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TOPIC La Belgique, pionnière du du Pakistan ou du CamFrancis Huysman (Val-I-Pac) bodge. « C’est une potentielle source de développement économique pour ces pays », estime Francis Huysman, directeur général de Val-I-Pac, organisme dont la mission est de stimuler et coordonner chez nous le recyclage d’emballages industriels. « Il serait toutefois impossible d’en faire une alternative à la Chine ; les capacités de tri et de stockage sont en effet trop faibles à l’heure actuelle et ne pourront jamais compenser ce que la Chine absorbait. » D’autre part, les politiques européennes prônent plutôt la gestion des déchets à l’échelle locale. La « vraie » solution serait donc de développer des centres de tri en Europe. La Belgique, terre d’accueil des déchets ? « Certaines initiatives fleurissent déjà en Europe », assure Yves Decelle, de chez Suez. « On avance toutefois très prudemment. D’abord car on ne sait pas encore aujourd’hui si la Chine ne fera pas marche arrière. Il faut également savoir que le tri-recyclage est un marché très instable. Le tri coûte de l’argent ; le prix de revente fluctue. Au sein de Suez, nous avons déjà dû fermer des unités pour manque de rentabilité. » Si le développement des centres de tri en Europe est la piste la plus plausible, la Belgique pourrait jouer un rôle majeur. « Je suis convaincu du potentiel de la Belgique, tout comme notre pays fait régulièrement office de pays test pour d’autres matières », estime Francis Huysman, directeur général de Val-I-Pac. « Surtout qu’au niveau international, la Belgique est assez appréciée pour sa position centrale », ajoute Fatima Boudjaoui, porte-parole de Fostplus, organisme qui assure la collecte, le tri et le recyclage des déchets d’emballage ménagers en Belgique. « Nous aimerions attirer de nouvelles entreprises sur nos terres. Il faudrait dans un premier temps que les centres de tri soient optimisés. Prenons l’exemple des intercommunales, avec qui Fostplus travaille. Certains centres ont des capacités de stockage de 20 000 tonnes, ce qui est trop peu. Pour séduire des investisseurs, nous préconisons de développer des centres de tri de plus grande taille mais en moins grand nombre. » Yves Decelle (Suez) 28 BECI - Bruxelles métropole - juin 2018 « Il faut donner des incitants à toute la filière » Il ne faudrait d’ailleurs pas uniquement développer les centres de tri mais recyclage À l’échelle européenne, la Belgique reste un exemple en matière de recyclage. Notre pays recyclerait pas moins de 38 % de ses déchets plastiques, ce qui la place au premier rang de tous les pays européens ! Idem pour les cartons, le verre, ou les déchets plus dangereux. « Notre pays avait anticipé les lois européennes », explique Fatima Boudjaoui, de chez Fostplus. « Nous avons établi un scénario unique, en choisissant de collecter les cartons, les plastiques ou même le verre via les bulles à verre. Ce défi s’est avéré payant, notamment d’un point de vue philosophique, mais également d’un point de vue économique, grâce à une prise de responsabilité de toute la filière. » La Belgique est même un point central au niveau mondial pour l’importation de certaines catégories de déchets : décontamination de transformateurs électriques aux huiles à Grimbergen, recyclage de métaux précieux (or, cuivre…) de certaines composantes à Gand, ou encore développement d’une filière de réutilisation de pièces détachées à Bruxelles. Des experts belges sont d’ailleurs régulièrement consultés par les pays étrangers dans le domaine du recyclage. Une preuve de plus que la Belgique pourrait être une belle terre d’accueil en la matière pour l’Europe ! plus généralement toute la filière. « Nous demandons aux autorités de donner un cadre légal », explique Yves Decelle, de chez Suez. « Pour prendre un exemple concret, les producteurs de voitures ou d’ordinateurs devraient avoir l’obligation d’utiliser un certain pourcentage de plastique recyclé dans les produits neufs, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. » Fatima Boudjaoui, porte-parole chez Fostplus, prône quant à elle un assouplissement des règles belges pour attirer de nouveaux investisseurs. « En Belgique, le gouvernement est plus strict qu’au niveau européen en matière d’obligations. Nous observons un grand intérêt d’investisseurs de premier plan pour s’installer chez nous. Des règles plus souples, ajustées à celle de l’Europe, pourraient les attirer. » Ingrid Bouchez, responsable communication chez Val-I-Pac, prône plus généralement « un changement de mentalité. Il faut une évolution économique mais également une évolution technique. Les producteurs d’emballage n’ont pas l’habitude de travailler avec une matière recyclée. Il y a encore de nombreuses possibilités pour la transformation. » Fatima Boudjaoui (Fostplus) Et qui dit terre d’accueil pour le recyclage dit forcément nouvelles perspectives d’emploi à la clé… ● D.R. D.R. © Dati Photography

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