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Mythes et vérités sur l’entrée en bourse • « C’est trop coûteux » est un reproche souvent entendu par les entrepreneurs. « Une entrée en bourse doit être vue comme un investissement marketing car, outre des fonds pour grandir, l’entreprise gagne en visibilité. La bourse rassure les clients, le personnel, les fournisseurs », répond Alain Baetens. Frédéric Desonnay (Emakina Group) certaines levées de fonds. Un autre public potentiel est celui des sociétés familiales en plein développement, très présentes à Bruxelles. » Emakina : la bourse comme moteur de croissance Ce pas, Emakina l’a franchi il y a plus de dix ans déjà. La PME bruxelloise, entrée sur Alternext en 2006, est entretemps devenue un groupe international indépendant de près de 800 personnes, dans 15 bureaux et 9 pays. « Dans la course à la taille qui anime le secteur du digital, le chiffre d’affaires du groupe a été multiplié par 15 », explique le directeur financier d’Emakina Group, Frédéric Desonnay, pour qui l’introduction en bourse a contribué très significativement à cette croissance. « En effet, en 2006, il n’était pas aussi facile que maintenant de convaincre des banquiers ou investisseurs institutionnels d’investir dans une start-up ‘digitale’ de quelques 50 personnes. La bourse nous a aussi amené de la visibilité, ce qui est toujours appréciable pour une agence ‘marketing’. Enfin, au-delà de l’apport de fonds initial, la bourse nous a permis de mener une politique de croissance externe plus aisée, en rémunérant une part non négligeable de nos investissements en actions. Sans la cotation, il est certain que la part payée en titres aurait été significativement moindre, car beaucoup moins attractive et liquide. » Frédéric Desonnay ne le cache pas, l’entrée en bourse a nécessité de sérieux efforts en interne : « Elle a surtout amené de la rigueur et de la transparence au niveau de nos processus de gestion et de bonne gouvernance, ce qui constituait une base indispensable à notre objectif affiché de forte croissance. Nous avons dès lors renforcé notre management exécutif au niveau du groupe et notre conseil d’administration. Nous avons également investi dans un logiciel de gestion, de reporting et de vente intégré, afin de garantir un niveau de contrôle interne adéquat. » Mais il ajoute aussitôt que le marché Alternext offre par ailleurs une réglementation plus flexible que son grand frère Euronext (publication semestrielle et non trimestrielle, par exemple), donc des coûts plus adaptés à la taille d’une PME. Plus d’avantages que de contraintes L’entrée en bourse a-t-elle modifié l’ADN de l’entreprise ? « Pas fondamentalement », répond Frédéric Desonnay. « Je dirais même, au contraire, que nous sommes plus que jamais pilotés, dans l’essentiel de nos entités, par les fondateurs et managers historiques. Le succès de notre croissance, externe, ne se limite pas à des opérations • « Je perds le contrôle ». Certes, la bourse force à une certaine transparence, toutefois moins extrême que ce que d’aucuns l’imaginent (du moins pour les marchés simplifiés). Alain Baetens : « Une entrée en bourse est un moyen d’assurer une certaine pérennité à l’entreprise, avec l’avantage d’apporter de la liquidité. À cet égard, elle est bénéfique autant aux fondateurs qu’aux investisseurs et in fine à la survie de l’entreprise. Mais elle implique une vision à relativement long terme, à l’opposé de certains entrepreneurs de start-up qui veulent réaliser un ‘exit’ après trois ans. » Sachez tout de même que les frais d’une entrée en bourse (banques, avocats, auditeurs...) peuvent peser jusqu’à maximum 10 % du montant qui sera levé. « Euronext ne représente que max. 5% de ces frais. » • « Ça bouffe du temps ». Alain Baetens ne nie pas le côté chronophage : « Il faut que le management soit disposé à consacrer du temps et que celui-ci ne soit pas considéré comme bloquant pour les autres activités. La bourse doit au contraire avoir un effet d’entraînement. » Sur les ventes, le marketing, les RH, etc. d’acquisition rondement menées mais résulte aussi de l’art d’intégrer ces nouvelles structures sans détruire de valeur. » Alors que d’autres (Spadel, Pairi Daiza) ont fait l’actualité en quittant la bourse, Emakina, au contraire, est restée. « La balance des avantages de la cotation par rapport aux contraintes est clairement favorable au maintien d’Emakina Group en bourse, dès lors pourquoi sortirions-nous ? » En quête d’intermédiaires Pour que cet exemple en inspire d’autres, l’un des défis pour Euronext Brussels est désormais de faciliter l’émergence d’un marché d’intermédiaires, qui accompagnent les PME dans leur entrée en bourse. Alain Baetens reprend : « En France, il existe ainsi un marché très dynamique d’une dizaine de ‘brokers’ qui facilitent des cotations en bourse pour des entreprises dont le chiffre d’affaires est inférieur à 10 millions d’euros. » L’institution bruxelloise compte elle-même proposer des services de préparation du management, pour aider notamment les dirigeants d’une PME à présenter un dossier solide à la banque. On peut dès lors espérer qu’Emakina se sente bientôt un peu moins seule sur les tablettes d’une institution qui, pour les distraits, a quitté le prestige suranné du Palais de la Bourse, pour la modernité d’un open space à proximité de la Gare Centrale. Parmi ses voisins figure l’accélérateur pour start-up Co.station. Tout un symbole. ● BECI - Bruxelles métropole - avril 2017 27 © R.A.

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