INTERNATIONAL Panorama de l’immobilier à Shanghai En avril, BECI a pris part au voyage d’étude de l’Executive Master en Immobilier à Shanghai, encadré par la représentation belge – Mattias Debroyer, délégué économique et commercial pour Brussels Invest & Export, et son équipe. L’occasion de découvrir la ville sous l’angle d’une de ses activités les plus trépidantes : l’immobilier. L’occasion aussi d’échanges instructifs avec des acteurs locaux et internationaux, comme avec des entrepreneurs belges partis à la conquête de cette ville tentaculaire de 24 millions d’habitants. Lise Nakhlé, Conseillère Urbanisme/Immobilier BECI L a Shanghai Tower – 128 étages de verre et d’acier – est la seconde tour la plus haute du monde après le Burj Khalifa de Dubaï. Depuis l’observatoire, à 561 m de hauteur, on peut voir la rivière Huangpu et Puxi, le centre historique. Le long de la rive, le Bund, artère bordée d’édifices coloniaux ; entre les ponts Nanpu et Lupu, le site de l’Expo Universelle 2010 ; à l’est du fleuve, Pudong et ses gratte-ciel ont vu un développement fulgurant. Le modeste port, dopé au 19e siècle par le commerce de l’opium, est devenu un centre financier puis industriel, avant de se profiler dans les années 90 comme un centre d’affaires et devenir la mégapole que l’on connaît. Même sur la maquette du Centre d'exposition de la planification urbaine, impossible d’embrasser la ville d’un regard : avec ses 5 000 tours, et 120 gratte-ciel de plus chaque année, la ville est en constante mutation. Des mutations rapides qui posent question : les tours sont-elles une nécessité au regard de la pression démographique et de la disponibilité foncière, ou une course au « toujours plus haut » ? Pour Daniel Safarik, représentant en Asie du Council of Tall Buildings and Urban Habitat, situé à l'Université Tongji, les tours sont une réponse aux défis de demain : elles permettent une densité verticale au profit d’un espace public horizontal, elles sont le moteur d’innovations techniques, elles offrent des capacités de résilience et de durabilité nécessaires aux ambitions de réduction de l’empreinte carbone. Des tours par milliers, et pourtant, une superficie de bureau étonnement comparable à celle de Bruxelles : environ 11 millions de m² à Shanghai contre 13 millions de m² bruxellois. Une rencontre avec Joe Zhou, Head of Research JLL Shanghai, éclaire ce paradoxe : un taux d'occupation des bureaux très bas et une forte décentralisation, compensée par une forte occupation du retail et du résidentiel, en constante expansion. Tendance confirmée par Cushman & Wakefield, qui focalise ses développements sur l’immobilier résidentiel de luxe avec services, tel que le projet The Springdale. La société financière et d’assurance Taiping Asset Management concentre également une partie de ses investissements dans un complexe de maisons de retraites, véritable ville dans la ville. Un investissement en ligne avec le profil de développement de la Chine : une classe moyenne émergente et une pyramide des âges dangereusement vieillissante. 20 BECI - Bruxelles métropole - juin 2016 Des opportunités pour les Belges ? Ces évolutions, associées à un dynamisme économique largement encouragé par l’État, classent Shanghai parmi les villes les plus compétitives du monde : son PIB, pointé à la 9e la 3e place en 2010, devrait passer à la 5e en 2030. La Chine a décidé d’opérer un changement qui aura certainement des conséquences sur l’économie mondiale (comme en témoignent de nouveaux acteurs tels que Xiaomi) : le made in China dans sa version low quality doit faire place à la qualité et à la durabilité. Une transition plus facile à opérer sur programme que dans la réalité, mais qui témoigne de cette volonté de répondre aux attentes de consommateurs de plus de plus exigeants. Une exigence de qualité qui devra également s’appliquer au secteur de la construction. Avec l’augmentation des prix des matériaux, de la main d’œuvre et de l’énergie, l’obsolescence rapide des bâtiments devient un vrai défi. Les entreprises belges, fortes de leur expertise, ont certainement une place à prendre, à l’instar du bureau d’architectes JDS, qui a conçu en périphérie le Hangzhou Gateway, un complexe de bureaux original. Des opportunités donc, mais non sans écueils : entre spéculation, tension politique et contrainte administrative, l’instabilité du système chinois reste un facteur de risque à mesurer avec prudence avant de plonger dans l’aventure shanghaienne. ● Info : Lise Nakhlé, lna@beci.be, 02 643 78 21. en 2020, et à R.A.
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