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THINK TANK POUR OU CONTRE La fusion des zones de police ? La fusion des zones de police est revenue dans le débat politique suite aux attentats de Paris – un moment douloureux qui empêche le développement d'arguments rationnels. Il n’empêche que tous les partis flamands demandent sa mise place. Alors, fausse bonne idée ou coordination efficace ? Adrien Dewez Els Ampe, Cheffe de groupe Open VLD au parlement bruxellois La fusion des zones de police de Bruxelles est une idée inscrite dans le programme de l'Open VLD depuis dix ans. Il ne s'agit pas, à l'inverse d'autres partis, d'une mesure qui a été lancée suite aux attentats de Paris. Toutes les personnes impliquées dans ces événements étaient connues et fichées par l'Ocam, ce qui démontre la qualité du travail de la police bruxelloise sur le terrain. Venir dire que la fusion des zones de police réglerait ce problème ou pallierait aux dysfonctionnements de Molenbeek – voire vouloir placer la zone sous tutelle fédérale –, c'est un mauvais timing et c’est de la politique politicienne. Le débat peut, par contre, se déplacer sur d'autres fronts. La gestion, par exemple, pour réaliser des économies d'échelle dans l'achat des voitures et du matériel ; l'organisation des bureaux et des secrétariats. Au niveau de la coordination, il faut pouvoir répondre de manière plus structurée à la criminalité supra-locale, au racket, aux activités criminelles qui, par nature, ne sont pas cantonnées à des frontières zonales. Les pompiers bruxellois sont les seuls en Belgique à avoir fusionné – tous les autres corps conservent une base locale – et peuvent servir d'exemple dans la réflexion sur la police. On oppose souvent la fusion des zones à la police de proximité, mais l'une n'empêche pas l'autre. Il s'agit d'une question de coordination ; rien ne s'oppose à placer des policiers dans les rues et installer une antenne dans chaque quartier afin d'assurer un service proche du citoyen. C’est ce que l'Open VLD défend. Je ne suis pas d'accord de lancer ce débat au lendemain des attentats de Paris, comme si ça pouvait régler le problème, sur une toile de fond communautaire. Cette discussion mérite mieux. Elle doit soulever des questions pertinentes de gestion, d'organisation et d'efficacité. Johan De Becker, Chef de corps de la zone BruxellesOuest La fusion des zones de police à Bruxelles est une idée qui revient souvent sur la table et je ne comprends pas son importance ni sa récurrence. Chacune des zones couvre un territoire d'environ 200.000 habitants. Si on les fusionne, nous obtenons une seul zone pour une population approximative de 1,1 million d'habitants. À l'échelle de la Belgique, cela reviendrait à créer en tout et pour tout 10 zones de police. Et je n'entends pas cette idée, ni en Flandre ni en Wallonie. La structure actuelle a été établie suite à la réforme de la police débutée en 1998, qui a tenu compte des spécificités de Bruxelles pour disposer en priorité d'une police de proximité. Les arguments avancés pour justifier une fusion sont le déplacement de la criminalité de zone en zone et l'efficacité financière. J'ai eu la chance de présider la conférence des chefs de corps en 2015. C'est une conférence qui se tient au moins chaque mois, ou bien dès qu'un événement le justifie, par exemple une manifestation. Elle nous permet de nous organiser efficacement entre les zones. Via une série de protocoles, nous nous coordonnons sous l'égide du Ministre-Président, compétent en la matière, tout en tenant compte des 19 réalités locales via les bourgmestres, les collèges et les conseils communaux. Par contre, la norme KUL qui définit le financement nécessaire à la police n'est pas respectée à Bruxelles, où nous vivons un sous-financement chronique. En tant que capitale de l'Europe et de la Belgique, nous comptons pas moins de 800 manifestations et 12 sommets européens par an. Il est temps que Bruxelles reçoive un financement à la mesure de ses responsabilités. Une étude commandée par le bourgmestre de Schaerbeek, Bernard Clerfayt, en 2011, démontre que nous disposons d'une structure plus efficace que d'autres métropoles pour une dotation fédérale proportionnellement moins importante. Un exemple : entre 2008 et 2014, la criminalité a augmenté de 3 % à Gand, diminué de 6 % à Anvers et, à Bruxelles, a chuté de 22 %. 6 BECI - Bruxelles métropole - mars 2016

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