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Mobilité & logistique Vous affirmez bénéficier du soutien de tous les acteurs économiques locaux. Vous êtes-vous concerté avec eux ? « Non. Je leur ai présenté mon plan, qui a suscité un certain enthousiasme. Ce projet est unique. Et l’initiative émane des riverains et des commerçants. » L’association de commerçants Brussels Uptown et l’entreprise de parking vous ont pourtant fait part de leurs inquiétudes, face au rétrécissement des bandes de circulation et à la réduction des espaces de stationnement ? « Les 350 espaces de stationnement actuels seraient ramenés à une centaine, mais ce nombre peut encore être modifié. Si 100 espaces de stationnement étaient perçus comme un drame et que l’on estime qu’il en faut au moins 150, que l’on prenne pareille décision. Dans l’intervalle, il va de soi que nos villes doivent être plus propres et plus vertes. Les modes de transport et le rôle de la voiture changent, tout comme les mentalités d’ailleurs. Personne ne sait comment cela finira. C’est pourquoi ce projet ouvre un vaste éventail de possibilités pour l’avenir. Le plan est flexible. Il entend soutenir l’économie tout en tenant compte du logement, de la convivialité, du plaisir et de la culture. L’ensemble de ces éléments constitue une ville. » Croyez-vous en une diminution du trafic automobile ? « Pas vraiment. À nous de le gérer, donc. Nous voulons un quartier attrayant, où les piétons se sentent bien. Il y a une vingtaine d’années, j’ai écrit un livre sur la ville, intitulé Tchatche Urbaine. Il contient l’interview de plusieurs acteurs, dont le sculpteur Vincent Strebelle. Il a évoqué la théorie de la roue de vélo. Placez une telle roue entre deux personnes et faitesla tourner rapidement. Les rayons finiront par occulter la vue. De même, en cas d’embouteillage, il est facile de traverser un boulevard. Mais dès que les véhicules sont en mouvement, cela devient presque impossible. Le concept consiste donc à réguler la vitesse pour instaurer un flux dans le trafic. Je plaide pour une limitation à 30 km/h du trafic de transit entre la Place Louise et la Porte de Namur, sur deux bandes de circulation d’une largeur totale de 10 m, permettant le passage aisé des services de secours. Il faut tenir compte de l’accès des camions de déménagement et de livraison. En revanche, la création de voies distinctes pour chaque type de trafic élimine toute confrontation, tout dialogue et donc aussi toute vie. Ce n’est pas l’objectif. Outre quatre allées cyclistes, nous prévoyons une zone ‘douce’ partagée pour les taxis, les chargement et déchargement, le stationnement de courte durée, etc. » Vous avez prévu cinq coupoles dans l’espace de verdure central. À quoi doivent-elles servir ? « Aux activités qui complètent la dimension commerciale. Nous prévoyons une sorte de jardin botanique, où l’association des commerçants ou une institution culturelle peut organiser toutes sortes d’initiatives : un défilé de mode, des présentations de produits ou des concerts. On pourrait y prévoir un petit espace horeca, une bibliothèque en plein air… Bref, un outil de vie. Ceux qui travaillent dans le quartier pourraient venir se délasser un moment en écoutant de la musique classique. Ce serait fabuleux, non ? Et puis, comme je l’ai dit, cela créerait du lien entre les deux rives. Que de possibilités ! On pourrait créer une exposition au Grand Sablon, qui se poursuivrait via Demain Egmont jusqu’au boulevard de Waterloo. Sur le parcours, tous les antiquaires ouvriraient leurs portes. C’est dans cette perspective que nous avons évoqué la possibilité de navettes électriques qui parcourraient la zone en continu. Voilà comment le no man’s land peut devenir un pôle majeur de la ville. » Le projet prévoit en surface une « zone douce » de mobilité partagée. D.R. La dénomination Demain Egmont ferait allusion à Demain, un film sur la transition ? « Ce n’est pas faux. Pareille initiative citoyenne aurait été impensable, il y a 10 ans. La mentalité a totalement changé, avec une prise de conscience et une volonté de s’engager. Les citoyens ne sont plus des spectateurs critiques tenus à l’écart. Ce qui me passionne dans ce projet, ce sont les gens qui prennent leur destin en main. » Quand débuteraient les travaux ? « Aucune idée. Tout dépend de l’entente entre les acteurs économiques et les autorités régionales. Je constate que les commerçants prennent des risques. Ils ont investi du temps et de l’argent dans des études et le développement d’idées. Je pense qu’ils auront l’écoute de leurs partenaires et que le permis de bâtir suivre. J’ai donné ma contribution quant à ce qui me semble important pour une ville. Ce qui va se passer ensuite ? Ce n’est pas de mon ressort. » ● Peter Van Dyck Bruxelles Métropole - septembre 2019 ❙ 31

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