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THINK TANK OPEN SOURCE Édouard Cambier, Co-Owner de Seed Factory et Président de la Belgian Workspace Association Coopérer : le début de la confiance Le monde change extrêmement vite, trop vite pour certains. Nous connaissons en ce début d’année une situation marquée par des troubles profonds. Il ne se passe pas un jour où un client, un collaborateur, un membre de ma famille me parle d’avant, du bon vieux temps. Un temps où, sans gros effort, le chiffre d’affaire gonflait de 10 % l’an. Un temps où une évaluation de fin d’année suffisait pour corriger la trajectoire d’un collaborateur, où les GSM étaient remplacés tous les 5 à 10 ans, et où il suffisait d’ouvrir le courrier du matin pour comprendre ce qu’il se passait dans sa société. Tout a changé et ceci va encore s’accélérer. Mais pourquoi ? « Les fondamentaux ont disparu ou sont en train de disparaître », me disait dernièrement Eric Winnen, directeur des affaires publiques au FNRS. Notre société a été construite sur des valeurs-ciment, des valeurs admises par tous comme le progrès, la conciliation, la modernité, la justice… Sans aucune critique, la société était fondée sur des institutions fortes, créditées d’un taux de confiance important, comme l’école, le médecin, la famille, la justice, la science, l’expert, le travail, l’église, le syndicat… La collectivité fonctionnait sur la base de normes acceptées par tous et grâce à des rôles clairement définis. Ce modèle linéaire, ce cadre, disparaît petit à petit. Ce qui effrite le modèle existant, ce sont les nouvelle technologies, la globalisation, le divorce, les fake news, les GAFA, un certain progrès scientifique, le reporting multidimensionnel et décentralisé, la finitude du monde, le bitcoin, la fin du roaming, la perte de nos « headquarters », la mise en concurrence fiscale des régions et des États, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, la concurrence avec la Chine, les GSM à table, le prix du ticket Ryanair, les migrants, les tweets de Trump, la menace nord-coréenne, la crise grecque, la démographie africaine, WhatsApp… Avec ce monde de plus en plus complexe, avec cette perte de repères, certains chefs d’entreprise et entrepreneurs ont peur. La société se décompose car elle est moins unie par le ciment du sens commun. D’où l’importance de se retrouver, se rassembler, recréer du lien, partager des projets et les construire ensemble. Coopérer. C’est ici que peut intervenir le co-working. Le co-working est pour beaucoup d’entrepreneurs bien plus qu’un lieu où l’on travaille. Ces espaces de travail sont un nouveau repère, une nouvelle famille, un lieu de confiance. Ce type d’espace est un lieu où l’entrepreneur pourra entreprendre de façon sereine et développer son « why ». Les cycles sociétaux s’accélérant tellement vite, il nous faut innover en permanence, trouver de nouvelles idées, de nouveaux produits, de nouveaux « designs » de services et de nouveaux canaux de communication. Comment voulez-vous faire cela tout seul dans votre coin ? Comment voulez-vous faire cela avec vos clients et vos fournisseurs, en direct, sans filtre ? Ce tiers-lieu est devenu tout doucement un endroit d’innovation ouverte. Un endroit où il ne fait pas peur d’entreprendre, d’innover, de tester de nouvelles techniques sans perdre la face, sans mettre toutes son innovation dans les mains de ses clients ou fournisseurs. À vrai dire, l’idée n’est pas neuve. Elle est même très vieille. La magnifique Grand-Place de Bruxelles, qui abritait certaines corporations dès le XVe siècle, n’est rien d’autre qu’un gigantesque co-working avant la lettre. C’est comme si vous aviez au même endroit une dizaine de co-working thématiques autour de la bière, de la dentelle, du grain, etc. Aujourd’hui, nous avons sur Bruxelles un nombre important de tiers-lieux abritant une excellence technique et technologique de niveau mondial. Nous avons compétences en fintech dans le centre de Bruxelles, du côté de Delta des compétences ICT, des compétences en médias et communication à côté de L’ULB/VUB. En face de Seed Factory, nous avons l’Icab avec un nombre très important de programmeurs, codeurs et spécialistes ICT. Du coté de Forest, il y a plusieurs pôles en ICT et communication. Du côté d’Evere, Anis Bedda anime un espace avec un axe sur la social innovation. Sans oublier le pôle médias que nous attendons tous du côté de Meiser pour 2022. Bon, pas de co-working Grand-Place pour le moment, mais nous n’en sommes pas loin ; ) BECI - Bruxelles métropole - février 2018 21 D.R.

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