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TOPIC DURABILITÉ Fermes urbaines : un potentiel qui augmente chaque année Les fermes urbaines étaient un phénomène hype il y a quelques années encore. C’est aujourd’hui devenu un véritable business, capable de nourrir une partie de plus en plus significative de la population. Et de remettre des personnes précarisées à l’emploi. Johan Debière O n connaît les fermes urbaines qui ont poussé à New-York. Les premières ont été aménagées sur les toits des immeubles par Ben Flanner en 2009. Cet entrepreneur visionnaire peut aujourd'hui s'enorgueillir d'atteindre à lui seul une surface cultivée totale de quelque 33.000 m2 (3,3 hectares, tout de même). Parmi les nombreuses autres exploitations qui sont apparues depuis à New-York, certaines ont décidé de pousser un peu plus loin la démarche. Comme le projet Gotham Greens qui privilégie quant à lui la culture hydroponique de différentes variétés de salades et d'herbes aromatiques, et qui a travaillé à l’élaboration d’un réseau de distribution dans une trentaine de supérettes. Il livre aussi des restaurants à travers le service Fresh Direct. Un rendement multiplié par cent Le mouvement s'est depuis étendu à d'autres grandes villes. On pense notamment à Singapour qui a vu naître Comcrop. Ou à Tokyo et l'étonnante ferme de Shigeharu Shimamura. « Comcrop est une ferme urbaine de 6.000 m² logée sur un toit du centre-ville. C’est l’une des premières fermes de Singapour qui utilise l’aquaponie, un mélange d’aquaculture verticale et d’hydroponie », nous a confié Allam Lim, co-fondateur de Comcrop, depuis Singapour. Une technique que le scientifique japonais Shigeharu Shimamura a également utilisée au Japon en portant la verticalité jusqu'à son paroxysme. Installée dans un bâtiment déserté par le fabricant de semi-conducteurs Sony Sendai, avec l'aide des subsides du ministère japonais de l'économie, sa ferme a été conçue comme une superposition de vastes plateaux éclairés par des rampes de LED, le tout sur pas moins de 15 niveaux. Chaque jour, la ferme pensée par le scientifique peut ainsi produire jusqu'à 10.000 laitues. Si l'on considère la surface occupée (près de 8.000 m², pour une empreinte au sol réduite à 2.300 m² seulement), sa ferme affiche des rendements étonnants, jusqu'à cent fois supérieurs à ceux d'une exploitation classique en pleine terre. Selon les estimations de General Electric, partenaire technique du projet, cette ferme verticale génère un chiffre d'affaires annuel de 300 millions de yens (2,5 millions d'euros). Récupérer la chaleur des frigos La petite Belgique n'a pas à rougir de sa position. C'est en effet chez nous, et en particulier à Bruxelles, que sont nés les projets qui semblent les mieux pensés et les mieux charpentés. Notamment celui de la ferme Une ferme urbaine a pris possession des toits du Foodmet, à Anderlecht. urbaine aménagée sur le toit du Foodmet, déjà évoquée dans ces colonnes. Depuis, beaucoup d'eau a encore coulé sous les ponts. Comme l’expliquait en 2014 Eric Haubruge, Président du comité de pilotage du projet Verdir et premier vice-recteur de l'ULg, à notre confrère Valentin Dauchot, « la culture nécessite d'importantes quantités d'énergie et, à tout le moins, de chaleur. Or, dans les villes, cette chaleur peut facilement être récupérée au-dessus de certains bâtiments, en particulier ceux qui abritent des data centers. Ou qui ont à évacuer la chaleur produite par différents process. » Cette logique de boucle est précisément celle qu'a choisie Big à Bruxelles : « Nous allons chauffer nos serres en récupérant la chaleur dégagée par les groupes frigorifiques des bouchers qui sont installés juste en-dessous », explique Mathieu Bonin. Le projet poursuivi par Big s'appuie à la fois sur la production de poisson, sur celle de micro-pommes de terre et de « micro-greens » (herbes aromatiques très prisées des restaurants étoilés). « 400.000 unités de micro-greens vont être produites chaque année, ainsi que 300.000 micro-pommes de terre. » Quand on sait que celles-ci peuvent être vendues 40 à 50 centimes pièce aux restaurateurs, le jeu en vaut donc la chandelle. On comprend mieux la facilité avec laquelle Big a réussi tout récemment à lever 4 millions d’euros... ● Info : Laura Rebreanu 02 643 78 26 green@beci.be BECI - Bruxelles métropole - juin 2016 39

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