10

INTERVIEW L’art de vivre selon Margaret Heffernan Margaret Heffernan est une femme multiple : auteure, conférencière, chef d’entreprise, productrice de télévision, épouse et mère de deux enfants. Elle était récemment de passage à Bruxelles malgré un agenda chargé. Bruxelles Métropole s’est entretenu avec elle de sa vision de l’art de vivre… et d’entreprendre ! Compte rendu. Richard Hill BM : Vous avez écrit deux livres, The Naked Truth (« La Vérité Nue1 ») et Women on Top (« Femmes au Sommet »), sur l’approche féminine de l’entreprenariat et de la gestion d’entreprise. Quelle serait votre recommandation essentielle aux candidates entrepreneures : « Faites-le comme le ferait un homme », ou juste « Faites-le » ? M.H. : La seule étude sérieuse sur la différence entre hommes et femmes dans la conduite d’une entreprise est américaine. Elle suggère que les entreprises dirigées par des femmes réussissent mieux et créent plus d’emplois que celles dirigées par des hommes. Peutêtre est-ce parce que, dans les ménages américains, les femmes décident de 85 % des dépenses. Elles sont donc « dans le marché » et ont appris à repérer les carences. Il me semble aussi que les femmes se passionnent généralement plus que les hommes pour l’entreprise et qu’elles ont plus d’endurance. En outre, elles respectent la culture des entreprises qu’elles dirigent ; elles organisent et elles improvisent tout à la fois. Qui distingueriez-vous comme modèles toutes catégories pour les femmes entrepreneurs ? Deux noms en particulier : Eileen Fischer, la créatrice d’une entreprise de prêt-à-porter qui connaît un succès retentissant aux États-Unis, et Hilary Devey, la fondatrice du plus grand réseau de distribution de fret sur palettes au Royaume-Uni. Quelles sont les phases de votre impressionnante carrière qui ont le plus contribué à votre 8 BECI - Bruxelles métropole - avril 2015 succès comme entrepreneure : la BBC, l’écriture, vos fonctions de direction ou le processus d’entreprenariat lui-même ? Toutes. Je ne l’ai pas compris à l’époque, mais je sais repérer les gens créatifs et les laisser jouer de leur créativité. J’ai commencé à l’entrevoir en travaillant avec des dramaturges, auteurs et acteurs à la BBC. Depuis, j’utilise cette aptitude dans mon travail avec des ingénieurs et des experts en marketing dans l’industrie électronique. Je pose des niveaux d’exigence élevés mais, en même temps, j’apporte mon total soutien. Votre troisième livre, Wilful Blindness (« La Cécité Volontaire »), traite de l’incapacité humaine à accepter ou à faire front à la réalité. Selon vous, quels sont les facteurs qui contribuent à ce syndrome de « cécité volontaire » ? Avant tout, la tendance des responsables, hommes et femmes, à constituer des équipes de gens qui leur ressemblent. Nous sommes naturellement attirés par ceux qui pensent comme nous parce que nous nous sentons à l’aise avec eux. Cela fausse cependant notre perception de la réalité. En raison de nos limites cognitives, des signaux nous échappent dans le feu de l’action. L’une des plus grandes tromperies de ces dernières est l’insistance des « gourous » du management à nous rendre « multitâches ». Nous ne sommes tout simplement pas faits pour ça ! De plus, la recherche américaine montre que 85 % des gens n’osent pas exprimer leur désaccord. Si tel est le cas, il ne faut pas s’étonner que les responsables avancent à l’aveugle. 1. Les ouvrages de Margaret Heffernan n’ont été traduits ni en français ni en néerlandais ; les traductions des titres sont mentionnées à fins indicatives, ndlr. © Befocus/Full Circle

11 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication