De Darwin à Steve Jobs Le corps humain est un excellent exemple de résilience. Les mammifères que nous sommes se paient le luxe d’être homéothermes, c’est-à-dire que notre corps conserve toujours la même température, en dépit des variations calorifiques du milieu ambiant. Toute perturbation significative de cet équilibre est le signe d’une mise en danger de l’organisme. Les cas de résilience issus de la nature sont innombrables. L’épaisse fourrure blanche de l’ours polaire le protège du froid et l’aide à se camoufler sur les étendues immaculées de la banquise. Dans leur longue évolution, les êtres vivants ont développé des qualités propices à leur survie. La résilience serait donc darwinienne… Alors pourquoi ne pas s’inspirer de la nature ? Et donc intégrer ce biométisme dans le business model des entreprises. Le sonar d’un bateau envoie des ultrasons afin de détecter des obstacles sous-marins. Mais le copyright de cet ingénieux système d’écholocalisation revient à Dame Nature puisque les cétacés utilisaient déjà ce principe bien avant que l’homo sapiens ne sache écrire. Un autre aspect intéressant de la résilience dans la nature concerne les écosystèmes. Par exemple, lorsqu’un incendie dévaste une forêt, celle-ci a la faculté de se régénérer grâce à des graines contenues dans le sol. La biodiversité est également une condition nécessaire de résilience. On sait par exemple à quel point la disparition d’une seule des 8 millions d’espèces vivantes comme les abeilles serait désastreuse pour l’écosystème terrien. On comprend ici mieux comment le concept de résilience intervient aux niveaux individuel et collectif, avec une forte interdépendance et une nécessité de diversité. Un nouveau paradigme des modèles économiques Il est très difficile d’identifier précisément les facteurs permettant d’améliorer la résilience d’une entreprise. Cependant, certaines tendances se dégagent et sembleraient applicables à la plupart d’entre elles. Si l’on admet que la résilience d’une entreprise dépend de la résilience professionnelle de ses employés, alors le capital humain est une clé de voûte de la résistance de l’organisation. L’épanouissement et la motivation dans le travail augmentent l’attachement et l’identification à l’organisation. En cas de crise de l’entreprise, l’employé « heureux » mettra plus d’énergie à résoudre des problèmes qu’un collègue désengagé. Il est donc essentiel que l’entreprise s’interroge Innovation et probabilité En matière de management, Google a bousculé les modèles établis en instaurant la règle des « 20% time », autorisant (théoriquement) les membres de son personnel à consacrer un cinquième de leur temps à des projets de leur cru – dans l’idée qu’il en sortirait des développements inattendus, potentiellement intéressants. C’est ainsi que seraient nés Gmail ou AdSense. Même s’il faut la relativiser (dans la réalité, les « 20 % » seraient peu utilisés, faute de… temps !), cette pratique s’inscrit parfaitement dans une démarche résiliente. On peut même tracer un parallèle avec la théorie darwinienne : la nature produit des mutations aléatoires, dont certaines se révèlent favorables à la survie et font évoluer l’espèce. Dans l’entreprise, ce sont les projets originaux, voire bizarres ou sans utilité immédiate qui, parfois, déboucheront sur de nouveaux produits ou services, voire changeront le modèle d’affaires de l’entreprise. C’est l’exemple de la photocopieuse : un brevet refusé par Kodak, qui n’y croyait pas, et qui fut racheté par Haloid (qui s’appelle aujourd’hui Xerox). E.R. « La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents », Boris Cyrulnik Événement de clôture de ResilieNtWEB : le programme est aujourd’hui terminé, mais les outils sont à disposition des entreprises. sur le bien-être de ses employés. La perte de sens est souvent invoquée comme un facteur affaiblissant de la résilience. Dans cette optique, il semble utile que l’organisation s’oriente vers le modèle d’entreprise libérée. Celui-ci prône le remplacement des structures pyramidales classiques par une organisation plus horizontale, dans laquelle les employés bénéficient de plus d’autonomie, de responsabilités et de liberté. Un second volet humain semble également important. Il concerne les interactions entre les collaborateurs. On touche ici à la communication interne. L’investissement dans les ressources humaines est donc également primordial pour la pérennité. L’implication de l’entreprise dans le développement durable serait également bénéfique pour la résilience. Si l’entreprise réduit sa consommation énergétique et utilise des énergies renouvelables, elle se rend plus indépendante en cas de pénurie tout en réduisant ses dépenses. Et indéniablement, l’entreprise améliore son image de marque. L’utilisation de matériaux écologiques et biodégradables permet également de mieux séduire la clientèle. Dans ce sens, on pense directement à l’économie circulaire, qui permet de réduire les coûts de fabrication et les déchets. Mais aussi aux économies collaborative et du partage, puisque celles-ci diminuent significativement l’impact carbone. n 13 - RAPPORT D’ACTIVITÉ 2016 | BECI
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