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THINK TANK L’INVITÉ Philippe Close : « Je veux un Bruxelles qui va gagner ! » Il a la pêche, le sourire, l’amabilité, les idées, et il parvient à transmettre tout cela dans une parole inspirée. Pour une ville qui a trop souvent manqué d’ambition et dont les maîtres, alternance de Quick & Flupke folkloriques et des Rois-Soleils distants, n’ont jamais vraiment réussi à présenter l’image qu’elle mérite, c’est une bonne nouvelle. Interview par Didier Dekyeser Bruxelles Métropole : En quoi serez-vous un bourgmestre socialiste ? Le pragmatisme lié à la fonction n’efface-t-il pas les divergences idéologiques ? Philippe Close : Comme me le disait récemment Alain Juppé, maire de Bordeaux, « Il n’y a pas des tramways de gauche et des tramways de droite » ; mais en matière de politiques publiques, oui. La mienne sera éminemment sociale, dans le sens où j’entends intégrer tous les courants dans mon action et faire réussir un projet de ville coproduit par tous. Ma première réforme d’envergure en tant que bourgmestre a porté sur la gouvernance : elle s’est faite avec les huit autres formations politiques. Il était dans l’intérêt de tous d’envoyer un signal clair aux électeurs… Sans aucun doute, mais cela ne rendait pas la méthode indispensable. Pour moi, une ville, ça se coproduit et ce sera sans doute le mot-clé de ma législature. Je souhaite coproduire, avec les divers représentants que les électeurs ont choisi, et avec les Bruxellois eux-mêmes, une ville qui offre une administration irréprochable et efficace, qui propose à tous des services publics de qualité et proches (pas plus de dix minutes de trajet pour une école, une crèche, un hôpital…), qui ose vanter ses atouts et se projette dans l’avenir. Coproduire, c’est discuter. M. Mayeur est passé en force avec son projet de piétonnier : avait-il tort ? À Bruxelles, on s’enlise toujours dès qu’il s’agit d’un projet constructif – voyez le tunnel Meiser ou la passerelle pour tram de Tour et Taxis. 12 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2017 L’aboutissement d’un projet attend parfois – souvent – plusieurs années, en effet ; sept ans en moyenne ! Mais une concertation plus organisée peut raccourcir significativement les délais. Il ne s’agit pas non plus d’être en concertation permanente. De nombreux quartiers ont été rénovés et une classe moyenne y jouxte maintenant une population parfois très pauvre ; des start-up éclosent rue de la Loi quand des jeunes sans qualification végètent dans le bas du pentagone ; économiquement, urbanistiquement, socio- démographiquement…, Bruxelles est un feu d’artifice. Comment cela se gère-t-il ? Des quartiers très bien rénovés attirent de nouveaux habitants ; beaucoup d’expats, français notamment, qui viennent s’installer au centre attirés par l’ambiance de Bruxelles et la qualité des services. Une part croissante des 100.000 étudiants que compte la Région afflue chez nous ; l’explosion démographique est particulièrement sensible dans notre vaste commune qui compte près de 180.000 habitants – chiffre proche du pic historique du début du siècle. Il est vrai aussi que c’est la commune de la Région où la diversité des profils socio-économique est la plus importante. Tout cela pose, notamment, l’enjeu redoutable de l’adaptation de notre offre globale de service public, qui doit rencontrer des demandes très diverses. Mais cette diversité, cette vitalité, c’est une chance inouïe ! D’abord, elle n’est pas le fruit du hasard : si on compte aujourd’hui 182 nationalités sur notre sol, 1500 organismes internationaux présents, des centres de décision majeurs comme l’UE et l’Otan, c’est parce que Bruxelles est un hub naturel grâce à sa position géographique, mais aussi grâce à l’esprit bruxellois qui est ouvert à cette fonction. Bruxelles, c’est sans doute la ville la plus internationale du monde, c’est une ville-monde, en fait ! Normal donc qu’elle soit diverse, cosmopolite, remuante. © Reporters

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