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SPEAKER’S LE MOIS POLITIQUE « RIEN-À-LA-VOITURE » ? Bruxelles a failli perdre sa place de « ville la plus embouteillée d’Europe », doublée par Londres. Heureusement, Bruxelles Mobilité a promptement réagi en fermant le tunnel Stéphanie ; qu’ils essaient donc de faire mieux, les Angliches ! | Pierre Chaudoir « Quand les événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs. » La citation, attribuée à Clémenceau1 serait digne de notre gouvernement bruxellois dans sa politique de mobilité. Le viaduc Reyers s’écroule ? C’est l’occasion de le remplacer par un boulevard urbain ! Les plafonds des tunnels Cinquantenaire et Léopold II s’effondrent ? Pas de budget pour les refaire, hélas. Boulevard urbain ! Remettons à la surface les égouts à voiture creusés dans les années 60 ; on respirera mieux ! Ajoutons-y les boulevards du centre transformés subito presto en Plus Grand Piétonnier du Monde, et pour le plan de circulation, l’accès aux parkings et aux commerces, on verra plus tard, ils s’adapteront, ‘faut avancer (tu parles…). Tout cela dans une ville dont les artères étaient déjà aussi bouchées que celles d’un mangeur de smoutebollen aux Plaisirs d’Hiver. Résultat, on l’a vu en janvier (avec ou sans neige) : une circulation coincée à mort – voire plus de circulation du tout par endroits. On ne perçoit même plus la différence avec un jour de grève des transports – encore un sale coup pour les syndicats ! Nous sommes bien d’accord : Bruxelles a sacrifié au « tout-à-la-voiture », qui d’ailleurs explique en partie sa congestion actuelle, et elle en porte les stigmates. 4 BECI - Bruxelles métropole - février 2016 Un peu moins de bagnole pour un peu plus d’humain dans l’espace urbain, c’est une idée louable. Est-ce une raison pour adopter aujourd’hui une forme de « rienà-la-voiture » qui n’augure rien de meilleur que la doctrine précédente ? Surtout de cette façon-là, dans l’improvisation la plus totale et sans y mettre les moyens ? Juste un petit exemple : nous devons être une des dernières villes d’Europe sans affichage dynamique des parkings disponibles… Et pendant ce temps, côté transports publics ? Tramifier la ligne 71 ? Oui mais finalement non, de flèche is af, on va plutôt piétonniser la chaussée d’Ixelles. Pour le tram, le trolleybus ou le téléphérique, on verra en 2029. Le métro nord ? En 2024 si tout va bien. Le métro sud ? Houlà mon ami, pas si vite… Et le Réseau Éternellement Retardé (dixit Pascal Smet) – pardon, le « réseau S » ? Imaginé dans les années 80 du siècle dernier, il avance à la vitesse d’une caricole. Le réseau est partiellement entré en service au mois de décembre, 30 ans plus tard… Un seul train par heure à la Gare de l’Ouest, le nouveau « nœud de communication » de la Région. Pas d’arrêt à Anderlecht (où le parking tout neuf reste tout vide). Pas d’intégration tarifaire. La SNCB nous avait pourtant bien fait rire avec sa campagne « fiers de nos files », qui proposait d’inscrire nos embouteillages au patrimoine de l’humanité. Excellente idée marketing, qui aurait pu fonctionner, sauf que l’auteur est peu crédible. En fait, la SNCB cache mal son manque d’intérêt pour la mobilité bruxelloise ; Jacqueline Galant à peine moins. Pendant ce temps, les Bruxellois et les navetteurs tentent de s’adapter, avec fatalisme. On voit les uns, levés aux aurores, se raser ou boire le café dans leur voiture pour gagner un peu de temps ; les autres s’improviser « pousseurs » pour gagner leur place dans la rame de métro. Une idée ? Avancer très vite dans la mise au point du tapis volant, de la téléportation ou de l’hoverboard. Petit trémolo pour les nantis : Airbus travaille avec Uber sur une plateforme de réservation d’hélicoptère et un prototype de drone individuel existe… Bruxelles va prendre une avance considérable sur Londres. Mouchés qu’ils sont, nos British. Boris Johnson KO, Yvan Mayeur OK ! ● 1 En fait, il l’avait pompée sur Cocteau. CORNER

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