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SMART SMART COMPANIES Données publiques : le nouveau pétrole pour tous ? Peu de pouvoirs publics osent encore soumettre un projet numérique sans y faire figurer le terme 'open data'. Tout le monde est convaincu de l’utilité des données publiques, mais des éléments législatifs et des entraves pratiques constituent toujours des obstacles. Beci a décidé de ne pas en rester là et de donner l’exemple. Stef Gyssels 'O pen data’ signifie littéralement ‘données disponibles au public’. Ces données peuvent provenir d’instances privées, d’institutions scientifiques ou de services publics. Dans la pratique, les pouvoirs publics en sont la principale source. Pourquoi les autorités mettent-elles leurs données à disposition ? La diffusion de données vers le grand public cadre dans la tendance actuelle à la transparence à l’égard du citoyen. Cette transparence permet en outre aux pouvoirs publics d’inciter davantage les citoyens à participer à la gestion : « Puisque vous en savez autant que nous, vous pouvez à votre tour contribuer à de nouvelles perspectives et de meilleures solutions. » Ce qui revient à dire qu’en diffusant ces informations, les pouvoirs publics espèrent que la population viendra enrichir les données. Signalons encore que de nombreux pouvoirs publics comptent exploiter les effets positifs des données sur l’économie et sur la quête de l’innovation dans les entreprises. Les données sont devenues une matière première de grande valeur. En témoigne le slogan 'data is the new oil', certes un peu galvaudé, mais pas sans raison. Les entreprises qui parviendront à exploiter ces données s’enrichiront elles-mêmes, mais devraient aussi rendre la vie de chacun un peu plus agréable. Selon les chiffres de la Commission européenne en 2011, l’ensemble des avantages économiques résultant de la mise à disposition des données des pouvoirs publics pourrait atteindre 40 milliards d’euros par an dans l’UE. Sept ans plus tard, les attentes à l’égard du potentiel économique des données n’ont fait que croître. 20 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2018 Qu’est-ce qui entrave encore leur diffusion et leur exploitation ? À l’instar de toutes les initiatives mises en œuvre avec les meilleures intentions, il subsiste la crainte que seule une minorité en bénéficie. Si quelques entreprises seulement entrevoient le potentiel des données publiques et commercialisent ensuite des solutions novatrices à un coût très élevé, l’impact positif sera réduit. D’où la question de savoir s’il faut utiliser les deniers publics pour enrichir quelques-uns – en l’occurrence, l’argent investi pour stocker les données et en améliorer la qualité. Il y aura malheureusement toujours des gens mal intentionnés. Rendre publiques des données, c’est aussi s’exposer. Si un architecte rendait publics les plans d’un pont, il est possible que des individus ou des groupes peu recommandables utilisent ces données à des fins criminelles. La diffusion de données doit dès lors être une initiative réfléchie, par une évaluation comparative des avantages et des risques éventuels. La problématique se complète d’un autre débat, très actuel : celui du respect de la vie privée. Il ne suffit pas de rendre anonymes les noms et prénoms. Une question telle que « combien de personnes sont nées à Uccle le 24 mars 1974 ? » ne nécessite pas beaucoup d’informations complémentaires pour obtenir un flot de renseignements sur une personne bien précise. En cas de doute, il peut être judicieux de contacter la commission Vie Privée. Et puis, il faut veiller à ce que les données disponibles ne soient pas interprétées de manière erronée. À défaut de contexte, les données peuvent conduire à des conclusions divergentes et à des interprétations erronées, © Getty

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