ENTREPRENDRE Quel potentiel fluvial à Bruxelles ? Sous-exploitée ? Certainement, mais aujourd’hui la voie d’eau de Bruxelles permet d’ores et déjà d’éviter la circulation de 625.000 poids lourds par an et donc de diminuer de 97.000 tonnes les émissions de CO2 L es 14 km de canal bruxellois sont gérés par le Port de Bruxelles, dont les berges accueillent de nombreuses entreprises qui profitent de la voie navigable pour développer leurs activités. Utiliser le canal est d’ailleurs devenu une obligation pour toute entreprise s’installant sur un terrain appartenant au Port, qui leur offre un accompagnement par son expert en transport1 . Ces entreprises sont bien sûr intéressées par l’intensification du transport de déchets par voie d’eau, mais elles sont unanimes sur la nécessité d’une profonde réflexion, comme l’explique Philippe Van Den Brande (Suez). Le centre de tri de Suez utilise le canal pour acheminer 200 kT/an de verre d’emballage et 700 conteneurs de balles de papier, représentant 75 % du volume du site. Les 66 000 t/an de mâchefers de l’incinérateur sont également évacués par cette voie. Grâce quoi l’impact CO2 de leur transport a été divisé par 4. Philippe Van de Brande, directeur de la zone Bruxelles, énonce les impacts positifs de l’utilisation du canal mais également ses limites actuelles. Créer un climat propice Le bilan est donc aujourd’hui mitigé, mais le privé et le public veulent travailler ensemble pour créer un climat propice au développement de ce type de transport sur le long terme. Créer un régime fiscal plus favorable au transport par voie d’eau, régi par un cadre légal plus précis et explicite, pourrait être une piste intéressante. Le vaste dossier de l’inclusion de clauses environnementales dans les marchés publics pourrait également contribuer à une transition efficace. Le secteur privé devra lui aussi se coordonner et initier des synergies pour optimiser le transport et la gestion de ses flux de déchets afin d’augmenter les volumes transportés. L’utilisation des voies navigables doit être avantageuse sur l’ensemble du territoire belge, ou au moins dans une vision métropolitaine de Bruxelles. Au premier rang à gauche, Philippe Van Den Brande (Suez). De nombreux freins handicapent son développement, dont en premier lieu le coût (souvent plus important pour le transport fluvial). Lequel peut encore augmenter si les installations de traitement n’ont pas d’accès direct à l’eau, impliquant de coûteuses ruptures de charge. Voilà pourquoi le Port de Bruxelles et ses entreprises plaident pour la préservation des zones portuaires (ZAPT) à bord de voie d’eau. De plus, une mauvaise connaissance du cadre juridique, parfois peu clair, encadrant ce transport ainsi qu’un manque de formation adéquate des différents acteurs installent un climat délicat pour les entreprises. 1 Chargé de mettre à disposition des entreprises les conseils et informations utiles à une optimalisation de leurs flux de marchandises via le transfert modal. Ir. Carl Verhamme - +32 473 93 19 84 - +32 9 282 90 26 - ir.carl. verhamme@catena-consult.com BECI - Bruxelles métropole - février 2016 Parallèlement, un travail hors Région bruxelloise doit être réalisé : l’utilisation des voies navigables doit être avantageuse sur l’ensemble du territoire belge, ou au moins dans une vision métropolitaine de Bruxelles. Que ce soit pour les entreprises ou les transporteurs, les frontières régionales n’ont que peu de sens. De plus, le manque d’espace à Bruxelles pour l’implantation d’unités de valorisation de déchets met en exergue la nécessité de (re) penser l’économie circulaire à une échelle plus large, qu’elle soit métropolitaine ou nord-ouest européenne. Certaines schizophrénies régionales concernant les plans d’aménagement de la zone du canal pourraient également constituer un frein de taille. D’un côté, la volonté est de travailler sur l’optimisation et le développement de la voie navigable, qui induit de favoriser la présence et le développement d’industries sur ses berges. D’un autre côté, de nombreux plans prévoient de transformer les terres industrielles en logements afin de répondre à l’explosion démographique bruxelloise. Quelle est la voie à choisir pour un développement bruxellois durable et cohérent ? Question ouverte. ● Info : Laurie Verheyen est conseillère Brussels Waste Network – lv@beci.be ; 02 210 01 75 ; www.brusselswastenetwork.eu en ville ! Dans le futur, elle pourrait accueillir 25 % de trafic supplémentaire. De quel type, comment et à quel prix ? Laurie Verheyen, BECI 41
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