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Marc Lambotte : « l’automatisation crée de nouveaux emplois. » coûts salariaux trop élevés : au lieu d’être délocalisée, l’usine reste dans notre pays et peut, grâce aux solutions d’automatisation, répondre de manière plus flexible aux demandes des clients locaux et devient surtout sensiblement plus productive. Des emplois disparaissent aussi à cause de l’innovation technologique. Dans le passé, ma mère a travaillé dans un lavoir. Puis, la machine à laver est arrivée sur le marché et elle a trouvé un autre emploi. Nous pourrions qualifier une telle évolution de technologie disruptive. Aujourd’hui encore, nous observons les (r)évolutions technologiques avec anxiété. Prenons l’exemple des ‘self driving technologies’ : dans le secteur des transports, de nombreuses personnes perdraient leur emploi à cause de ces technologies. En fait, on va pouvoir rouler beaucoup plus et donc fournir davantage de services. De nouvelles opportunités et fonctions vont graviter autour de ces services. Les nouvelles technologies sont source de progrès et de nouvelles activités, et donc aussi de nouveaux emplois. À titre d’exemple, sachez que les 16 entreprises belges que nous venons de récompenser pour avoir mené à bien leur transformation numérique ont vu leur personnel augmenter de 11 % ! » Toujours plus d’emplois? Des budgets « recherches et développements » et des investissements privés conséquents dans la robotisation devraient participer significativement à la croissance pendant les années à venir, tout comme les gains de productivité que promet l’abaissement du coût marginal de production ; et jusqu’à présent, croissance rime avec emploi. Des avis discordants s’expriment cependant quant à la survenance d’un avenir si radieux. D’aucuns relèvent d’un scepticisme attentiste face à ce qu’ils estiment trop beau ou trop enjolivé pour être accepté comptant : « (…) les chiffres publiés sur la création d’emplois liée au numérique ont été fournis par des cabinets privés s’appuyant sur des données transmises par des fédérations ou des associations professionnelles de la filière. L’absence de validation par la statistique publique ainsi que des interrogations soulevées sur les méthodes de calcul ont pu donner lieu à des contestations. »2 La densité moyenne de robots industriels dans le monde est de 66 unités par 10.000 emplois. Les disparités importantes donnent une idée de la progression possible pour certains pays sans même qu’il y ait une avancée technologique ; avec celleci, par contre, cette moyenne pourrait rapidement évoluer. (Source : ifr.org, chiffres 2014) D’autres, plus radicaux, dessinent une ère numérique qui ne portera qu’une faible croissance et, surtout, sera à terme destructrice nette d’emplois. Ainsi, le Cabinet de conseil Roland Berger annonce un impact négatif dans pratiquement tous les secteurs où la robotique et l’automatisation vont faire leur entrée, les nouvelles tâches liées au numérique ne compensant qu’une perte d’emploi sur six, dont une part ne sera qu’à faible valeur ajoutée car dédiée à la maintenance technologique : « La robotisation pourrait être aux cols blancs ce que la mondialisation fut aux cols bleus. Elle va toucher les classes moyennes, y compris les classes moyennes supérieures, c’est-à-dire certaines professions intellectuelles, dont on va pouvoir automatiser certaines tâches, comme les comptables, les juristes, les journalistes… La machine saura faire sans l’homme à très court terme. » 3 Un responsable d’un grand garage bruxellois : « On assiste à la disparation de la plupart des garages car la conception des voitures a changé : grâce à leurs machines-outils extrêmement efficaces, les constructeurs produisent des voitures de bien meilleure qualité qu’autrefois. On ne tombe pratiquement plus en panne de nos jours – les constructeurs pourraient même faire en sorte qu’une voiture ne tombe plus du tout en panne – et si c’est le cas, l’intervention consiste de plus en plus à changer une partie spécifique de la mécanique plutôt que de réparer la panne comme on le faisait autrefois. Il est clair que le constructeur prélève le revenu que le garagiste avait autrefois sur la réparation et se l’accorde sur la vente de la pièce détachée. On peut imaginer qu’à l’avenir, il n’y ait plus de garagistes du tout mais que les véhicules seront rapatriés sur des chaînes de (re)montage où la pièce sera changée par une machine-outil. Alors, oui, il y a des nouveaux rôles à pourvoir chez les constructeurs, mais voyez combien de garages subsistent en Région bruxelloise… » 2. Michel Sapin, http://travail-emploi.gouv.fr, le 15 janvier 2014 3. Charles-Édouard Bouée « Confucius et les automates » et Hakim El Karoui, http://www.lejdd.fr/Economie/Les-robots-vont-ils-tuer-la-classe-moyenne-696622 4. Voir Financial Times 18/03/2017 Robot chefs battle for place on $783bn menu 17 R.A.

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