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BRUSSELSLIFE Sophie Wéry, costumière du Manneken-Pis LE BRUXELLOIS DU MOIS Sophie Wéry, 26 ans, a déjà réalisé une vingtaine de costumes pour le petit bonhomme le plus connu de Bruxelles. Chaque nouveau patron est un nouveau défi car tout doit être calé au millimètre près, et pas question de demander au Manneken-Pis de lever la jambe pour enfiler son pantalon. Rencontre. « Le folklore bruxellois a toujours fait partie de ma vie et il faut continuer à informer les gens qu’il existe. » Fille des créateurs du Cercle de la Cambre, Sophie Wéry s’est formée au stylisme à la Haute École FranLE SAVIEZ-VOUS ? On peut observer un ancien bras de Senne à deux pas de Saint-Géry. Le saviez-vous? En pénétrant dans l’ilot Saint-Géry par les n°21-23 de la place du même nom, on peut observer un ancien bras de la Senne, qui coulait à ciel ouvert dans le centre de Bruxelles jusqu’en 1871. Mais ne vous y méprenez pas, c’est en fait une reconstitution. Eh oui, Bruxelles est née sur les berges de la Senne ! Seulement, au 19e égout à ciel ouvert. Débordant en hiver et ne pouvant charrier les tonnes de détritus qu’elle portait durant les sécheresses d’été. Entre 1867 et 1871, Jules Anspach, bourgmestre de l’époque, décide de son voûtement sous le boulevard qui porte son nom. Depuis 1955, la Senne ne passe plus sous le fameux boulevard mais suit la petite ceinture à partir de la gare du Midi jusqu’à la place Sainctelette avant de continuer son trajet souterrain jusqu’au pont Van Praet. Mais à Saint-Géry, on peut encore s’imaginer le centre-ville bruxellois d’il y a 300 ans, l’odeur et les déchets en moins. siècle, la rivière est devenue un Victor Lepoutre cisco Ferrer. Elle confectionne aujourd’hui jusqu’à quinze costumes par an pour le Manneken-Pis. Début 2016, elle sauve la mise… à une amie professeure de son ancienne école où elle étudiait la couture, l’institut Bischoffsheim. Le costume réalisé par sa classe à l’occasion de la Journée internationale de la Paix ne convient pas au commanditaire, l’asbl CAPD, qui souhaitait des matières plus naturelles. Sophie confectionne alors un nouvel habit fait de laine, de cuir et de coton. Une première œuvre qui plait à l’association des Amis du Manneken-Pis et à l’ancienne couturière, attentive à celle qui prendrait sa succession. S’en suivent près d’une vingtaine de réalisations : les toges des cercles étudiants des hautes écoles et de l’ULB, le costume traditionnel du Venezuela, ou plus récemment le costume de Gaston Lagaffe. Un challenge continuel, car on n’habille pas le Manneken-Pis comme on habille une vulgaire poupée. Celui-ci a les pieds collés au sol, les mains collées au buste et à la bistouquette. Il convient donc de prévoir des ouvertures à l’arrière du vêtement que l’on referme avec des velcros. Et ce n’est pas tout ! Le costume de Michel Polnareff a également donné du fil à retordre à Sophie « avec ses paillettes qui faisaient casser l’aiguille de la machine à coudre ». Ou encore le costume du Schtroumpf dont la capuche à également fait appel à ses talents de couturière. Mais la jeune Bruxelloise apprécie ces défis. Dernièrement, elle a actualisé le costume de Handicap International dont la première version avait été offerte en 1994. L’ONG souhaitait que la nouvelle version représente mieux son activité de déminage qui prédomine aujourd’hui. Une opportunité pour la jeune couturière de faire travailler son imagination pour créer une imitation du kevlar, en rembourrant une armure de coton avec de la mousse. Mais aussi de se mettre à la recherche d’accessoires particuliers comme un casque qu’elle rembourrera également de mousse, ou un détecteur de métal pour enfant qu’elle raccourcira. Si on lui laissait le choix, Sophie confectionnerait un costume de petit singe au « Petit Julien » pour répéter l’expérience du bonnet phrygien, « trop mignon sur le costume de schtroumpf ». De même, confectionner un costume du Petit Prince enverrait la jeune styliste dans les étoiles. Il lui restera à trouver un lien entre Bruxelles ou la Belgique et Antoine de Saint-Exupéry. Victor Lepoutre BECI - Bruxelles métropole - novembre 2017 61

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