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Comment mesurer le risque à l’exportation ? NABIL JIJAKLI, CEO DE CREDENDO Le 20 mars prochain, Credendo (ex-Ducroire), l’organe public d’assurance-crédit à l’exportation dirigé par Nabil Jijakli, animera un séminaire sur l’Afrique subsaharienne. L’occasion de faire un point sur la manière d’évaluer un pays à risque, en marge de considérations économiques, politiques ou sociales. Bruxelles Métropole : Exporter comporte parfois des risques. Comment les évaluer ? Nabil Jijakli : La meilleure des manières de le savoir, c’est de se servir d’un « rating », soit un système de cotation basé sur une série d’indicateurs, allant de la stabilité d’un pays à sa capacité à honorer ses dettes, en passant par l’état des finances publiques, l’inflation, etc. Ce dont nous nous servons d’ailleurs chez Credendo, car tout cela est très détaillé : 250 nations et régions sont concernées par cette clasLa principale crainte pour un exportateur, c’est de ne pas être payé. Et cela peut arriver dans 40 % des situations ! sification. L’Afrique, par exemple, est morcelée, les niveaux variant parfois fort d’une région à l’autre, certaines étant en conflit. Comme au Congo ou au Nigéria, avec Boko Haram. On imagine que ce type d’outil se doit d’être régulièrement actualisé ? Oui. Tous les trois mois, d’office ; mais dès le moment où il y a un changement politique, c’est réglé directement. Par exemple, si une sanction économique tombe quelque part, l’adaptation de la cote est immédiate ; de même en cas de coup d’État, d’attentat ou de révolution. Le processus est en fait permanent car, pour exporter, il est évidemment essentiel de savoir s’il y a un risque de guerre, ou une instabilité. Ce n’est pas pour rien que l’Organisation de coopération et de développement économique (l’OCDE) utilise ce modèle... Via cet outil, on peut donc savoir quand et où on peut commercer ? Oui, ce rating va de 1 à 7. À partir de 5, on sait qu’il s’agit d’être prudent, sans dire qu’on ne peut pas commercer. 24 BECI - Bruxelles métropole - mars 2018 D.R. Nabil Jijakli Car il y a une autre classification, au-delà des risques politiques : ce sont les risques de transfert. Là, il y a lieu d’évaluer si le débiteur peut avoir un souci de paiement. Il y a aussi les risques géopolitiques, comme en Afrique, au Moyen Orient ou même dans le monde occidental, à travers un cas comme l’Ukraine. Puis, il y a les risques liés au terrorisme et les risques actuels aux États-Unis, de par le caractère imprévisible de la nouvelle administration. Enfin, depuis deux ou trois ans, il y a la particularité de l’Afrique subsaharienne... C’est-à-dire ? Là-bas, on constate une augmentation par deux ou trois du risque. C’est lié d’abord à toute une série de pays, dans cette région notamment, qui, il y a plusieurs années, ont connu une suppression de leurs dettes par le Club de Paris. Les prix des matières premières, comme le pétrole, les David Hainaut © Thinsktock

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