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Quand la discrimination est intériorisée DIVERSITÉ L’intégration des personnes d’origine étrangère – notamment via l’emploi – est l’un des défis majeurs de nos sociétés. À l’heure où les cas de discrimination à l’embauche font couler beaucoup d’encre, il est crucial que les acteurs de terrain et décideurs puissent échanger leurs bonnes pratiques en matière d’embauche. Mais que faire quand le candidat intériorise des préjugés ? Qu’il sape lui-même sa candidature et ses chances de décrocher un job ? P arce qu’il permet d’échapper à la précarité et de participer à la vie de la société, l’emploi constitue un des outils majeurs d’inclusion. Différentes catégories de personnes d’origine étrangère n’ont toujours pas suffisamment accès aux emplois sur le marché belge. Forte de ce constat, la Fondation Roi Baudouin a réuni, fin 2015, les acteurs publics et associatifs en charge de la formation, de l’accompagnement et de la mise à l’emploi, ainsi que le monde de l’entreprise. But : favoriser les échanges pour déterminer les futures priorités d’action en la matière. De ces rencontres est née la brochure « Intégration, mode d’emploi – 15 recommandations 1 ». En effet, il y a urgence : « Alors que le taux d’emploi des hommes d’origine nationale (20-60 ans, en 2012) est de 76 %, pour les personnes des deux sexes originaires des pays européens non-membres de l’UE (et non candidats), d’Afrique subsaharienne et du Proche et Moyen-Orient, il est de moins de 50 %2 ». En Belgique, on a longtemps évité le débat sur la problématique d’insertion socio-professionnelle des personnes d’origine étrangère. À l’échelle européenne, il n’y a pas eu non plus de politique spécifique pendant de nombreuses années, la thématique étant alors perçue comme « politiquement incorrecte 3 ». Véritable enjeu humain, économique et sociétal, l’insertion de ces personnes sur le marché du travail peut, en outre, se révéler positive pour les pays d’accueil (main d’œuvre, richesse culturelle…). Mais alors, comment faire évoluer les mentalités des employeurs ? Quelques techniques éprouvées Une série de techniques de mise à l’emploi des personnes d’origine étrangère ont fait leurs preuves. Parmi celles-ci, on retrouve celle du « pied dans la porte », qui consiste à donner aux jeunes une première expérience en entreprise (stages, jobs étudiants), ce qui leur permet de « surmonter les freins à l’entrée sur le marché de l’emploi »4 . Travailler directement sur base des compétences réelles des candidats, et non sur les diplômes déclarés, apparaît également comme 1 https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2016/20160314AD 2 http://www.apefasbl.org/lapef/actions-et-projets/outils-non-discriminant-fiche-1 3 Idem – page 8 4 Idem – page 12 42 BECI - Bruxelles métropole - avril 2018 Annabelle Duaut Olivia P’tito (Bruxelles Formation) une solution porteuse. Une pratique que soutient Olivia P’tito, directrice générale de Bruxelles Formation. « L’an dernier, 43 % des personnes inscrites chez Actiris possédaient un diplôme non reconnu en Belgique. Ce n’est pas parce que ces diplômes ne sont pas reconnus en Belgique que les candidats n’ont pas de compétences. © Reporters © Thinsktock

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