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Le crédit bancaire n’a plus le monopole FINANCER L’ENTREPRISE Par contrainte – les banques prêtent de plus en plus difficilement – mais aussi par opportunité – l’internet amène de nouvelles façons participatives de consommer mais aussi d’investir –, nombre de PME débutantes ou confirmées explorent de nouveaux modes de financement. Le crowdfunding a le vent en poupe, tout comme le business angeling. U ne vaste étude au niveau européen publiée en février1 par la Judge Business School de l’Université de Cambridge, en collaboration avec le consultant EY, l’a confirmé : les formes de financement alternatives, en ligne, pour les entreprises ont la cote. Pas seulement le crowdfunding sous ses différentes formes, qui monopolise l’attention médiatique, mais aussi les prêts entre particuliers (P2P lending), encore peu connus en Europe continentale. La frilosité des banques depuis la crise financière, mais aussi l’apparition de nouveaux canaux internet qui facilitent la mise en relation entre ceux qui ont l’argent et ceux qui en ont besoin, sont propices au développement de nouveaux modes pour lever des fonds. 7 milliards en 2015 Basé sur le sondage de 255 plateformes de crowdfunding ou d’intermédiation en ligne en Europe, notamment auprès de CrowdIn et Look&Fin en Belgique, l’étude de Cambridge indique que la « finance alternative » a grandi de 144 % en 2014, pour atteindre près de 3 milliards d’euros. La Grande-Bretagne se taille la part du lion : le poids de ce marché est estimé à plus de 600 millions d’euros, avec une croissance moyenne de 115 % sur ces trois dernières années. La Belgique est pour l’instant en queue de peloton (voir graphique page suivante), même si un mouvement de rattrapage semble amorcé. À un tel rythme de croissance, le marché européen de la finance alternative en ligne devrait atteindre 7 milliards d’euros en 2015 (plus de 1,3 milliard sans la Grande-Bretagne). C’est le prêt P2P à des fins de consommation personnelle qui est de loin la première forme de financement Olivier Fabes alternative, en termes de volumes. Pour ce qui est du financement à des fins professionnelles, c’est le crowdfunding basé sur la récompense (généralement, l’investisseur reçoit des produits en avant-première, des éditions spéciales, etc.) qui occupe le haut du pavé, suivi du prêt de particulier à particulier et le crowdfunding basé sur une prise de participation. Les auteurs de l’étude pointent qu’avec le temps, ces nouveaux modes de financement en ligne deviennent de moins en moins « alternatifs », en ce sens que des investisseurs institutionnels et les banques par exemple s’y intéressent de plus en plus. Complémentarité Une évolution qu’Olivier de Duve, cofondateur de MyMicroInvest, la principale plateforme de crowdfunding en Belgique, constate également : « Plus que concurrents, nous sommes en fait très complémentaires avec les modes de financement traditionnels. Il arrive de plus en plus que les banques conditionnent un crédit à une PME si celleci renforce ses fonds propres. Et elles suggèrent ellesmêmes de procéder à un crowdfunding. A l’inverse, les jeunes entreprises qui ont déjà réalisé un crowdfunding ont plus de crédibilité pour aller frapper à la porte des banques. » Ce n’est pas pour rien que MyMicroInvest a signé des partenariats avec BNP Paribas Fortis et Keytrade Bank ces derniers mois. La plateforme de crowdfunding belge a réalisé 16 opérations de financement participatif sur l’ensemble du pays en 2014, pour un total de 3,3 millions d’euros. Soit une 1. Moving Mainstream. The European Alternative Finance Benchmarking Report, Robert Wardrop, Bryan Zhang, Raghavendra Rau and Mia Gray, février 2015, disponible en ligne sur www.jbs.cam.uk.co. 16 BECI - Bruxelles métropole - avril 2015

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