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SPEAKER’S LE MOIS POLITIQUE IL EST TEMPS D’APPRENDRE À NAGER « Avec toutes leurs fusées, ils vont finir par détraquer la météo », disait ma grand-mère, à qui, avec le recul, on ne peut pas donner tout-à-fait tort. Heureusement, nous avons un accord ! | Pierre Chaudoir Ouf, on respire mieux ! À la Cop 21, le mois dernier, les grands de ce monde sont parvenus à un accord pour sauver le climat, quelque part entre 1,5 et 2 °C – le Diable se cache dans les décigrades. La cause de la planète a donc fait un grand pas en avant, comme à Rio (1992), Kyoto (1997), Johannesburg (2002), Rio encore (2012), où l’on était chaque fois parvenu à signer un papier. Il n’y a plus qu’à ratifier. Les petits Belges aussi, de leur côté, sont parvenus in extremis à un « accoreke » qui sauve davantage la face que le climat, pour répartir entre eux l’effort de réduction des gaz à effet de serre. Apparemment, il serait un peu plus solide que les trois ou quatre « quasi-accords » pré-conclus depuis un an. Il n’y a plus qu’à ratifier. Cela aura du moins permis à nos excellences de se rendre à Paris, en conservant leur dignité, mais ne nous aura pas évité le « Prix Fossile » décerné par les ONG environnementales (partagé avec la Nouvelle-Zélande, tout de même). Cela étant dit, M. Patate alias Charles Michel a fait un premier discours sans connaître le scénario final. Un grand numéro d’improvisation, donc. Notez que… D’un point de vue bruxellois, le réchauffement climatique pourrait avoir des avantages. Si l’eau monte suffisamment, le Grand Piétonnier d’Yvan 4 BECI - Bruxelles métropole - janvier 2016 Mayeur pourrait être illico converti en Grand Canal, avec gondoles et vaporetto pour faire plaisir à Pascal Smet. VisitBrussels n’y avait même pas pensé !Les amoureux de la Senne à ciel ouvert retrouveraient une voie d’eau dans la ville – et même plusieurs. Ce serait Bruxelles-lesBains tous les jours, et Pic Nic the Street au bord de l’eau ! Par contre, il faudrait sans doute trouver une petite place pour les réfugiés climatiques de Knokke-leZoute. Sans oublier l’aubaine économique pour le Port de Bruxelles, qui pourrait accueillir des super-tankers et enfoncer Anvers (qui aura d’ailleurs coulé) ! Ah non, on a justement décidé de réduire la consommation d’énergies fossiles ; plus de super-tankers… Bon, eh bien imaginons que les paquebots de la Costa Concordia pourraient s’amarrer à la Grand-Place, alors ? Bruxelles redevient la Bruxelles Joyeuse, le nirvana de La Croisière s’amuse. Zinneke Parade tous les midis, Ommegang tous les soirs. Roller parade en fin d’après-midi. Un vrai parc d’attractions. Plus concrètement, en vertu de l’accord belgo-belge-wallo-flamando-bruxellois, Bruxelles devra réduire ses émissions de 8,8 % d’ici 2020. C’est dans quatre ans. Comment faire ? On songe bien sûr à nos légendaires bouchons, où le CO2 est émis avec prodigalité mais en pure perte. Encourager les changements d’habitude, la voiture électrique, le le télétravail, le vélo… Et interdire les barbecues, comme on y songe à Louvain ? Mais on sait aussi qu’en ville, c’est surtout le chauffage des bâtiments (et la perte énergétique) qui contribue aux émissions : il faudra encore rénover, isoler… À quand un (vrai) « facilitateur énergie » bruxellois pour aider nos entreprises, comme en Flandre et en Wallonie ? Au fait, dommage que la réforme fiscale bruxelloise concentre l’effort immobilier sur le bâti existant plutôt que le neuf… Et puis bien sûr, innover. Rapprocher les universités et hautes écoles des entreprises, favoriser la recherche, encourager les coopérations, les entrepreneurs sociétaux, développer les démarches citoyennes, déclencher dans chaque quartier une démarche collective… Bref, c’est au pied du mur que le maçon… voit le mur. Retroussons-nous les manches et cessons les effets de ces mêmes manches. Histoire de pouvoir refiler notre « Prix Fossile » à quelqu’un d’autre, la prochaine fois. ● covoiturage, CORNER

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