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Re-visitez Bruxelles Sebastian Dupont (Nona) : « Il est bon qu’un CEO prenne parfois distance de son entreprise » « Il y a eu des moments terrifiants. » Voilà comment Sebastian Dupont, en téléconférence Zoom, décrit les ravages impitoyables du coronavirus au Royaume-Uni. Il a pourtant continué à diriger depuis Londres ses deux pizzerias Nona bruxelloises, l’une à Sainte-Catherine, l’autre à Mérode. Il y a vingt ans qu’il vit dans la capitale britannique. Vous avez travaillé 14 ans à la City, au cœur financier de l’Europe. Sa terrible réputation se justifie-t-elle ? Je connais cette réputation négative, mais j’ai toujours perçu la finance comme un secteur très professionnel et fort réglementé. Ces règles éthiques strictes n’ont pas cours en dehors du secteur bancaire. Je peux le comparer avec l’extérieur, où je constate que bien plus de personnages peu recommandables sévissent et escroquent des gens sans le moindre risque. En comparaison, les banquiers sont de braves gens. Et je suis heureux d’appliquer aujourd’hui la méthodologie structurée des banques au secteur horeca. Comment êtes-vous passé à l’Horeca ? Banking is a young man’s game. De nombreux collaborateurs s’en allaient au seuil de la quarantaine. Ils faisaient un burnout ou ne répondaient plus aux exigences. J’adorais mon boulot, mais je savais qu’il ne durerait pas. À un moment, j’ai commencé à me préparer à une vie après la finance. La banque m’avait enseigné l’esprit d’entreprise : un délai et un objectif, bien sûr, mais aussi beaucoup de liberté. Déjà à 26 ans, nous portions de sérieuses responsabilités. De là l’idée d’entreprendre quelque chose par moi-même. J’ai débouché dans l’angel investing, le soutien financier aux start-up. Il m’a dévoilé toutes les facettes du lancement d’une entreprise. J’ai fait la connaissance de divers secteurs et constaté que 34 ❙ Bruxelles Métropole - juin 2020 QUI EST SEBASTIAN DUPONT ? Courtraisien d’origine, Sebastian Dupont étudie l’économie à la KU Leuven. Après son diplôme, il réalise son rêve de devenir banquier dans la City of London, au cœur de la finance. Il travaille 14 ans successivement pour trois grandes banques d’affaires : Merryll Lynch, Nomura et le Crédit Suisse. Mais pendant ce temps grandit en lui l’envie d’entreprendre par lui-même. Il inaugure en juin 2017 le premier restaurant Nona, à Bruxelles. Nona signifie ‘No Name’. Il annonce ainsi clairement que la vedette, ce n’est pas lui et pas non plus son entreprise. En revanche, il fait régulièrement la promotion de ses fournisseurs locaux de produits bio : Le Monde des Mille Couleurs (légumes), Bufflardenne (mozzarella) et la Brasserie De Ranke (bières). Les pizzas sont confectionnées selon la tradition napolitaine dans un four à bois porté à 500°C, ce qui lui a valu le label de l’Associazione Verace Pizza Napoletana. le Royaume-Uni avait compris, bien avant le continent, la nécessité de nouveaux concepts dans l’horeca. Ce secteur s’octroyait une professionnalisation approfondie. Cela me plaisait. Pourquoi choisir Bruxelles ? Parce que Bruxelles est une sorte de Londres en miniature, avec ses institutions européennes qui ont attiré une population particulièrement internationale. Je cherchais pour mon concept une ville très ouverte d’esprit. Vous vouliez instaurer un excellent service, comme en Grande-Bretagne. Y a-t-il un problème avec le service en Belgique ? Voyons les choses en face : en Belgique, autant que dans

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