à 100 %. Je reviens avec des pistes de partenariat très concrètes. Et en plus, j’ai bien avancé dans mon projet de m’implanter à Amsterdam, d’ici fin 2017 », se réjouit Anna Balez, fondatrice de la boutique de location de vêtements TaleMe. ● Olivier Fabes © R.A.

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