De gauche à droite : Tim Peake (44 ans), Youri Malenchenko (54) et Tim Kopra (53), actuellement en orbite sur ISS et au sommet de leurs compétences. Les seniors au travail, coût ou valeur ? PEOPLE MANAGEMENT À peine 45 ans et déjà qualifié de « senior ». À quel âge un travailleur est-il vieux ? Pour les trois experts que nous avons interrogés, il n’y a pas de « vieux » travailleurs, mais des travailleurs en pleine force de l’âge et en pleine possession de compétences propres à leur parcours professionnel. Reste à l’entreprise à les valoriser au mieux. Gaëlle Hoogsteyn B onne nouvelle : les Belges vivent de plus en plus vieux – et en meilleure santé. Mais si la moyenne d’âge de la population augmente, celle des travailleurs aussi. En toute logique, la loi s’est adaptée à cette réalité démographique en reculant l’âge de la retraite – comme cela avait déjà été fait dans les pays nordiques. C’est donc acquis : nous allons tous devoir travailler plus longtemps pour accompagner et compenser les effets du vieillissement de la population et maintenir notre système de sécurité sociale. Mais selon le rapport publié par le réseau HR Square, « retarder l’âge légal de la pension est insuffisant. Le véritable enjeu est de révolutionner le sens et l’organisation du travail, d’investir davantage dans le capital humain et de mettre l'accent sur l'activation des individus, à tout âge ». Les responsables des ressources humaines sont donc en première ligne. Et c’est en partie là que le bât blesse, affirme HR Square : « Jusqu’ici, les entreprises ont été peu proactives face à la question de l’allongement des carrières et particulièrement frileuses dans la mobilisation des talents dont disposent les travailleurs âgés. Elles n’ont par ailleurs pas été considérées comme parties prenantes par le gouvernement alors qu’elles sont chaque jour confrontées à ces problématiques. » Gisèle Maréchal 28 BECI - Bruxelles métropole - mai 2016 Sortir du prisme de l’âge Aujourd’hui, dès 45 ans, un travailleur est considéré comme ‘senior’. Pour Jean-Luc Louis, créateur du projet « 50’s at work », c’est une aberration. « À 45 ans, on est à peine au milieu de sa carrière. Il faut arrêter de discriminer les 45+ et sortir des clichés affirmant qu’ils seraient moins performants, réticents aux changements, plus lents, apprendraient moins vite… Si un travailleur est efficace à 30 ans, il l’est toujours à 45. Un travailleur senior sera peut-être moins ‘fougueux’ qu’un junior, mais il sera aussi plus expérimenté, plus posé, plus fidèle… Une bonne pyramide des âges est une pyramide où juniors et seniors se complètent harmonieusement et où le know-how peut se transmettre. » Gisèle Maréchal (SAM-Group), coach en développement des personnes et des organisations, abonde : « La valeur vient de la complémentarité des âges. Cela demande une culture d’entreprise et des processus de gestion des ressources humaines qui favorisent la complémentarité intergénérationnelle. Cela passe, par exemple, par la formation continue tout au long de la carrière. Cela passe aussi par une attention particulière à mettre en adéquation les besoins d’une fonction et les capacités du travailleur, quel que soit son âge. » Jean-Luc Louis Pour éviter de discriminer les travailleurs aînés et bénéficier de leur valeur, il faut donc sortir du prisme de R.A. R.A.
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