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INTERNATIONAL Dirk Paelinck (Workero, 3e Juan Manuel Revuelta Pérez (Finnova, à gauche de la photo) et à partir de la gauche), aux côtés de leurs collaborateurs. Ensemble, ils ont qualifié Workero pour la phase 1 des subsides européens H2020. la co-création en offrant des lieux de travail créatifs à des entreprises de divers secteurs. L'idée de demander des subventions européennes n’avait jamais effleuré M. Paelinck avant sa rencontre avec le professeur Juan Manuel Revuelta Pérez, par l'intermédiaire de Beci. Quand il a expliqué au professeur ce qu'il faisait, la réponse a fusé : « Un dossier sur mesure pour l'instrument PME de H2020 ! » Juan Manuel Revuelta Pérez est directeur général de Finnova, une organisation à but non lucratif qui promeut la coopération internationale au sein de l'Union européenne et aide les jeunes entreprises et les PME à trouver des financements. « J'ai tout de suite compris que Workero est un concept disruptif et évolutif ; il détient un potentiel mondial », explique-t-il. « C'est exactement ce que cherche H2020. Le programme veut détecter de futurs grands acteurs qui créeront des emplois. » Le temps de la réflexion Dirk Paelinck admet que la procédure de candidature à l'instrument PME est particulièrement ardue. « De toutes les demandes reçues par la CE cette année, 3 % à peine ont été approuvées. Sans l'aide de Finnova, nous n'aurions pas pu obtenir le feu vert pour la phase 1 dès la première tentative. Nous préparons maintenant la suite : nous devrons bientôt présenter notre proposition pour la phase 2. Nous devons élaborer un bon plan qui démontre le potentiel de Workero pour l'ensemble de l'Europe. » Il n'y a pas que l'argent qui compte. Comme le dit M. Paelinck : « L’entreprise bénéficie également du vaste réseau de la CE. Les portes s'ouvrent devant elle. Elle sera invitée à des ateliers potentiellement utiles et pourra même recevoir du coaching. Un bon produit, c’est bien, mais il faut aussi savoir comment le propulser sur les marchés internationaux. Besoin de partenaires ? Faut-il créer des joint-ventures ? » Le professeur Revuelta confirme : « La subvention n'est qu'une partie du coup de main. Dans le cas de Workero, nous avons repensé le concept. Une start-up veut accélérer, par instinct de survie, mais il faut parfois s'arrêter pour réfléchir au business model. Nous avons écrit à la proposition ensemble. Il fallait, en dix pages, expliquer clairement en anglais ce que l’entreprise voulait réaliser : pas facile. N'oublions pas que les jeunes entreprises sont dans une situation beaucoup plus difficile en Europe qu'aux États-Unis, où l'écosystème fonctionne bien et où tout se fait en une seule langue. » 18 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2018 Lancement rapide Pourquoi les entreprises belges participent-elles si peu aux programmes européens ? Dirk Paelinck soutient que notre mentalité nationale nous dicte d'essayer tout seuls. « Si c'est le cas, vous perdrez beaucoup d'opportunités », souligne Revuelta. « Qui sait ? Peut-être qu’à Tokyo quelqu’un élabore actuellement la même idée que Dirk. Si vous la testez d'abord localement, vous arriverez trop tard. La mondialisation exige un lancement rapide sur le marché. Aujourd'hui, nous parlons beaucoup de FinTech. Demain, il s’agira de PropTech : la technologie de l'immobilier. Notamment la technologie numérique utilisée pour la sécurité, l'efficacité énergétique, etc. Beaucoup d'immobilier n'est pas encore ‘smart’, mais cela va changer rapidement. » M. Paelinck : « D'où proviennent les ‘licornes’ – ces startup qui valent d’emblée plus d'un milliard de dollars ? Jusqu'à présent, elles étaient américaines – pensez à Google ou Facebook – ou asiatiques. La Commission européenne veut que cela change. C'est pourquoi Workero et Finnova ont décidé conjointement d'organiser les EU PropTech Awards l'année prochaine. Nous partons à la recherche des plus grands talents de l'immobilier et les amenons à Bruxelles, où se trouve le capital européen. » Des évaluations riches en enseignements Les normes de la CE mettent effectivement la barre très haut. Seule la crème de la crème peut espérer une subvention. « Et pourtant, cela vaut la peine de tenter sa chance », dit M. Paelinck. « Vous améliorez votre entreprise de toute façon. En rédigeant notre proposition, j'ai relancé plus de cent fois la réflexion sur notre projet. J'ai eu d'innombrables discussions avec l’équipe, nous nous sommes posé des questions qui ne nous étaient jamais venues à l'esprit auparavant. Avec le recul, je constate que nous avons déjà procédé à de nombreux ajustements. Chaque évaluation que nous recevons de la CE est riche en enseignements. » Quoi qu’il en soit – et c'est important – on n’y parvient pas tout seul. « Vous avez besoin de conseils. Avant de soumettre votre demande, vous devrez vous farcir 200 pages de littérature bureaucratique. Lancez-vous, c'est tout. Quand vous voyez ce qui vous attend, vous vous dites, en tant que start-up, que vous n’aurez pas le temps. Mais les Espagnols et les Italiens le font en masse. Ils ont pourtant la même charge de travail. » « En tant que Belge, vous avez, contrairement aux Italiens ou aux Espagnols, toujours l'atout de connaître plusieurs langues », dit le professeur Revuelta. Il attire également l'attention sur les initiatives de la Région de Bruxelles-Capitale pour utiliser davantage les subventions européennes. Enterprise Europe Brussels organise, en collaboration avec NCP Brussels, des sessions d'information et des séminaires thématiques. Si vous souhaitez soumettre un dossier pour l'instrument PME, vous pouvez également demander une analyse. « Cela s'inscrit dans le cadre d'une politique proactive de soutien à l'esprit d'entreprise innovant. Cette politique veut aussi contribuer à une plus grande sensibilisation et à de meilleures performances au sein du programme européen de R&D », conclut Barbara Andreani. ●

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