ENTREPRENDRE La parité dans les conseils d’administration : un plus indéniable La question reste sensible : fallait-il imposer des quotas pour promouvoir la présence de femmes dans les conseils d’administration d’entreprises belges ? « Une forme de discrimination », « un manque de profils adaptés aux fonctions », affirmaient certains lors de l’entrée en vigueur de la norme en Belgique, à la mi-2011. D’autant que la norme ne concerne pas toutes les entreprises, mais se focalise sur les sociétés cotées, les entreprises publiques autonomes comme Proximus ou bpost, et la Loterie nationale. YAB R appelons que la loi n’impose pas la parité absolue, mais se limite à une représentation de minimum 30 % d’administrateurs de sexe différent. Les entreprises concernées doivent également se montrer transparentes sur le sujet, en évoquant les « efforts » auxquels elles ont consenti pour atteindre l’objectif dans leurs déclarations de corporate governance. Précisons enfin que, dans les faits, l’obligation n’est pas encore concrète, puisque l’objectif d’un tiers ne doit être atteint que pour 2017 ou 2019, selon la taille de l’entreprise. L’émergence de grands formats Reste que, quatre ans après l’entrée en vigueur du texte, la majorité des administrateurs belges d’entreprises se montrent satisfaits des conséquences engendrées par la norme. C’est du moins ce qui ressort d’une étude de l’Université de Hasselt datant du début de l’année. Et de fait, ces cinq dernières années ont vu l’émergence de quelques solides formats féminins dans le paysage entrepreneurial belge. Il y a évidemment Dominique Leroy, qui a pris la tête de Proximus après de nombreux remous autour de son prédécesseur Didier Bellens. Et le bilan est des plus positifs, sa nomination ayant ramené la paix sociale au sein de l’entreprise, tandis que les rapports Selon une étude de la KUL, les performances financières des entreprises affichant une plus grande parité hommes-femmes seraient généralement meilleures. avec le politique sont nettement apaisés. Parmi les autres grands formats, il convient de noter Martine Durez et Françoise Masai, habituées des CA d’entreprises publiques autonomes comme la Banque Nationale ou bpost. Dans le privé, Françoise Chombar, patronne emblématique du groupe Melexis s’est imposée dans la sphère média flamande comme une voix qui compte, tandis qu’en Région wallonne, Muriel de Lathouwer a pris récemment les rênes du groupe d’audiovisuel EVS. Reste quelques mauvais élèves, comme les entreprises actives dans l’immobilier, dont plus de la moitié ne seraient pas encore en ordre selon des chiffres révélés au début de l’année. Effets visibles sur les performances Et pourtant, la promotion de la diversité semble n’apporter que du bon : selon une étude de la KU Leuven, les performances financières des entreprises affichant une plus grande parité hommes-femmes seraient généralement meilleures que celles des autres entreprises. La validité des chiffres rapportés serait également plus grande, ainsi que l’application des règles de corporate governance, la gestion de la communication interne et la préservation de la réputation de l’entreprise. Toujours selon cette étude, ces observations se vérifient tant au niveau des entreprises de l’indice Bel20 de la Bourse de Bruxelles, qu’au sein de plus petites entreprises cotées. Précisons encore que l’initiative belge, après des années de retard en la matière, a tant porté ses fruits qu’elle aurait attiré l’attention de pays voisins, à l’image de l’Allemagne, qui a elle aussi imposé des quotas de femmes dans les CA d’une centaine d’entreprises cotées à la fin de l’année dernière. ● BECI - Bruxelles métropole - novembre 2015 47
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