32

FOCUS PEOPLE MANAGEMENT L’exemple du sport : « Allier l’émotionnel et le rationnel » Président du Basic-Fit Brussels Basket, André Dekandelaer est occupé à faire rebondir la balle orange en Région bruxelloise. Ce vrai « clubman », ancien basketteur, veut démontrer qu’il est possible de combiner club d’élite performant et sport pour tous. Son expérience de chef d’entreprise n’est pas un luxe. Olivier Fabes V endredi soir 18 mars. Forest fait l’actualité pour des perquisitions dans le cadre des sombres affaires que l’on connaît. Quelques heures plus tard, à quelques hectomètres de là, un homme a le sourire. Il a réussi son pari d’organiser une grande fête du basket, attirant plus de 6.000 personnes – un record – à Forest National. Cet homme dévoué à son club du Brussels Basket, qu’il aide prudemment gravir les échelons depuis une quinzaine d’années, s’appelle André Dekandelaer. Dans les modestes installations de Neder-Over-Heembeek, il nous parle avec passion de ses ambitions et de la fertilisation croisée entre les mondes du sport et de l’entreprise. « Il y a trois, peut-être quatre clubs de basket professionnels en bonne santé en Belgique », déclare-t-il. Et Bruxelles a en effet connu son lot de faillites, entre Maccabi et autres Atomics. Appelé à la rescousse en 1998 par les dirigeants d’un Excelsior en mauvaise posture, cet homme d’affaires, ex-trader en matières premières, s’efforce avec patience de construire un club à la fois ambitieux et financièrement sain. « Mon ambition est de combiner sport d’élite et sport pour tous. Près de 500 jeunes passent par notre club. Il est important d’avoir une équipe professionnelle-phare à Bruxelles Bio express • À 18 ans, délégué des jeunes à l’Excelsior Basketball • Basketteur amateur jusqu’à l’âge de 30 ans • À 27 ans, président de l’Excelsior pour la première fois • Quitte le monde du basket pendant 10 ans pour raisons familiales • En 98, revient à la présidence du club, alors en provinciale • En 2013, accession à la Nationale 1 sous le nom de Basic-Fit Brussels Basketball • 18 mars 2016, plus de 6.000 spectateurs à Forest National pour Brussels-Charleroi • Jusqu’en 1998, administrateur délégué et coactionnaire de Jean Goldschmidt International (JGI) et de sa filiale liégeoise Hydrometal • Il revend ses parts suite au rachat par le groupe Prayon • Consultant et investisseur dans diverses jeunes entreprises 30 BECI - Bruxelles métropole - mai 2016 pour les attirer, pour motiver nos quelque 50 bénévoles, et puis parce que l’équipe de Nationale 1 reste un aboutissement pour un jeune. Ils rêvent tous de jouer un jour en NBA… » En tandem avec le coach sportif Serge Crevecoeur (diplômé en management de Solvay), il veut garantir la pérennité d’un club à l’étroit dans le complexe sportif de Neder-Over-Heembeek. « La capacité de la salle, plafonnée à 1.200 personnes, nous limite dans notre croissance », regrette André Dekandelaer, qui ne désespère pas de convaincre les politiques de l’intérêt d’une infrastructure de basket digne d’une capitale. « Cette année, on est obligés de supprimer quatre équipes de jeunes par manque de place… » Croissance lente L’homme fuit la folie des grandeurs. « D’abord sécuriser les financements avant de dépenser quoi que ce soit. Dans mon métier, j’ai toujours été un trader prudent, plutôt conservateur. Mon entreprise JGI a toujours réussi à rester bénéficiaire dans un secteur du commerce des matières premières très compliqué et volatil. Je procède de la même façon avec ce club, en privilégiant une croissance lente. » Ne lui parlez pas de notoriété personnelle. Son moteur, c’est juste l’attachement à ce club qu’il connaît depuis qu’il est gamin. « Le plus difficile dans ce genre de fonction est de gérer les émotions des gens. Les performances de l’équipe première (ndlr : 9 joueurs professionnels) déteignent énormément sur la motivation de nos 5 salariés et nos 50 bénévoles. Il faut être extrêmement attentif à relativiser les joies comme les déceptions. La relation humaine est primordiale, mais il faut y allier une approche rationnelle comme dans une entreprise. » Et inversement, qu’apporte cette expérience sportive au chef d’entreprise ? « Lorsque JGI a été intégrée en tant que PME au groupe Prayon, de nombreux collaborateurs ont connu un passage difficile sur le plan de la motivation. C’est là que l’attention pour l’élément émotionnel peut être utile. » ● R.A. R.A.

33 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication