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INTERNATIONAL Commerce international et droits humains : Bruxelles se veut exemplaire Plusieurs médias en ont fait écho le mois dernier : la Région bruxelloise a décidé d’annuler sa participation à une mission économique en Birmanie. Au-delà de cet incident, Bruxelles veut donner l’exemple d’un commerce international responsable, qui prenne davantage en compte les droits de l’homme. David Hainaut et Emmanuel Robert S i l’on connaît l’utilité et les bienfaits des missions économiques, celles-ci peuvent parfois être rattrapées par l’actualité internationale. Ainsi, depuis la fin août, l’ONU et d’autres organisations internationales, en marge de publications de rapports et d’enquêtes, ont dû mettre le doigt sur les violences (extrêmes) commises par l’État birman à l’égard d’une minorité musulmane, les Rohingyas. Avec des répercussions chez nous, puisque ces événements ont été évoqués dans la foulée au Parlement bruxellois, au moment où BI&E (Brussels Invest & Export) terminait la longue préparation d’un déplacement en Birmanie, prévu au mois de novembre en collaboration avec l’Awex. Une mission à laquelle BI&E a finalement choisi de ne pas prendre part. Après l’évaluation de cette situation particulière – on évoque tout de même ici une catastrophe humanitaire –, Cécile Jodogne, Secrétaire d’État bruxelloise au Commerce extérieur, a tenu à rappeler l’importance du respect des droits de l’homme : « Il est évident que toutes nos actions en matière de commerce extérieur, aussi essentielles soientelles, doivent tenir compte autant que possible de la situation des droits humains. » Dans un passé récent, on rappellera qu’en 2016, BI&E s’était déjà retirée d’une mission économique en Turquie, dans un contexte de crise politique, tandis qu’une autre mission, prévue aux Philippines en mai dernier, avait été annulée suite à certains dérapages du président de ce pays. Plan pour un commerce extérieur responsable Au-delà de ces quelques cas, c’est un véritable « plan global » pour un commerce extérieur plus responsable, intégrant à la fois la durabilité et les droits humains, que veut mettre en place la Secrétaire d’État. Au niveau belge, un « plan d’action national » existe déjà depuis peu – le gouvernement fédéral l’a entériné en juillet dernier. Fruit d’un accord entre fédéral et Régions, ce plan traduit les « Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme » développés par les Nations Unies. Dans la foulée, une « boîte à outils ‘entreprises et droits de l’homme’ » est attendue en 2018. La Région bruxelloise veut donner l’exemple dès à présent, en intégrant la prise en compte des droits humains dans les pays d’exportation, et en travaillant parallèlement à la sensibilisation des entreprises exportatrices. Concrètement, BI&E tiendra compte de la situation des droits de l’homme ses missions économiques. Cela ne se traduira pas forcément en annulation (comme aux Philip24 BECI - Bruxelles métropole - décembre 2017 pines) ou en abstention (comme en Birmanie) : il existe tout un éventail de réponses selon les situations locales, allant du maintien de la mission en l’absence de la Secrétaire d’État – ce qui lui ôte sa dimension politique –, jusqu’au rappel temporaire des attachés économiques et commerciaux en cas d’insécurité. Pas question pour autant de couper les ponts : maintenir la relation est plus constructif que d’isoler les pays en question. Le second volet est donc celui de la sensibilisation des entreprises au développement durable, qui inclut la protection des droits humains. Une sensibilisation qui passera par la diffusion d’informations et par un travail de terrain, auprès des attachés comme des stagiaires et entrepreneurs participant aux programmes de BI&E – et notamment, on y revient, dans le cadre des missions économiques. « À une époque où l’amélioration des conditions de vie, le respect des droits humains – incluant ceux économiques et sociaux – et la prospérité sont considérés comme indissociables, beaucoup d’entre nous observent que le respect du droit de vivre en sécurité et de l’intégrité de l’individu par le pouvoir en place sont des conditions cruciales pour un développement économique durable », commente Mme Jodogne, tout en sous-entendant les enjeux futurs autour de l’image bruxelloise : « Je reste convaincue des vertus des échanges commerciaux responsables avec nos pays d’exportation, en marge du soutien que je porte à l’entrepreneuriat bruxellois responsable. » ● © Thinsktock

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