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THINK TANK POUR OU CONTRE La réduction du temps de travail ? Réduire le temps de travail. Pour les uns, il s'agit de résoudre le problème du vieillissement des travailleurs, de transmettre des compétences et d'offrir des emplois à la jeune génération. Pour les autres, cela contribue plutôt à augmenter l'écart salarial avec les pays voisins et nuit à la compétitivité. Adrien Dewez Marc Goblet, Secrétaire général de la FGTB Nous proposons de réduire le temps de travail des salariés de 38 à 32 ou 30 h par semaine, sans perte de salaire et avec une embauche compensatoire. Il ne s'agit pas de faire porter le coût de la mesure par les entreprises, car nous pouvons réfléchir à un système de réduction des cotisations sociales. Et de partir de la réalité des entreprises et des travailleurs, notamment en ce qui concerne l'organisation du travail, la durée des carrières ou la pénibilité de certaines professions. Cette mesure offre des avantages : elle permet aux salariés âgés de rester plus longtemps au travail tout en adaptant leur horaire. Pour l'entreprise, c'est une opportunité de garder plus longtemps ces travailleurs afin qu'ils transmettent leurs savoirs et leurs compétences aux plus jeunes. Et de relever le taux d'emploi des travailleurs âgés entre 59 et 65 ans, tout en leur garantissant un maintien de revenu et la sécurité d'une pension décente. Le coût est nul pour l'entreprise. Une enveloppe de 2 milliards, à prendre sur les réductions de cotisations sociales existantes (de l'ordre de 14 milliards), entraîne, selon nos calculs, la création de 100.000 emplois. Des jobs qui peuvent, par exemple, être occupés par les plus jeunes. De plus, il est important d'assurer la formation des travailleurs, financée en partie par les entreprises et en collaboration avec les écoles et les Régions. J'ai le sentiment que nous pouvons contribuer à créer une société moins déstructurée en rendant confiance aux jeunes et aux travailleurs qui ont subi un licenciement. C'est par la réduction collective du temps de travail qu'on pourra combattre le chômage et créer des emplois durables et de qualité. Pour y arriver, il faut se mettre autour de la table avec les représentants des entreprises et ceux des travailleurs. Nous demandons un dialogue sérieux, sans tabou. Que la FEB nous rétorque « c'est idéologique » n'est pas une réponse de fond à notre proposition. Pieter Timmermans, Administrateur délégué de la FEB Réduire le temps de travail de manière générale et avec un maintien des salaires est une proposition qui va à l'encontre de la tendance actuelle. Le tax shift lancé par le gouvernement vise une baisse des charges patronales tout en maintenant les salaires nets. De cette façon, nous pouvons réduire notre handicap salarial avec nos partenaires commerciaux les plus importants : l'Allemagne, les Pays-Bas et la France. Alors que l’écart se creusait depuis les années 90, il est en train de se réduire : nous sommes passés de 16 % à 12-13 % en 2016. C'est positif mais ça demeure une différence importante. La proposition de Marc Goblet veut conserver les salaires tout en diminuant les heures de travail, soit augmenter le coût du travail au détriment de la compétitivité. C'est une proposition avant tout idéologique et qui ne date pas d'hier. Elle a déjà été lancée dans les années 80, sans succès. La France a lancé une mesure similaire il y a quelques années avec l’introduction des 35 h ; aujourd'hui, ce pays connaît un réel problème de compétitivité et compense par de nombreuses heures supplémentaires. La mesure veut aussi apporter une solution aux problèmes de stress et de burn-out, mais – les études le démontrent – l’entreprise n’est pas la cause unique de ces problèmes, également corrélés à la vie privée. Il existe en Belgique pas moins de 24 mesures différentes liées à des diminutions de travail. Des dispositions spécifiques, individuelles, qui répondent à des besoins précis. Il faut développer de la flexibilité, pour la durée du travail par exemple, mais plutôt « sur mesure » que de façon générale, afin de répondre aux défis économiques. Il y a des solutions originales comme le compte-épargne temps pour les employés, qui leur permet de travailler plus à certains moments et moins à d’autres. Nous sommes partisans de ce type de systèmes, contemporains, qui répondent à des besoins particuliers, non de mesures idéologiques datant du siècle passé. 6 BECI - Bruxelles métropole - février 2016 Donnez-nous votre avis © Thinkstock

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