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THINK TANK RESPONSABILITÉ SOCIALE D’ENTREPRISE The Shift, pour passer d’une RSE « philanthropique » à un « moteur d’innovation » Depuis mars, Kauri et Business & Society ont uni leurs destins dans The Shift et donné lieu à une nouvelle référence nationale sur le plan de la sensibilisation à la responsabilité sociétale des entreprises. Avec quelle mission ? Et comment la RSE survit-elle à la crise économique ? Propos recueillis par Olivier Fabes The Shift et sa petite équipe de cinq collaborateurs fixes s’est installée à l’Espace Jacqmotte, rue Haute, siège aussi de la Banque Triodos. Au cœur des Marolles, dans un quartier très « mixte » - à la fois populaire, trendy et dynamique - qui colle assez bien à ses valeurs d’engagement sociétal. En plus, c’est plus ou moins à mi-chemin des anciens bureaux de Business & Society, dans le très « patronal » immeuble de la FEB, et de Kauri, près de la gare du Midi. Une troisième organisation dédiée à la RSE, à savoir le chapitre belge de UN Global Compact, y a également établi son secrétariat général, en attendant une alliance plus formelle. Autant dire que c’est une sorte de « réseau des réseaux » en matière de RSE et plus largement de développement durable qu’animent Sabine Denis (ex-directrice de Business & Society) et David Leyssens (ex-directeur de Kauri). Interview croisée. Pourquoi ce mariage ? L’amour ou la raison ? Sabine Denis : Disons que nous nous fréquentions déjà depuis un petit temps, mais que nous avons voulu aller un pas plus loin en scellant notre union. Nous voulons tout simplement avoir plus d’impact en rapprochant des réseaux complémentaires : Kauri était plutôt axée PME et pouvoirs publics, alors que Business & Society rassemblait surtout des grandes entreprises. David Leyssens : Nous avons tous les deux une quinzaine d’années d’expérience. Nous avons estimé que le moment était venu de franchir une nouvelle étape pour aller plus en profondeur, pour faire entrer la RSE dans la stratégie des organisations. La fusion n’est donc pas économique… S.D. : Pas dans le sens où elle aurait été justifiée par des coupes sombres dans nos propres budgets, non. Par contre, le fait pour les entreprises d’être sollicitées par un seul réseau va représenter des gains de temps autant que d’argent pour nos membres. The Shift, parce qu’on constate un glissement… ? S.D. : L’idée est surtout de « shift gear », passer à la vitesse supérieure. C’est aussi le « shift lock » du clavier qui permet de passer de la minuscule à la majuscule. Nous voulons inscrire la RSE en majuscules dans les priorités des entreprises. Sabine Denis Le profil des personnes en charge de la RSE a changé : il s’agit moins de " juniors " un peu déconnectés du business, mais de personnes impliquées dans le ‘business development’, la stratégie ou la R&D. Néanmoins, la RSE aujourd’hui n’est plus vraiment ce qu’elle était avant 2008, non ? S.D. : Tout à fait. Il y a déjà eu trois grandes étapes dans l’approche RSE. Le premier réflexe était de considérer que c’était une sorte de philanthropie. Et puis, les entreprises se sont dit que c’était un moyen de réfléchir sur leur propre gestion, en améliorant la diversité du personnel, en misant sur la transparence, en augmentant l’efficacité énergétique. Mais sans nécessairement remettre en question l’essence même de ce qu’elles font. La troisième étape, où nous sommes maintenant, est la prise de conscience que les entreprises doivent se remettre au service de la société. C’est le concept de « shared value » porté par Michael Porter et auquel j’ai également consacré un livre1 . Valeurs économique et sociétale sont étroitement liées. Cette « valeur partagée » BECI - Bruxelles métropole - septembre 2015 17 R.A.

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