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Le Business Mediation Summit s’est déroulé fin janvier à Bruxelles. BUSINESS MEDIATION SUMMIT La médiation, source de créativité sans précédent Les conseillers juridiques rechignent souvent à recommander la médiation à des chefs d’entreprise confrontés à des litiges. Œillères, peur du changement ou méconnaissance du domaine ? Quelques participants au dernier Business Mediation Summit (BMS) se prononcent sur la question. Peter Van Dyck L a quatrième édition du Business Mediation Summit, fin janvier à Bruxelles, a tenté une fois de plus de promouvoir la médiation en tant qu’alternative à une procédure judiciaire chronophage et onéreuse. Nous avons rencontré quelques-uns des orateurs : Pierre Schaubroeck (président de l’entité organisatrice bMediation), Patrick Van Leynseele (médiateur et avocat associé chez Daldewolf) et Inge Geerdens (CEO de l’entreprise informatique CVWarehouse). Ils ont débattu avec nous des idées qui ont émergé durant le BMS. La Vlerick Business School a présenté lors du sommet une enquête qui illustre la profondeur du fossé entre les chefs d’entreprise et leurs conseillers juridiques. Entrepreneure depuis 15 ans déjà, Inge Geerdens n’en revient pas : « Pourquoi les juristes adoptent-ils si peu le point de vue de l’entrepreneur ? Celui-ci n’a que faire de tout ce ramdam autour de différends : il veut avant tout éviter de gaspiller du temps et de l’énergie. Bizarrement, leurs conseillers ne semblent pas s’en rendre compte. » Les juristes portent-ils des œillères ? « L’entrepreneur doit tenir compte d’innombrables personnes – collaborateurs, clients, prospects... – et s’ouvre d’office à des visions multiples », déclare Inge Geerdens. Elle est donc sidérée du peu de sens des responsabilités des conseillers, que révèle l’enquête Vlerick. « Il est inconcevable qu’ils estiment que les entrepreneurs n’ont qu’à tout savoir, y compris les possibilités de la médiation. Leur rôle n’est-il pas de nous informer ? » Elle est choquée d’apprendre que les conseillers juridiques pourraient privilégier les procédures judiciaires parce que plus « juteuses » en honoraires. Patrick Van Leynseele lui donne raison et met en garde : « Celui qui estime que la médiation résout trop vite les conflits et génère trop peu d’honoraires pèche par imprévoyance. L’avocat qui réfléchit à long terme sait que les solutions durables sont synonymes de clients satisfaits. » Cache-cache M. Van Leynseele se montre peu indulgent envers les juristes d’entreprise qui s’abritent derrière la responsabilité finale du CEO. « J’entretiens de nombreux contacts avec des services juridiques en entreprise ; assez pour en retenir l’impression que les juristes regardent souvent ce que font les autres – une sorte de politique du parapluie ou un jeu de cache-cache auquel les avocats s’adonnent aussi, de temps à autre. » Les entrepreneurs n’ont que faire de conseils flous. Si le juriste ne veut pas prendre position et que l’entrepreneur n’a pas les connaissances voulues pour mesurer les conséquences d’une décision, on n’a pas avancé d’un iota. « Du temps où j’étais juriste d’entreprise, j’avais affaire à des avocats qui présentaient trois alternatives et qui estimaient qu’il revenait au client de choisir », se souvient M. Schaubroeck. « Notre département juridique examinait alors les avantages et inconvénients de chaque formule et, bien souvent, aucune ne sortait du lot, aucune n’était sans risque. Mon critère, dans le conseil à mon employeur, était de trouver l’alternative qui présentait le moins de risques de complications juridiques ultérieures. Le juriste d’entreprise est censé connaître l’entreprise de fond en comble. La décision finale incombe au chef d’entreprise, mais elle s’appuie sur une concertation avec le juriste et l’obtention d’un consensus. » BECI - Bruxelles métropole - avril 2017 35 © Studio Dann

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