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ENTREPRENDRE Céder son entreprise : une opération humaine avant tout S’il reste primordial, lors de la cession de son entreprise, d’être bien accompagné sur un plan comptable, fiscal ou légal, l’aspect humain constitue lui aussi un facteur essentiel. David Hainaut I maginé début 2015, en vue d’aider des milliers d’entrepreneurs à vendre leur entreprise dans des conditions optimales, le Hub Transmission est, de l’aveu même de son coordinateur Erick Thiry, « un véritable succès, qui va bien au-delà de nos meilleures espérances ! ». Pour rappel, 40 000 entreprises bruxelloises devront être cédées dans les dix ans à venir. Mais ce phénomène s’anticipe, via le Hub Transmission notamment, pour parer à ses « effets collatéraux » qui peuvent être professionnels, familiaux, voire personnels. Yves Szmir (53 ans) qui, avec son frère, a cédé ses deux sociétés il y a six ans, en témoigne. « J’ai à l’époque vendu mes deux sociétés de services : l’une dans la réservation hôtelière, l’autre dans l’organisation de congrès professionnels. Elles fonctionnaient très bien, mais leur expansion m’a incité à les revendre. » Le nez dans le guidon, mais fort d’une longue expérience, Yves Szmir a luimême organisé la passation de pouvoir avec son repreneur : avocats, comptables et réviseurs d’entreprises l’ont parfaitement encadré. « Par contre », regrette-t-il, « sur un plan strictement humain, on n’était absolument pas préparés ! Ce ne fut pas simple à gérer ! » « Subitement, vous perdez un statut » En cédant, il y a une quinzaine d’années, sa boîte de communication à un groupe américain, Ariane Winckelmans a elle-même été confrontée à la transmission. Formatrice et coach, elle est aussi responsable en ressources humaines et œuvre, précisément, avec BECI dans l’accompagnement. Un sujet qu’elle maîtrise, forcément. « J’y suis d’autant plus sensible que l’humain, autour de cette problématique, a souvent été oublié. J’ai vu de nombreux cas de dépression, surtout chez les dirigeants de PME. Après une revente, il y a souvent une phase de deuil, qui peut être compliquée à vivre. Ces chefs travaillent parfois 80 heures par semaine et, du jour au lendemain, se retrouvent sans rien à faire, ni reconnaissance ! Subitement, vous perdez un statut. Le vide qui s’ensuit peut être difficile à supporter, raison pour laquelle il est impératif d’anticiper. » Sans surprise, la dépression, dans la transmission d’entreprises, touche davantage d’hommes que de femmes. « Pour beaucoup d’hommes, l’entreprise est souvent leur seul bébé, la forme de leur accomplissement. C’est moins le cas chez les femmes, bien qu’il faille éviter les généralités. » Ariane Winckelmans Un sujet de moins en moins tabou Si la cession d’une entreprise reste, auprès des plus anciens surtout, un thème encore délicat, les sociétés prennent aujourd’hui conscience de l’importance du facteur humain. « Les jeunes entrepreneurs sont dans une autre dynamique », confirme M. Szmir, « Et c’est tant mieux! Il faut pouvoir comprendre que vendre est une bonne chose : on se libère d’un poids, d’une pression, on peut se réinventer et on peut, dans certains cas, jouir d’une belle assise financière. Si l’entreprise est revendue dans de bonnes conditions, vous revoyez la vie différemment et vous pouvez réinventer de nouveaux projets ! » La transmission, longtemps considérée comme un « sujet-fardeau », pourrait bien, grâce à cette évolution des mentalités, se révéler précieuse pour la redynamisation économique. « Nous ne sommes qu’aux prémices de cette large prise de conscience », confirme Ariane Winckelmans. « L’accompagnement devrait donc avoir de beaux jours devant lui. De notre côté, nous allons continuer à bien cibler les entrepreneurs concernés, pour qu’ils puissent quitter leur société de la manière la plus saine et autonome possible ! » ● 22 septembre – Panel de discussion Destiné aux dirigeants d’entreprises souhaitant transférer leur société à moyen et à long termes, aux dirigeants voulant céder leur entreprise à leur(s) enfant(s) ou aux éventuels repreneurs Lieu : KBC Brussels – Av. du Port 2, 1080 Bruxelles, le 22/09 de 15h30 à 19h30. Info : Erick Thiry - eth@beci.be, 02 643 78 36 46 BECI - Bruxelles métropole - septembre 2016

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