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THINK TANK POUR OU CONTRE La liaison des allocations d’insertion au diplôme ? Depuis le 1er septembre, les jeunes sans diplôme du secondaire ne peuvent plus Adrien Dewez Boris Dilliès, Député bruxellois, Échevin des Finances, de l'Économie, du Commerce et de la Jeunesse à Uccle (MR). Si on sort du dogmatisme, on peut se poser la question : est-ce que, aujourd'hui, la situation est satisfaisante ? Non. Si ça fonctionnait bien, ça se saurait. Un exemple ? On compte plus de 25 % de chômage chez les jeunes à Bruxelles et dans certaines parties du royaume. Il faut souligner que nous sommes le dernier pays à avoir conservé un système qui garantit des allocations d'insertion sans expérience professionnelle ni diplôme. L'OCDE, notamment, a recommandé à la Belgique de s'adapter et de créer des mesures incitatives pour que les jeunes décrochent un travail. L'idée de conditionner les allocations est de valoriser le diplôme ou la formation. Aujourd'hui, un jeune sans qualification va rencontrer d'énormes difficultés à trouver un emploi. Auparavant, le message que l'on envoyait à ces jeunes, c'était : « de toute façon, tu auras tes allocations ». Ce qui n'encourage pas à décrocher un emploi. Les mesures visent justement à éviter le fatalisme, à empêcher qu'une génération entière et les suivantes tombent dans l’assistanat. Si vous parlez avec des indépendants, des PME et des TPE, ils vous diront qu'ils font face à deux problèmes : les charges et la difficulté de trouver du personnel qualifié. Conditionner les allocations au diplôme va de pair avec d'autres mesures du gouvernement fédéral, et notamment la diminution des charges patronales et sociales. Il s'agit d’accorder l’offre et la demande : faciliter l'embauche pour les patrons et inciter les jeunes à décrocher un diplôme ou suivre une formation. Sans oublier qu'il existe des métiers en pénurie, qui n'attendent que du personnel formé. La mesure vise donc à arrêter l'engrenage de l'assistanat, à encourager et valoriser auprès des jeunes l'importance du diplôme et de la formation, tout en luttant contre l'échec scolaire ; c’est indispensable aujourd'hui, et particulièrement à Bruxelles. La mesure entend supprimer le droit aux allocations d’insertion pour les jeunes de moins de 21 ans qui n'ont ni diplôme, ni formation en alternance. À mes yeux, c’est une mesure à la fois idéologique et budgétaire. Idéologique, car la plupart de ces jeunes ont déjà un parcours semé d'échecs, de telle manière que, quels que soient leurs efforts, l'obtention d'un diplôme est beaucoup plus compliquée. Budgétaire aussi, parce qu’elle va surtout dégager 35 millions d'euros d'économies. À Bruxelles, ce ne sont pas moins de 1.500 personnes qui seront touchées. Le risque est grand que les jeunes Bruxellois visés par cette mesure ne s'inscrivent plus auprès d’Actiris et deviennent des « DENI » : des demandeurs d'emploi non identifiés. C’est contre-productif. Comme la mesure est passée relativement inaperçue, elle a, en outre, pris de court les organismes régionaux, qui n'ont pas eu les moyens de prévenir ce public. Je note aussi que cette disposition va clairement à l'encontre de la Garantie Jeunes, mise en place par le gouvernement bruxellois, qui s'est engagé à fournir soit un stage, soit une formation, soit un emploi à tous les jeunes, six mois après leur inscription chez Actiris. C'est fondamentalement une mesure régressive qui, additionnée aux autres dispositions du gouvernement fédéral, indique que nous sommes désormais dans une course à la moindre protection sociale. C’est un choix de société… Enfin, si les allocations sont désormais conditionnées à l’obtention d’un diplôme, on risque de mettre les enseignants dans une position inédite : celle de juger si un jeune peut bénéficier d’allocations sociales. Et d’assister à une sorte de « nivellement par le bas », certains enseignants accordant un diplôme afin d’assurer une protection sociale à un jeune fragilisé. La mesure ici présentée risque, non pas de motiver les jeunes, mais de les décourager et de les écarter durablement des structures d'aide à l’insertion socio-professionnelle. 6 BECI - Bruxelles métropole - décembre 2015 Donnez-nous votre avis Philippe Van Muylder, Secrétaire Général de la FGTB Bruxelles bénéficier des allocations d’insertion. Incitation à la formation ou injustice envers un public déjà fragilisé ? Deux avis bien tranchés.

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