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FOCUS sous forme d'hydrogène –, mais leur gestion doit encore être développée avec les GRD, qui ne bougeront pas tant que le législateur ne bouge pas, puisqu'ils sont pieds et poings liés à leurs rôle et obligations. En Allemagne, une dérogation à la législation permet tout du moins d'autoriser des batteries pour le solaire au niveau résidentiel. » L'avenir du renouvelable est dans les citoyens et dans les petites structures Serge Peeters (EnergyVille) Devenir producteur d'énergie implique actuellement d'assurer une garantie de sécurité d'approvisionnement assortie d'une série de contraintes légales. « Les batteries dont on parle aujourd'hui pour la maison ont un stockage limité à quelques heures », remarque Menno Janssens. « La transformation de la production d'électricité en hydrogène est une technologie de stockage longue durée, qui existe mais qui est assez chère. On se doit de se poser la question du coût pour la société. Certaines technologies ne sont pas utilisables parce qu'elles sont encore trop chères, mais on cherche des solutions, et le coût des technologies baisse avec la demande ». Miser sur le microgrid De grands projets verront le jour. Ainsi, la géothermie profonde est une voie d'avenir. Un site pilote à proximité de la centrale nucléaire de Mol permet de travailler dans les zones de chaleur moyenne dont dispose la Belgique. L'hydroélectrique est de plus un moyen de stockage très efficace, mais Serge Peeters est critique quant à l'efficience des projets qui pourraient prendre vie en Belgique, étant donné les faibles dénivelés du territoire – on parle notamment d’un projet de lac artificiel à La Roche-en-Ardenne, au cœur d'une réserve naturelle. De manière générale, il prêche pour le développement du microgrid : « Le photovoltaïque nécessite de l'espace. On va aller grignoter sur le domaine de l'agriculture ? Le microgrid offre, selon moi, le plus de possibilités. L'avenir du renouvelable est dans les citoyens et dans les petites structures ». Menno Janssens opine : « Le consommateur doit être au centre de la transition énergétique. C'est une nouvelle philosophie, mais c'est bien que tout le monde soit impliqué ». Des innovations pourraient modifier le paysage, comme l'intégration du photovoltaïque en façade, mais c'est surtout une multiplication des initiatives qui est plus qu'attendue. « Le photovoltaïque a été vendu au départ comme un produit financier plus rentable qu'un placement en banque, et ceux qui se sont permis d'acheter du photovoltaïque n'avaient pas de difficulté à payer leurs factures électriques en fin de mois », remarque Serge Peeters. 46 BECI - Bruxelles métropole - juin 2018 « Les prix ont chuté. Aujourd'hui, il est nécessaire que des communautés se créent, éventuellement par le biais des entités communales, dans la perspective des ‘smart cities’. Pourquoi ne pas louer des espaces de toiture sur des bâtiments publics, des sites industriels ou auprès de gens ayant de plus faibles revenus ? » Il plaide aussi en faveur du petit éolien : « On peut installer des éoliennes sur de grands axes en milieu urbain. Pour les particuliers, il y a une lourdeur au niveau des démarches administratives et il faut souvent plus d'un an pour obtenir une réponse à une demande de permis d'urbanisme, qui sera négative dans plus de 50 % des cas. C'est pour cela que le photovoltaïque a tellement le vent en poupe ». Impact du boom des voitures électriques Menno Janssens avance que la démocratisation des voitures électriques est proche : « L'année prochaine, une voiture électrique ne sera pas plus chère qu'une voiture normale, si on prend en compte les prix de l'essence et de l'électricité sur toute leur durée de vie. Et dans quelques années, elles seront au même prix d'achat. On voit aujourd'hui des Shell, Total et autres groupes pétroliers acheter des start-up innovantes actives dans l'installation de bornes électriques. Le retard pris en Belgique dans l'implantation de ce réseau va être rattrapé ». Il remarque que les voitures électriques constitueront aussi une source potentielle d'approvisionnement d'énergie pour les maisons. Serge Peeters appelle à un changement des mentalités : « Un Chinois va acLa digitalisation est un grand défi. Avec toutes les nouvelles technologies, on va devoir changer l'ADN de la société. Menno Janssens (Elia) quérir un moyen de transport (scooter, vélo, voiture...) en fonction de son travail, qui représente 99 % de ses déplacements. En Europe, on a vécu sous le paradigme ultra-libéral ‘Ma voiture, c'est ma liberté’ et il nous faut un moyen de déplacement pour nos vacances, qui répond à 1 % de notre temps. S'il y a autant de voitures électriques demain que de voitures à explosion aujourd'hui, ce sera ingérable. Avec 50 litres de mazout, on est capable de rouler 800 km ou de chauffer une villa pendant une journée d’hiver. Avec 75 kWh, on fait 350 km mais c'est 15 fois la consommation en électricité d'une maison sur une journée. Les gens doivent cibler l'économie d'énergie parce que l'électrification continuera à croître. Il y a quelques années, on chargeait son GSM une fois par semaine. Aujourd'hui, on est des milliards à charger nos smartphones une fois par jour ! » ● D.R. D.R.

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