GREEN Et le développement durable, on s’en fiche ? Où se situe le développement durable sur le radar des entreprises ? Voici une dizaine d’années, pour beaucoup d’entre elles, la durabilité représentait surtout des contraintes réglementaires – donc des coûts –, d'éventuels subsides aux investissements et parfois un argument commercial. Très peu en faisaient un élément cardinal de leur stratégie. La question environnementale – climatique, surtout – s’est davantage imposée à partir de 2007 avec le 4e rapport du GIEC et le film Une vérité qui dérange d’Al Gore. Deux documents-chocs pour le grand public, conjointement récompensés d’un Prix Nobel de la Paix. Dès lors, plus question de rester dans l’expectative : le développement durable a grimpé quelques échelons dans les priorités des entreprises, qui ont été plus nombreuses à installer des systèmes de gestion environnementale et à publier des rapports de durabilité. On pouvait craindre que ce bel élan soit brisé par le krach de l’automne 2008 et par la récession qui a suivi. En situation de crise aiguë, les entreprises atteintes dans leur rentabilité risquaient de se replier vers des objectifs à court terme et de repousser la durabilité à plus tard… En fait, les résultats d’enquêtes internationales indiquent le contraire : les CEO du monde entier interrogés par McKinsey dans son Global Survey montrent, d’année en année, un souci croissant de la durabilité. En 2010, ils étaient 34 % à la placer parmi leurs trois premières priorités. L’année dernière, ils étaient 49 % – dont 13 % pour qui c’est désormais la première priorité stratégique. De même, selon le Global CEO Survey de PwC, 46 % des CEO interrogés en 2014 voyaient la raréfaction des ressources et le changement climatique comme une tendance majeure qui va transformer leur activité – dans le domaine de l’énergie, ils étaient même 76 %. Enfin, selon une étude récente du réseau PRI (Principles for Responsible Investment), soutenu par les Nations-Unies, 88 % des investisseurs voient dans la durabilité l’opportunité d’un avantage compétitif et 78 % la perçoivent comme un facteur de différenciation – mais ils sont aussi 91 % à estimer que la durabilité devrait être mieux intégrée dans le dialogue investisseurs-entreprises. Les entreprises en sont de plus en plus conscientes : la limitation des ressources disponibles en eau, en énergie ou en matières premières, dans un monde en croissance, signifie la rareté et donc l’accroissement des coûts. Les épisodes météo extrêmes (tempêtes, inondations…), liés au changement climatique, entraînent quant à eux des risques de ruptures d’approvisionnement et de production. Les entreprises ont identifié ces risques comme un facteur de transformation. Au-delà des instruments de mesure d’empreinte environnementale ou des politiques de responsabilité d’entreprise que certaines ont déjà mis en place, elles ont besoin de nouvelles approches et de nouveaux outils pour améliorer leur résilience face au changement. C’est exactement le propos du projet ResilieNtWEB, dont BECI est partenaire et dont vous trouverez la brochure en supplément à ce numéro. Plus qu’un simple argument de marketing, plus ou moins fondé, la durabilité devient pour les entreprises une priorité stratégique, qui doit trouver son ancrage dans les processus de mesure des performances, de gestion et de décision. Certaines en ont fait leur business model – comme vous le lirez dans notre dossier. Nous vous le proposons comme une source d’inspiration.. ● Laura Rebreanu, Coordinatrice développement durable BECI
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