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« Faut que les entreprises bruxelloises se réveillent » Ne tournons pas autour du pot : difficile d’illustrer la « transformation numérique » à Bruxelles par un projet d’envergure qu’on nous envierait à l’étranger. Une opportunité de rattrapage ? La capitale compte certes de belles start-up qui défrichent de nouveaux terrains – SoftKinetic dans la réalité augmentée, eDebex dans la finance, BePark dans la mobilité, ListMinute dans l’économie collaborative, Take Eat Easy et ses coursiers à vélo pour dynamiser la livraison de repas à domicile. Ce ne sont que quelques exemples – mais la Région manque pour l’heure de véritables « locomotives numériques », malgré sa densité élevée de sociétés actives dans les technologies de l’information et la communication (TIC) et le fourmillement d’idées dans des incubateurs comme le BetaGroup ou Co.Station. Objets connectés Sur le terrain très prometteur des objets connectés (ou Internet of Things, IoT), la jeune entreprise Productize, fondée par d’ex-consultants dans des grands groupes, notamment dans le secteur automobile, joue un rôle d’évangélisateur. Elle réalise (ou fait réaliser en Chine) des prototypes d’objets connectés pour divers secteurs, par exemple une « machine à laver connectée » par une grande marque de produits de consommation courante. De gros clients dans le secteur de l’énergie ou de la communication interactive font également appel à ses services de prospective, de même que des start-up belges dans des domaines aussi divers que la logistique via des drones ou les services aux personnes âgées. « Nous faisons pas mal de présentations dans des entreprises bruxelloises. À chaque fois, l’écoute est très attentive. Nous constatons de bons projets de technologie pure, mais souvent il y a une difficulté à intégrer ces innovations dans des modèles de services, avec une vraie stratégie produits à la clé. Il faut intégrer les technologies dans de nouvelles expériences clients. Certaines entreprises, si elles ne se réveillent pas, risquent d’être rayées de la carte », prévient Harold Grondel, cofondateur de Productize. La start-up, installée dans l’écosystème d’innovation Co.Station, à deux pas de la Gare centrale, emploie déjà cinq personnes et travaille à la mise sur pied d’une sorte de « fab lab » privé, où elle pourra prochainement démontrer tout l’océan de possibilités des objets connectés. « La technologie en soi n’est pas disruptive, ce sont les nouveaux modèles de services qu’elle fait émerger qui créent les révolutions. Tous les secteurs vont être impactés par le ‘numérique’. La moindre des choses à faire, c’est de se poser la question de l’impact potentiel de nouveaux entrants. Ensuite, il faut passer à l’action. Les PME auront besoin de nouvelles compétences, qu’elles devront sans doute aller chercher à l’extérieur. Et tester les concepts par du prototypage », poursuit Harold Grondel. Le centre logistique de Zalando à Erfurt, en Allemagne : un exemple des défis que représente l’e-commerce pour le commerce traditionnel. depuis le milieu des années 90, toute entreprise qui veut sur vivre doit raviver son ADN de start-up afin de pouvoir penser et agir comme un réseau. Car « les formes d’organisation traditionnelles – qui datent encore de la période industrielle et sont centrées sur la hiérarchie, la structure, le contrôle et l’efficacité – ne fonctionnent plus à l’ère VUCA (volatility, uncertainty, complexity & ambiguity). » Fort bien, mais par quoi commencer, sans confondre vitesse et précipitation ? Didier Tshidimba et Alain d’Oultremont se penchent quotidiennement sur les révolutions numériques au sein du cabinet bruxellois de Roland Berger Strategy Consultants. Ils ont identifié huit leviers de transformation numérique pour les entreprises, publiques comme privées. Trois d’entre eux leur apparaissent prioritaires et transversaux pour les PME de la Région bruxelloise, actives de façon prépondérante dans le secteur des services. « Les formes d’organisation traditionnelles, centrées sur la hiérarchie, la structure, le contrôle et l’efficacité, ne fonctionnent plus à l’ère VUCA (volatility, uncertainty, complexity & ambiguity). » Peter Hinssen, auteur du livre The network always wins. BECI | RAPPORT D’ACTIVITÉ 2015 - 20 Harold Grondel, cofondateur de Productize, société pionnière en matière d’objets connectés. • Penser « multicanal » Tous les chemins mènent au client. Et ces chemins peuvent être multiples et divers. Le défi est de gérer les différents canaux d’interaction avec le client de façon cohérente, en tirant profit des montagnes de données que toute PME peut désormais compiler sur ses clients. On parlait jadis de CRM (Customer relationship management), on parle désormais de big data. L’objectif est le même : mieux connaître son client, à travers son historique. Mais les solutions sont peut-être moins complexes à mettre en œuvre, à l’heure du cloud computing. « Depuis 15 ans, les acteurs de la distribution stockent un volume de données impressionnant sur les clients, à travers les cartes de fidélité. Ils ont tellement d’infos qu’ils ne savent pas quoi en faire et ils ont peur de céder ces données à un tiers », épingle au passage Didier Tshidimba, pour démontrer que quantité n’est pas toujours qualité. ©R.A.

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