TOPIC Lieve Paredis (Axa) De nombreux exemples d'actions existent : « Pour Partena, qui dispose d'un personnel sur de nombreux sites différents et parlant différentes langues, nous allons prévoir un site internet avec comme slogan ‘I change my...’ et huit rubriques : stress, mood, move, food, weight, drinking, smoking et sleep », explique Dirk De Clercq. « Les visites sur le site seront anonymes, l'employeur ne peut pas savoir qui regarde quoi et, si quelqu'un le souhaite, il peut recevoir un coaching personnalisé. Pour Randstad, où j’ai réalisé un projet similaire, nous avons d'ailleurs remarqué que le site était utilisé le plus souvent le dimanche soir. » Chez Axa, des actions similaires ont été menées, toujours dans un souci de confidentialité, détaille Lieve Paredis : « Via un partenaire, nous pouvons offrir une plateforme d'aide psychologique qui répond aux problèmes des employés et, éventuellement, les renvoyer vers un spécialiste. Totalement anonyme, elle permet par exemple de prévenir le burn-out. Cela peut aider des personnes qui ressentent un déséquilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle. Dans le cas d'un burn-out, il faut prévenir avant son arrivée, sinon c'est trop tard. » Pour Rony Baert, la loi impose de faire un diagnostic des risques et le mieux est de faire appel à un conseiller en prévention ; quelqu'un d'extérieur, de neutre, plus facilement accepté au sein de l'entreprise et par les syndicats. « Il ne faut pas non plus négliger l'entretien d'évaluation, qui est une occasion d'échange personnalisé, pour détecter des problèmes et valoriser une personne. Il faut prêter attention au sens donné à la fonction et à la responsabilisation du travailleur, diversifier les tâches et éviter la monotonie, ce qui diminuera la charge mentale liée à la fonction. Sans oublier d'offrir de la flexibilité, particulièrement avec les jeunes générations Y et Z. Cela change le paradigme, mais cela suppose aussi que l'entreprise fasse confiance au travailleur. » Prévenir pour être compétitif « Vous ne pourrez jamais me convaincre que la continuité d'une entreprise passe par les accidents », prévient Marie-Pierre Dawance. « Outre l’aspect humain, les coûts directs et indirects des dysfonctionnements justifient la nécessité de mener des actions. Et la prévention est corrélée à la compétitivité : selon l’Organisation Internationale du Travail, plus l’indice de compétitivité d’un pays est élevé, moins il y a d'accidents de travail. Au sein d'une entreprise, on remarque une relation directe entre la marge bénéficiaire et une politique de prévention forte. » Si une telle politique peut sembler de prime abord chronophage et coûteuse, plusieurs intervenants insistent sur les répercussions positives que sa mise en place peut engendrer : diminution des accidents et de l'absentéisme, augmentation de la productivité et même de la qualité des produits ou services donnés. Et, naturellement, cela joue sur l'image de l'entreprise à l'extérieur. Il faut prêter attention au sens donné à la fonction et à la responsabilisation du travailleur. Rony Baert (General Counsel Partena) Si la décision d'introduire une politique de prévention revient au management, son application a tendance à se diffuser ensuite chez les employés. L'étude de Wolters Kluwer révèle que 81 % des sondés avertissent leurs collègues qui ont un comportement dangereux. Et de préciser qu'« en les impliquant dans les analyses des risques et en leur donnant les bons outils pour détecter les situations dangereuses, les entreprises peuvent vraiment faire la différence ». À l'image de la ceinture de sécurité, devenue légalement obligatoire dans les années 70, et aujourd'hui parfaitement intégrée chez tous les automobilistes… Sans oublier les dégâts Si de nombreuses politiques de prévention peuvent sembler destinées uniquement aux grandes entreprises, la démarche ne doit pas être omise par les PME. « Une étude française a démontré que sept entreprises sur dix qui subissent un incendie disparaissent dans les trois ans. Elles négligent de prévoir un plan de redémarrage rapide ou d'avoir une assurance en perte d'exploitation. Sans oublier les frais liés à un accident grave et les conséquences de la désignation de l’entreprise comme un risque aggravé », conclut Marie-Pierre Dawance. À l'écoute de tous nos interlocuteurs, un plan de prévention des risques selon la nouvelle législation se révèle être une démarche d'analyse globale. Du poste de travail à la mobilité et à l'accessibilité, des relations managériales à celles entre collègues ou encore jusqu'aux risques liés à l'intégrité physique... Si le champ est vaste, cette réflexion peut offrir une image nouvelle du fonctionnement d'une société, quelle que soit sa taille, afin de détecter en amont des problèmes, jouer sur le bien-être et donc la productivité, l'engagement et la motivation. Un outil de croissance... qui concerne tout le monde. ● BECI - Bruxelles métropole - décembre 2015 27 R.A. R.A.
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