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INTERNATIONAL Les entreprises européennes vont-elles rater le virage africain ? L’aversion au risque anesthésie la plupart des entreprises européennes face à l’Afrique, nouvelle frontière de la croissance mondiale. Au cours des 15 dernières années, la Chine et les États-Unis ont pratiquement organisé une autre « conférence de Berlin » sur le marché africain, reléguant l’Europe au statut de témoin assisté. L’ administration Obama a été la première à reconnaître que l’Afrique n’a plus besoin d’aide, mais de business... En août 2014, lors du US-Africa Business Forum, Washington a débloqué 7 milliards USD de nouveaux financements pour promouvoir le commerce et les investissements sur le continent. Des accords d’un montant de 14 milliards USD ont été signés entre des multinationales américaines et plusieurs États africains dans les secteurs de la banque, des bâtiments et travaux publics, de l’aviation et des énergies renouvelables. Premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 2009, la Chine a continué à fournir de l’aide, mais en l’utilisant comme outil d’influence dans les affaires, voire comme une arme de guerre économique. Avec près de 3000 entreprises présentes dans 52 des 54 États africains, la Chine compte franchir la barre des 400 milliards USD d’échanges commerciaux avec l’Afrique en 2020. Et bien que l’Union Européenne (UE), dans sa globalité, reste son principal partenaire commercial, les échanges du continent africain avec l’Asie ont augmenté de 22 % entre 2001 et 2011, contre 15 % avec l’UE. Dans l’intervalle, la Chine et les États-Unis ont pratiquement organisé une autre « conférence de Berlin » sur le marché africain, reléguant les sociétés européennes au statut de témoin assisté. Attirante mais risquée ? L’hôpital n’est plus ce qu’il était. S’il se moque de la charité, c’est parce qu’il a désormais des impératifs de rentabilité. Ainsi va l’Afrique moderne : croissance (5 % en moyenne annuelle de 2000 à 2015, selon la Banque mondiale), démographie (un terrien sur quatre en 2050, d’après l’ONU), classes moyennes (plus de 340 millions de personnes, selon la BAD), urbanisation (2/3 des Africains vivront en ville en 2050, d’après le PNUD), mobilité (750 millions d’abonnés aux services mobiles en 2020 selon GSMA), esprit d’entreprise (le Cameroun est en tête des pays où l’on crée le plus d’entreprises, d’après Global Entrepreneurship 2016), transformation locale des ressources naturelles (instaurée dans tous les plans d’émergence sur le continent), etc. Autant d’atouts qui font de l’Afrique un immense chantier à ciel ouvert pour les opérateurs n’ayant pas l’aversion au risque chevillée au corps. Le portrait-robot de l’investisseur européen type, révélé par les cabinets d’intelligence économique, présente un individu d’une cinquantaine d’années, ne souhaitant pas courir de risque. Pour lui, l’Afrique est encore perçue comme illisible, imprévisible, corrompue, pas sûre. Belle, attirante, mais sombre et dangereuse. Une aversion au risque qui le rend théoriquement inapte à y concourir face aux Américains et aux Asiatiques. « Lorsqu’une chose bonne a un inconvénient, il est ordinairement plus prudent d’enlever l’inconvénient plutôt que la chose elle-même », écrivait Montesquieu. Il en va ainsi aujourd’hui des marchés africains. ACCI, African Center for Competitive Intelligence et Cavie, Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique, regroupent les meilleurs experts en intelligence économique du continent africain. Ils ont mis sur pied une veille systématique des 12 secteurs les plus importants de l’économie africaine. Leur but est de permettre aux entreprises qui souhaitent investir en Afrique ou y trouver des partenaires commerciaux, de bâtir leurs stratégies et leurs plans d’affaires sur des analyses fiables et des données actualisées. L’antenne européenne d’ACCI (www.acci-europe.org) a développé un partenariat avec BECI pour informer les entreprises belges des atouts économiques du continent africain, mais surtout pour minimiser les risques d’un investissement dans ces pays. ● Guy Gweth animera une conférence le 30 mars chez BECI. Pour aller plus loin Les entreprises européennes vont-elles rater le virage africain ? Conférence par Guy Gweth, président d’ACCI Le 30 mars à 11h chez BECI, suivi d’un walking lunch. Info et inscriptions : JP. Mergen – Tél. 02 210 01 77 ; jpm@beci.be BECI - Bruxelles métropole - mars 2017 9 © R.A.

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