TOPIC Les plans de délestage et les black-out souvent trop long (plusieurs heures). Nous avons adapté certaines de nos centrales thermiques de manière à ce qu’elles démarrent beaucoup plus rapidement, en 10 minutes maximum. Leur rendement est bien moins bon, mais elles peuvent être utilisées en cas de pic important et ainsi éviter une pénurie. Certaines sont d’ailleurs utilisées pour la réserve stratégique. » Il semble bien que les capacités de production hors frontières soient moins favorables cet hiver et que les centrales thermiques belges produiront plus que l’an dernier Philippe Massart (Sibelga). Et depuis quelques temps, de nouvelles alternatives ont été développées afin d’optimiser l’injection de l’électricité dans le réseau électrique belge. André Neugroschl nous éclaire : « Nous avons mis en place une plateforme de ‘trading’ de l’énergie électrique. Celle-ci nous permet de récupérer de l’électricité auprès d’auto-producteurs ou de consommateurs. Dans le premier cas, il s’agit par exemple d’industries qui produisent elles-mêmes leur énergie grâce à des centrales de cogénération. Mais l’électricité produite est parfois largement sous-exploitée. Nous pouvons alors leur racheter le surplus. Nous avons également installé des systèmes qui nous permettent de démarrer ces centrales à distance si le besoin est urgent. Dans le deuxième cas, chez les consommateurs, notre plateforme permet de réduire le régime de certains appareils afin de récupérer de l’électricité. Par exemple, avec une entreprise de produits surgelés, nous laissons la température des frigos remonter de quelques degrés pendant une durée limitée. Ceci n’altère pas la qualité des aliments et permet de belles économies énergétiques et financières. » Quand vient l’hiver Pendant l’hiver 2014-2015, la Belgique a dû constamment importer un tiers de ses besoins électriques. Philippe Massart, directeur de la communication chez Sibelga, nous donne son point de vue sur les causes de ce manque : « Tout d’abord, il faut bien sûr tenir compte de la mise à l’arrêt de certaines centrales nucléaires. De plus, certains producteurs n’ont pas fait tourner certaines centrales thermiques pour des questions de rentabilité. Il était plus intéressant pour eux d’acheter l’électricité hors frontières plutôt que de la produire en Belgique ». Selon Philippe Massart, c’est à ce niveau que se trouve un des nœuds du problème énergétique : « Il faut bien 40 BECI - Bruxelles métropole - décembre 2015 • Un black out énergétique survient accidentellement et n’est donc pas prévisible. Il peut se produire en cas de défaillance ou d’incident technique ou de mauvaise gestion de l’équilibre production/ consommation sur le réseau. • Un plan de délestage est une mesure prise par le gouvernement fédéral en cas de pénurie d’électricité. L’approvisionnement en électricité est alors coupé pendant les heures où la demande est la plus forte, c’est-à-dire entre 16 et 20 h les jours ouvrables. Une semaine avant la possible mise en place d’un plan de délestage, le risque est annoncé, invitant les entreprises et les citoyens à réduire leur consommation. Si les efforts fournis ne suffisent pas, le plan de délestage est alors annoncé dans les médias, au plus tard la veille de son activation, avant 19 h. Dans le nouveau plan de délestage proposé cette année par la ministre de l’Énergie Marie-Christine Marghem, les grandes villes du pays comme Bruxelles, Liège, Charleroi ou Anvers seront en grande partie épargnées. A Bruxelles, par exemple, seule une petite partie d’Uccle est concernée par un éventuel délestage. comprendre qu’aujourd’hui, l’énergie fait partie d’un marché à l’échelle européenne. Cela signifie qu’un fournisseur achète à un producteur, plus d’un an à l’avance, la majeure partie de l’électricité qui sera hypothétiquement consommée par ses clients. Le moment venu, le fournisseur devra acheter au cours du jour les quantités manquantes ou, le cas échéant, revendre le surplus sur ce même marché. Si l’on ajoute à ceci la limite des capacités techniques de transit sur les infrastructures de réseaux aux frontières, on comprend mieux la complexité de veiller à un approvisionnement stable du pays. Enfin, l’essentiel des centrales électriques du pays sont la propriété d’entreprises internationales qui disposent de moyens de production partout en Europe. Il leurs appartient de faire tourner ces moyens de production de la manière la plus profitable pour leurs actionnaires. » Mais Philippe Massart tempère le risque de pénurie en Belgique pour cet hiver : « Il semble bien que les capacités de production hors frontières soient moins favorables cet hiver et que les centrales thermiques belges produiront plus que l’an dernier ». Un deuxième argument devrait nous rassurer pour cette année : « Les hypothèses de calcul pour la couverture de l’approvisionnement du pays ne sont plus basées sur l’hiver 2010-2011, un des plus froids de l’histoire, mais sur les données météorologiques moyennes de ces dernières années. Cela change la donne. » Il semblerait donc que la production électrique au niveau national soit mieux assurée cet hiver. Parallèlement, le risque de pénurie associé aux statistiques climatiques est moins élevé. En conséquence, il ne devrait pas y avoir d’inquiétude particulière pour 2016. ● R.A.
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