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L’ENTREPRISE AU 21e SIÈCLE La fin du salariat ? Pas vraiment… Le nombre d’indépendants a tendance à augmenter, à Bruxelles comme dans l’ensemble des régions « riches ». Est-ce pour autant que le salariat est menacé ? Aucune statistique actuelle ne permet de l’affirmer. Olivier Fabes 60 % des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. C’est du moins ce que prédit le cabinet américain Wagepoint, spécialisé dans les services en ressources humaines. Le chiffre a circulé dans pas mal de médias à la fin de cet été, et il apporte de l’eau au moulin de ceux qui anticipent un changement radical du monde du travail. Car la plupart de ces nouveaux métiers, dans le sillon des révolutions numériques, pourraient bien être exercés par des indépendants plutôt que par des salariés. Interviewé par le magazine Trends-Tendances en mai dernier, Denis Pennel, auteur1 et directeur général de la Confédération mondiale des agences d'intérim, est convaincu que le salariat a franchi son point culminant. Il y voit trois raisons fondamentales. Primo, la mutation de nos économies, de moins en moins manufacturières : « L'emploi standardisé sous la forme du salariat répondait à un besoin généré à l'époque par les processus de fabrication de produits standardisés de masse. Ce besoin est désormais dépassé et le contrat à durée indéterminée est devenu inadapté à la nouvelle réalité économique », déclarait-il à Trends2 . Deuzio, l’expert estime que les nouvelles technologies, en contribuant à la dématérialisation du travail, ne lient plus un travailleur à un lieu fixe et qu’elles annulent ainsi un autre fondement très « physique » du salariat, qui est d’organiser un travail collectif à un même endroit. Tertio, les garanties de stabilité de carrière longtemps associées au salariat sont en train de s’effriter. La crise économique, depuis 2008, a rappelé à beaucoup de salariés que la garantie d’emploi était toute relative. Dès lors, la tentation de prendre sa carrière en mains, en toute indépendance, est bien réelle. Cette vision d’un glissement d’un nombre croissant de travailleurs du salariat vers le statut d’indépendant est également soutenue par la médiatisation d’entreprises « disruptives » comme Uber ou AirBnB, qui créent de nouvelles catégories de travailleurs. Ou plus près de nous, par la 1 A publié une tribune «Vers la fin du salariat ?» dans l'ouvrage collectif Sociétal 2015, paru chez Eyrolles 2 Trends-Tendances, 14 mai 2015 croissance d’une organisation comme la Smart. À l’origine, cette « Société Mutualiste pour Artistes » avait pour objectif d’améliorer la couverture sociale d’artistes aux missions intermittentes, en facturant en leur nom tout en leur permettant de conserver des allocations de chômage. Désormais, cette sorte de secrétariat social pour « indépendants salariés » cible un public de plus en plus large, composé de journalistes, développeurs web, consultants ou jeunes travailleurs livreurs de repas à domicile. Pas tous des artistes, donc. En attendant de voir comment ces nouvelles catégories de travailleurs seront comptabilisées par les statisticiens, penchons-nous sur la réalité présente. Pour constater que le salariat est très loin d’être moribond. BECI - Bruxelles métropole - octobre 2015 19 Denis Pennel, directeur général de la Ciett. Le contrat à durée indéterminée est devenu inadapté à la nouvelle réalité économique. R.A.

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