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TOPIC FINANCER L’ENTREPRISE Votre facture rachetée par une autre PME, en ligne La start-up bruxelloise edebex fait œuvre pionnière en Belgique avec sa plateforme d’achat-vente de créances commerciales en ligne, entre entreprises. Une formule qui a déjà fait ses preuves aux États-Unis. Son fondateur Xavier Corman nous explique pourquoi edebex est bien partie pour générer un volume de transactions pour 20 millions d’euros cette année. Olivier Fabes «V endez vos factures ouvertes et recevez l’argent en moins de 72 h » : la promesse d’edebex est on ne peut plus claire. Cette plateforme internet, sorte d’eBay de la créance commerciale, met en relation, d’un côté, des start-up ou des PME en forte croissance, des entreprises en procédure de réorganisation judiciaire ou tout simplement confrontées à une dépense exceptionnelle, et de l’autre des PME, des sociétés de management ou de services qui ont trop de trésorerie et veulent éviter de payer trop d’impôts ou tout simplement faire fructifier leur cash. Réellement opérationnelle depuis septembre 2014, après un an de tests, la plateforme a déjà vu transiter pour 2 millions de transactions rien qu’en octobre et novembre. Et les chiffres vont croissant. « Nous comptons plus de 200 utilisateurs, dont entre 25 et 30 acheteurs, pour la plupart très fidèles », explique Xavier Corman. Parce qu’edebex semble répondre à un besoin criant : « Nous donnons en fait une tournure moderne à une pratique, la lettre de change, qui existe depuis la Renaissance. Il y a encore quelques années, les banques jouaient encore ce rôle en faisant de l’avance sur facture, mais ce service a maintenant largement disparu. Les banques et un certain nombre d’acteurs spécialisés proposent encore du ‘factoring’ (ou affacturage en français) mais pour de gros volumes de factures et avec un certain nombre de contraintes, notamment de dépôt de garanties. » Xavier Corman se garde toutefois bien de jeter la pierre aux banques : « Vu les faibles marges sur les taux d’intérêt, elles ne peuvent plus se permettre de prendre des risques. Pour les crédits avec un profil de risque élevé, elles exigent de solides garanties personnelles. Ce qui stimule effectivement de nouveaux modes de financement, que ce soit via une plateforme comme la nôtre ou le crowdfunding. Nous coûtons au final sans doute plus cher qu’un crédit bancaire, mais l’entrepreneur ne doit pas hypothéquer sa maison. Et l’investisseur sait où va son argent. Une autre évolution, permise également par le crowdfunding, c’est que les nouveaux entrepreneurs acceptent de compter parmi leurs investisseurs des gens qu’ils ne connaissent pas. » 20 BECI - Bruxelles métropole - avril 2015 Xavier Corman, fondateur d’edebex. Toutes les créances vendues sur edebex sont couvertes par une assurance en cas de défaut de paiement. La plateforme assure le suivi des dossiers, les rappels, etc., et passe le relais à l’assureur-crédit Euler Hermes le cas échéant. « Nous avons vraiment très peu de dossiers de contentieux », observe Xavier Corman. 2,75 % de frais de service Le vendeur doit s’acquitter de 25 euros de coût forfaitaire de mise en vente, puis de frais de service à hauteur de 2,75 % une fois la créance vendue, auxquels s’ajoutera le discount accordé au prêteur. « Pour ce prix, l’entreprise peut continuer à faire son business. » L’acheteur est rémunéré à raison d’un taux de 0,75 % par avance de 30 jours, ce qui fait un taux d’intérêt compris entre 6 et 9 % sur un an ; bien mieux qu’un compte en banque donc. « Les banque nous regardent avec curiosité. Nous considérons que nous sommes complémentaires. Certains banquiers, qui n’ont plus de pouvoir de décision, n’hésitent pas à nous envoyer des clients », explique Xavier Corman. Installée à l’incubateur Icab (près de la VUB), edebex emploie six personnes à temps plein plus un réseau d’indépendants. Mi-février, elle a décroché un subside de 240.000 euros auprès d’Innoviris. ●

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