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ENTREPRENDRE TRANSITION Vincent Callebaut marquera-t-il Bruxelles de son empreinte ? L’architecte belge Vincent Callebaut nous avait habitué à d’impressionnants projets dans les pays asiatiques ou du Proche-Orient, mais aussi aux États-Unis ou dans les pays nordiques. Le revoici en quelque sorte de retour au bercail avec un projet qui concerne cette fois le site de Tour & Taxis. Mais Bruxelles est-elle prête ? Johan Debière L es conférences ont ceci d’intéressant qu’elles permettent parfois à deux personnalités de se rencontrer. En l’occurrence, c’est après une présentation de son travail demandée il y a deux ans par Extensa, filiale de promotion immobilière d’Ackermans & van Haaren (AvH), que Vincent Callebaut a rencontré Luc Bertrand, le président du conseil d’administration d’AvH. Intéressé par sa démarche, celui-ci lui a demandé de réfléchir à un projet out of the box qui pourrait se déployer sur le site de Tour & Taxis, propriété d’Extensa. « Je me suis mis au travail avec d’autant plus d’intérêt que je connais cette vaste zone où j’ai vécu pendant mes études », nous a confié Vincent Callebaut. Avec une réflexion intéressante nourrie par un sentiment de nécessité ; celle de « faire revenir le centre de gravité de la Région du quartier européen vers cette zone du canal qui le mérite bien ». De l’esprit foisonnant qu’on lui connaît est sorti un projet aux antipodes de ce que l’on a l’habitude de trouver en Région bruxelloise. Avec d’une part un ensemble de trois « forêts verticales » résidentielles de 100 m de haut et s’étendant sur une surface totale de 85.000 m², et d’autre part, un projet portant sur les 50.000 m² de la Gare Maritime transformée en un « biocampus » avec espaces multifonctionnels dédiés au commerce, à des espaces de bureaux et à des équipements collectifs. À l’arrivée, le projet présenté a quelque peu désarçonné ceux qui découvraient peut-être pour la première fois la patte très caractéristique et pas forcément consensuelle de l’architecte. Son projet est certes marqué, aux antipodes des immeubles plutôt rectilignes auxquels Bruxelles nous a habitués depuis longtemps, mais conforme à son style. En outre, il lui avait été expressément demandé de créer un projet original, qui réinvente l’architecture bruxelloise souvent basée sur une rentabilité immobilière immédiate et qui « tranche avec la forme des boîtes à chaussures posées les unes à côté des autres, comme on les retrouve trop souvent sur le territoire de Bruxelles-Capitale », explique-t-il. En résonance avec les maillages Bien sûr, malgré l’espace disponible sur le site, le caractère grandiose du projet donne l’impression de « manger » ce qui reste de l’espace. Habituée aux questions liées à l’urbanisme, à l’architecture et à la promotion 30 BECI - Bruxelles métropole - mars 2017 immobilière, la conseillère en urbanisme de BECI Lise Nakhlé se dit heureuse à l’idée que l’architecte belge puisse enfin déployer son art sur la terre qui l’a vu naître, plutôt qu’à l’autre bout du monde. Bien sûr, le projet répond à des préoccupations importantes comme l’utilisation raisonnée des ressources, la présence du vert dans la ville, mais « était-il nécessaire de faire du Vincent Callebaut précisément à un endroit déjà occupé par des bâtiments qui ont leur logique et leur histoire propres ? », s’interroge-t-elle. Et d’ajouter qu’une zone encore vierge aurait sans doute été préférable pour laisser à l’architecte la possibilité de déployer tout son art. Encore qu’avec la verdure qui caractérise sa démarche et l’omniprésence de l’élément aqueux, l’architecte belge fait joliment résonner, à cet endroit qui jouxte le canal, une réflexion intéressante des « maillages » initiée par Bruxelles Environnement et auxquels Eric Schamp, le directeur général adjoint de Bruxelles Environnement, est particulièrement attaché. Une réflexion qui inscrit dans un seul et même projet démarche architecturale, respect de l’environnement, développement économique et social. Sur ce dernier point, il est d’ailleurs utile de préciser que les coûts ne dépassent pas 1.200 €/m², aménagements durables compris, « ce qui autorise un abaissement substantiel des charges locatives » conclut l’architecte qui, s’il a bien la tête dans les étoiles, semble aussi avoir les deux pieds sur terre.. ● Info : http://vincent.callebaut.org © R.A.

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