27

TOPIC Il observe que la volonté politique pour soutenir ces modèles a existé, notamment durant l’ère Verhofstadt, mais que la concrétisation s’est mal passée. « À l’époque, on est allé pêcher ce qui se faisait de mieux en France, en Angleterre, en Allemagne, puis on a passé le tout au shaker : cela a donné un monstre légal qui a été utilisé par moins de 5 entreprises depuis son lancement en 2001. » Pour Marc Mathieu, les plans d’actionnariat salariés peuvent très clairement servir de mode de financement, surtout pour les plus petites entreprises : « Aux États-Unis, par exemple, il y a un mécanisme spécifiquement adapté, qui est extrêmement populaire auprès des startups et des petites entreprises. Elles y ont très fréquemment recours pour financer leur croissance. Pour les autres, l’intérêt se situe plus au niveau de la motivation, de la fidélisation des employés, et cela renforce généralement aussi leur productivité. » Easi, apôtre wallon de l’actionnariat salarié On pourra citer l’exemple du groupe Easi, champion wallon du logiciel, sacré meilleur employeur de Belgique en 2015 et 2016. Le CEO du groupe, Salvatore Curaba, souligne fréquemment que plusieurs dizaines de ses employés sont actionnaires du groupe : « Cela change complètement la culture d’entreprise. Nous n’avons que peu de départs chez Easi ; même les plus jeunes employés sont réellement incités à rester lorsqu’ils deviennent actionnaires. Ils se sentent investis et partagent un projet commun ; l’entreprise devient un projet de vie ». « Plus globalement, je considère qu’il faut se débarrasser de cette logique qui veut que la direction, les fondateurs, doivent absolument conserver le contrôle sur le capital, alors que les salariés participent aussi au destin de l’entreprise », insiste Salvatore Curaba, qui vend d’ailleurs ses propres actions aux salariés. « Il n’est pas question ici de financer l’entreprise, mais de la construire autrement : à force de vendre mes actions aux salariés, je ne serai un jour plus majoritaire (une quarantaine de salariés d’Easi détiennent actuellement 38 % de l’entreprise), mais c’est loin d’être dramatique. Si je n’avais pas fait ce choix, nous serions sans doute aujourd’hui une société de 60-80 personnes, nous n’approcherions pas les 200 employés. » À noter qu’il faut être actif chez Easi depuis au moins deux ans pour pouvoir prétendre à l’achat d’actions. Mais surtout, « le salarié doit obtenir une bonne cote lors d’une évaluation que nous avons mise en place, et qui porte exclusivement sur les valeurs portées par l’individu et par l’entreprise », ajoute le CEO, qui envisage de créer une fondation pour populariser ce modèle de gestion. « Il y a vraiment du travail parce que ce type de modèles ne perce pas encore en Belgique, faute d’incitants, mais surtout pour des questions de mentalité ». L’avantage en termes de ressources humaines est donc évident, même si la mise en place de tels dispositifs n’est pas toujours des plus simples et peut créer des tensions entre salariés actionnaires et non-actionnaires. Par ailleurs, peut-on vraiment considérer ces mécanismes comme un véritable mode de financement de l’entreprise ? Il semblerait que l’effet de financement reste souvent marginal ; les montants investis par les salariés, hors cadres supérieurs, restant généralement faibles. Là où, par contre, le dispositif a déjà fait ses preuves à l’étranger, c’est dans le sauvetage d’entreprises en difficulté. En France et en Espagne, de nombreuses entreprises au bord de la faillite et/ou lâchées par leur maison-mère ont été reprises par les employés. Des reprises parfois intégrales ou, le plus souvent, soutenues par un partenaire financier. On citera notamment les exemples célèbres de la maison de lingerie Lejaby, dont les ateliers ont été repris par plusieurs associations de salariés, avec des fortunes diverses. En Espagne, surtout, la mise en place d’un système de sociétés coopératives d’employés, destiné spécifiquement à ce cas de figure (et qui n’existe pas en tant que tel en Belgique), aurait permis le sauvetage de plusieurs milliers d’entreprises ces cinq dernières années. ● Salvatore Curaba, CEO du groupe Easi Nos atouts : • 50 ans d’expérience dans les RH • Notre base de données connectée au VDAB pour la sélection de candidats bilingues • Une sélection sur les compétences et non les diplômes • Des compétences validées par la prise de références systématique CONTACTEZ NOS AGENCES DE BRUXELLES ( 02 502 32 99 Square Sainctelette 1-3 1000 Bruxelles bruxelles@konvert.be www.konvert.be VG.343/BU • 00158-406-20121029 • 00158-405-20121029 BECI - Bruxelles métropole - avril 2017 25 © R.A.

28 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication