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ENTREPRENDRE STARTER Misao : une note poivrée Sandrine Vasselin met à l’honneur une épice encore méconnue mais qui mérite le détour : le poivre du Kivu. Dans le cadre d’un projet mené en collaboration avec l’association locale Cernadi Kivu. Guy Van den Noortgate S i elle est passionnée d’épices et de cuisine, Sandrine Vasselin n’est pas pour autant active dans les métiers de bouche ; elle travaille dans le secteur bancaire. C’est un peu le hasard qui l’a mise, ou plutôt remise, sur le chemin de cette épice. À l’instar de la madeleine de Proust, c’est lors d’une réunion de famille, en ouvrant une boîte de poivre, qu’elle a retrouvé les saveurs de l’enfance en Afrique d’où est originaire sa maman. Plus précisément du Kivu. Cette ancienne province située à l’est du Congo est aujourd’hui subdivisée en trois provinces : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et le Maniema. « Comme pour le café ou le cacao, il existe différentes variétés et qualités parmi les épices », explique Sandrine Vasselin. « On compte entre 20 et 30 poivres d’exception. Certains sont connus comme le poivre du Sichuan, le poivre sauvage de Madagascar (Voatsiperifery) ou encore le poivre de Kâmpôt. Le poivre du Kivu est un poivre sauvage qui dégage des arômes exceptionnels. » Avant de se lancer dans son entreprise, qui commence à tourner aujourd’hui avec une production estimée à une centaine de kilos pour le cru 2016, Sandrine Vasselin a d’abord fait goûter ce poivre à ses amis ainsi qu’à des grands chefs. Ces derniers, toujours à la recherche de produits de qualité, ont été rapidement séduits par les échantillons qu’elle leur a apportés. Dans la foulée, elle a glané le maximum d’informations auprès de spécialistes des épices auxquels elle a également présenté son produit. Même accueil positif. La demande existant, il fallait se tourner vers l’offre. « Or, c’est un poivre sauvage que les gens utilisent pour la consommation locale », poursuit Sandrine Vasselin. « Je me suis donc rendu dans la région où j’ai encore de la famille, afin de voir les possibilités d’exploitation de cette ressource naturelle. Je me suis appuyée sur une asbl locale, Cernadi, qui mène des projets éducatifs dans le Kivu. » Produit d’exception pour gastronomes Elle s’est rendue à de multiples reprises sur les lieux de cueillette au cœur de la forêt. « Ce sont des endroits difficiles d’accès qui nécessitent souvent plusieurs heures de marche depuis le village. En outre, la région n’est pas sûre », précise-t-elle. Le poivre cueilli se présente comme une baie rouge qu’il faut ensuite travailler, en la lavant et la séchant. Après la dessiccation qui diminue le poids du poivre d’une bonne 40 BECI - Bruxelles métropole - novembre 2016 moitié, celui-ci est prêt à être exporté en vrac via Goma, et ensuite Addis-Abeba par avion. « Tout ce qui concerne la production, le séchage et le traitement des baies a été mis au point avec l’ULB avec qui nous collaborons. Tous les procédés sont traditionnels. » Le poivre du Kivu est destiné aux gastronomes. C’est pourquoi on le retrouvera d’abord à la table des chefs étoilés ainsi que dans des épiceries fines et magasins bio. Dans ces derniers, il sera commercialisé sous la marque Misao. Dans un premier temps, Sandrine Vasselin a prospecté le marché belge, mais il est clair que le poivre de Kivu va conquérir d’autres palais que ceux du royaume. Tout en sachant que la production n’atteindra jamais, et c’est fort heureux, un niveau industriel. Tout au plus songe-t-elle déjà à planter d’ici trois ans une pépinière près des villages, facilitant ainsi le travail des collaborateurs locaux. Outre la qualité du produit, ce projet permet de valoriser une ressource locale et durable et d’apporter aux populations des revenus qui s’avèrent souvent plus rémunérateurs que ceux qu’ils peuvent retirer de l’exploitation minière. Des revenus qui seront, de plus, réinvestis localement au bénéfice de la population. Sans oublier les emplois qui découleront en Belgique de la distribution des produits Misao. ● Info : www.misao.be Invest in starters Bon plan : entrez dans la communauté des investisseurs pour soutenir les jeunes entreprises innovantes de Bruxelles ! • Vous participez au développement économique de Bruxelles • Vous diversifiez vos placements • Vous bénéficiez d’avantages fiscaux grâce au « tax shelter » pour startups Une seule adresse : starters@beci.be

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